Promotion artistique: Les enjeux du Quartier culturel créatif de Cotonou

Le complexe est annoncé pour être à la taille des défis du secteur. Face à la problématique de plus en plus transversale du développement culturel du Bénin, l’Etat veut réaliser à Cotonou un «Quartier culturel créatif.» C’est un vaste domaine qui englobe l’ancien périmètre de l’Ocbn avec une large extension, en plein cœur de la capitale économique. Autrement dit, le site se situe entre la Cité des Affaires maritimes et le Centre commercial et administratif de Ganhi, le Boulevard de la Marina et le quartier populaire de Zongo. En même temps que la superstructure est en pleine mutation, le gouvernement compte mettre les infrastructures au pas. Selon le dossier Esquisse qui présente l’ambitieux projet, on note que les concepteurs fondent leur engagement sur les grandes avancées culturelles enregistrées dans des pays qui ont réussi ce pari. Et pour cause, les établissements culturels structurants occupent une place centrale dans les stratégies de marketing territorial et constituent « des projets culturels amiraux » appelés « Flag ships ». Ceux-ci permettent de mettre en scène le capital symbolique des villes, d’ajouter du contenu à la destination touristique, de stimuler l’écosystème des Industries culturelles et créatives, vecteurs de puissance économique, de rayonnement à l’international et de compétitivité en assurant la promotion d’une économie créative. En plus donc de son caractère économique, la ville de Cotonou sera « consacrée en capitale culturelle, épicentre de l’art et des industries culturelles et créatives en Afrique de l’Ouest, connectée aux grands pôles artistiques internationaux». Le Qcc sera donc un point de convergence d’espaces dédiés à l’innovation, la création, la diffusion, la consommation culturelle, la commercialisation de biens culturels et artistiques assemblant plusieurs équipements et activités interconnectés.

Tous les compartiments ayant trait au tourisme et à la culture y seront représentés. Sans surprise, on y retrouvera donc un musée d’art dénommé le Macc (Musée d’art contemporain de Cotonou). Le site vise à accueillir une exposition permanente d’Art contemporain du Bénin, de l’Afrique et du Monde, un espace d’exposition temporaire, un « artist project space », des espaces de vie, de diffusion, de recherche, une médiathèque, une librairie spécialisée sur l’Art contemporain, un espace de restauration, des services administratifs et techniques. A côté de tout ceci, sera érigé un District des galeries d’art contemporain. Le complexe abritera « l’institut franco-béninois, dénommé Joséphine Baker », qui sera un équipement culturel complet, pluridisciplinaire stratégiquement situé, offrant toutes les fonctionnalités (salle de spectacle, salle d’exposition, médiathèque, fab lab et tiers lieu, café-restaurant, salles de cours pour l’enseignement du français.) 

Autre coin important, le  «Village artisanal de Cotonou», qui sera fait de galeries – kiosques, rassemblant artisans et marchands de la filière artisanat et artisanat d’art. «Le jardin de sculptures et les kiosques à musique», une oasis d’espace vert consacrée à l’exposition en plein air. La « villa Césaire », qui est décrite comme un écosystème de résidences d’artistes ; un lieu d’accueil en résidence de création d’artistes et de chercheurs pluridisciplinaires pensionnaires (Arts visuels, Design, Littérature, Architecture, Théâtre, Musique, Danse...) orienté vers la coopération artistique internationale et la Francophonie. Il s’y trouvera également une grande enceinte dénommée « l’Aréna». Elle sera couverte et peut accueillir des spectacles, des concerts ou des évènements sportifs : cette plateforme multifonctionnelle sera une installation sportive de classe mondiale pouvant accueillir différents types d’événements sportifs (basketball, tennis, volley-ball, handball, boxe), des concerts, des congrès, des événements de divertissement, des festivals. D’autres coins stratégiques sont également prévus. Il y a par exemple, le Pôle de loisirs ; le Pôle bureaux et espaces de co-working (où l’on retrouve des cabinets d’architectes, des agences de communication, de graphistes, de production audiovisuelle) ; le Pôle formation & création (un studio de production virtuelle qui est un espace de production qui utilise des technologies de pointe telles que la réalité virtuelle et la capture de mouvement pour créer des environnements virtuels pour des productions de films, de séries télévisées, de publicités, de jeux vidéo et d’autres projets de contenu). Les restaurants; le Food court ; le Pôle boutiques – Showrooms & Concept stores, sont également prévus. Enfin, dans le cadre du projet, il est décidé de l’usage des wagons de l’ancienne gare ferroviaire présents sur le site. Trois fonctions principales ont été retenues pour ces wagons désormais destinés à une seconde vie comme espaces culturels et de loisirs (Rafraîchissements /restauration: le Juice bar, Lecture: les trains bibliothèques, et Initiation à l’art: pour des ateliers artistiques). 

Prévu pour être érigé sur une superficie de 12 hectares 53 ares 11 centiares, le Quartier culturel et créatif de Cotonou coûtera globalement 120 millions d’euros, soit environ 30 milliards de francs Cfa. 14 grands bâtiments ou entités s’y retrouvent. Les plus imposants sont entre autres, l’Aréna qui sera configurée pour abriter 7000 places afin de pouvoir contenir et desservir sans difficulté, le musée où l’on fera aussi bien le sport que les concerts et des spectacles; Le pôle loisirs proposera trois salles de 300, 200 et 50 places pouvant accueillir des projections de films et des performances de spectacles vivants pouvant permettre la projection de films d’auteurs et de cinéma généraliste à travers une programmation mélangeant les genres et les publics. Avec au total 12 maquis, un espace de restauration de 400 places et une zone de service, le Food Court, placé dans un endroit privilégié du Qcc se veut un endroit accessible et ouvert à tous les visiteurs. 

Cet ensemble d’infrastructures relève du segment d’activités des industries culturelles et créatives. Selon le Dossier Esquisse, la phase programmation du Quartier culturel et créatif de Cotonou s’attache à définir les fonctionnalités des bâtisses, les besoins et à énoncer les caractéristiques précises des édifices qui seront à concevoir et à réaliser pour une exploitation à visée culturelle. Aussi, la maîtrise d’ouvrage du projet sera conduite conjointement par le ministère du Cadre de vie et du Développement durable (Mcdvdd) et le ministère du Tourisme de la Culture et des Arts (Mtca). Ce dernier en est le chef de file sectoriel. Le projet est prévu pour être achevé en 2025 ¦