La Nation Bénin...

Lutte contre les insectes ravageurs: Dr Lydia Hangnilo propose une alternative

Environnement

Il est possible de contrôler les dégâts causés par les insectes aux cultures et aux stocks de légumineuses sans utiliser de pesticides chimiques. C'est ce qu'a démontré Dr Lydia Hangnilo dans ses travaux de recherche sur la bio-efficacité de trois espèces végétales dans le contrôle de Callosobruchus maculatus, un ravageur qui  déprécie les graines de niébé, une importante source de protéines végétales
 

Par   Fulbert Adjimehossou, le 03 mai 2023 à 08h41 Durée 2 min.

Lorsque les bruches (C. maculatus) envahissent les champs de niébé, les producteurs n’ont que leurs yeux pour pleurer. Certains ont parfois recours à des produits chimiques de synthèse, toxiques et polluants. Mais pour la chercheuse, qui a soutenu sa thèse de doctorat en Entomologie appliquée le 22 mars 2023 à l’Université d’Abomey-Calavi, il est possible de maitriser ces insectes en utilisant nos plantes locales, surtout trois espèces végétales. Il s'agit de Momordica charantia (Gninsinkin en fongbé), Cnidoscolus aconitifolius (arbre à épinard) et Chromoleana odorata (Agatounman en fongbé). Différentes formulations : poudres et extraits éthanoliques des trois plantes utilisées à diverses doses, réduisent de façon significative les paramètres biologiques du ravageur en conditions de stockage et présentent des effets insecticides et insectifuges vis-à-vis de ces insectes, confie la chercheuse. Sa thèse de doctorat est intitulée « Bio-efficacité de trois espèces végétales dans le contrôle de C. maculatus (Coleoptera: Chrysomelidae) et impact des traitements sur la qualité organoleptique et nutritionnelle du niébé au Bénin ». Les travaux de recherche, menés sous l’égide du Professeur Elisabeth Zannou, ont permis d’évaluer les effets biocides et insectifuges des poudres et extraits éthanoliques des feuilles de ces trois espèces végétales sur les paramètres biologiques du ravageur en conditions de stockage. Des tests de toxicité aiguë de ces extraits ont été réalisés sur des rats de laboratoire, et l'impact des traitements phytosanitaires sur la qualité nutritionnelle des graines de niébé et la capacité germinative des graines traitées et stockées a été également étudié.
Comme acquis de ces travaux de recherche, la chercheuse confirme que les différents signes cliniques observés chez les rats d’expérimentation après l'administration des extraits testés, n'ont pas entraîné leur mortalité. Aussi, la qualité organoleptique et nutritionnelle étudiée suivant la procédure d'évaluation sensorielle, à l'exception de l'acidité, les beignets à base des graines de niébé conservées avec les extraits de C. odorata, M. charantia et la poudre de C. aconitifolius est presque la même que celle obtenue avec les graines de niébé non traitées. « Ces résultats obtenus démontrent ainsi la potentialité des extraits de plante testés pour réduire les dégâts du ravageur dans de graines de niébé et les résultats des tests de toxicité permettent de dire qu’avec les doses d’extraits utilisés, les trois plantes testées ne présenteraient aucun effet néfaste sur la santé humaine », précise Lydia Hangnilo. Il serait donc possible d’envisager leur utilisation pour la conservation du niébé stocké au Bénin, un pays où la production nationale de la culture est passée de
62 932 tonnes en 1996 à 134 940 tonnes en 2021, soit le double. Cette jeune femme docteur vient par ses recherches, prouver une nouvelle forme d’application de l’entomologie pour la sécurité alimentaire au Bénin.