La Nation Bénin...
La problématique du droit à l’information face aux impératifs sécuritaires suscite des incompréhensions entre les professionnels des médias et les forces de défense et de sécurité, mais aussi avec les pouvoirs politiques. Le Civic Academy for Africa's Future (CiAAF), dans le cadre de la Journée mondiale de la liberté de la presse a ouvert le débat, à travers un mini-colloque régional, samedi 6 mai à Cotonou.
Face au droit du citoyen à l’information qui relève de son devoir professionnel et aux impératifs sécuritaires auxquels il est appelé à prêter attention, au péril de sa vie, quelle attitude devrait adopter le journaliste dans le cadre du terrorisme ? Pour poser le débat sur la pratique au Bénin et dans la sous-région notamment au Niger et au Burkina Faso, le Civic Academy for Africa's Future (CiAAF) a organisé un mini-colloque à Cotonou, qui a réuni en présentiel et en ligne, un parterre de professionnels des médias, de chercheurs, et de hauts gradés des forces armées béninoises.
Pour introduire les discussions, Sadibou Marong, directeur Afrique de l’ouest de Reporters sans frontières, a peint la situation actuelle des journalistes qui sont censés exercer leur métier, en dépit des champs de théâtre du terrorisme, dans nombre de pays de l’Afrique de l’Ouest et au Sahel. De sa conférence inaugurale sur le thème : ‘’Les médias et le terrorisme en Afrique de l’Ouest et au Sahel’’, l’on retient que la situation des journalistes s’est détériorée de façon significative dans ces régions. « Les groupes armés contrôlent des territoires de plus en plus importants. La sécurité des journalistes est compromise. Des informations collectées au Mali, au Niger, au Bénin, au Togo, au Burkina Faso, du point de vue traitement de l’information, il faut être prudent. Il faudra aussi améliorer la protection des journalistes dans ces zones », a relevé Sadibou Marong.
Des échanges sur le droit du citoyen à l’information face aux impératifs sécuritaires, qui ont impliqué la lecture du commandant Ebénézer Honfoga, chef bureau information et relations publiques de l’armée béninoise, et du Gl Etienne Adossou, ancien chef d’état-major des forces armées béninoises, il ressort que le journaliste devra faire davantage preuve de prudence en termes de contenu de ses informations pour ne pas servir de vecteur à l’apologie du terrorisme, mais surtout qu’il faudrait une synergie d’actions entre les médias et les forces de défense et de sécurité. « La symbiose est nécessaire entre les forces militaire et civile », a indiqué Ebénézer Honfoga. Mais les journalistes ont insisté sur la liberté de la presse et leur sécurité dans la collecte et le traitement de l’information relative aux zones enclines aux menaces terroristes. « Quand un journaliste veut aller sur le terrain, qu’il nous informe. Ils ont droit à une accréditation et à une protection », assure le commandant Ebénézer Honfoga. Si au Bénin les journalistes qui ont essayé l’aventure ont connu des fortunes diverses, la situation est bien pire ailleurs notamment à la lumière des exposés sur le Niger et le Bukina Faso, respectivement présentés par Dr Sosthène Tobada de l’univesité André Salifou de Zinder et Dr Lucien Batcho de l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. Le Gl Etienne Adossou va appeler à un engagement commun entre professionnels des médias et forces armées, pour la sauvegarde des valeurs dans un monde conflictuel.