La Nation Bénin...
Le
secteur privé a une partition non négligeable à jouer dans le développement
local. Pour ce faire, les administrations communales doivent davantage tenir
compte du secteur privé dans les prises de décision et l’associer à la
mobilisation des ressources. Ce qui n’est pas le cas actuellement.
«
Ce salon se positionne comme une réponse à la question de visibilité des
initiatives locales et des opportunités prometteuses pour les investisseurs,
les grands entrepreneurs et les structures de financement. Son objectif est d’amener les communes à
créer un espace d'échanges et de communication à travers lequel elles pourront
mieux «vendre » aux investisseurs, aux structures financières (banques et
autres), aux partenaires au développement et aux entrepreneurs, les
potentialités et les opportunités d’affaires qu’offrent leurs territoires », a
déclaré Martin Vihoutou Assogba, président de l’Ong Alcrer, à propos des ambitions
du Salon des investissements privés dans les communes (Sic). Lequel salon s’est
déroulé les 12 et 13 septembre derniers.
En
clair, cette activité vise à promouvoir l’attractivité des territoires pour des
investissements en faveur de l’économie locale en mettant en exergue les
projets prometteurs et les opportunités d’affaires. Pour cette première
édition, 13 communes sont concernées. Il s’agit de Sèmè-Kpodji, Abomey-Calavi,
Porto-Novo, Zè, So-Ava, Aguégués, Bonou, Ouidah, Lokossa, Adjohoun, Toucoutouna,
Avrankou et Dangbo.
De
manière spécifique, cette initiative vise à faciliter les échanges entre les
communes, les entrepreneurs, les structures de financement et les
investisseurs, en vue de favoriser les partenariats et opportunités
d'investissement ; et créer un espace de rencontres propice à l'établissement
de partenariats stratégiques entre les acteurs publics et privés. Le Sic
ambitionne aussi d’offrir aux participants un cadre d’affaires et de réseautage
en vue de l’établissement d’accords de partenariats techniques, financiers
et/ou commerciaux, de faire la promotion des projets communaux développables en
Ppp et d’offrir aux participants, un aperçu des projets d'investissement urbain
et rural dans les communes.
Le
Sic, porté par le Programme de participation citoyenne aux Politiques publiques
au Bénin pour le Développement économique local (PartiCiP-Del) et le Projet
Réforme des finances publiques pour l’atteinte des Odd et le renforcement de la
mobilisation des recettes de l’Etat (ReForme) de la Giz, s’inscrit dans la
vision du gouvernement béninois exprimée dans la Ponadec 2024-2033, qui est de
faire la promotion du développement territorial durable au niveau local,
favorisant une transformation structurelle de l’économie locale inclusive, créatrice
d’emplois et résiliente aux changements climatiques. Ce rendez-vous historique
a révélé les communes participantes, créé un espace B to B entre elles et les
investisseurs et boosté par ricochet leur potentiel économique. L’événement
visait à rassembler des acteurs clés du développement territorial, des
investisseurs nationaux et internationaux, des structures de financement, des
entrepreneurs de chaque commune au sein d’une plateforme dynamique pour
échanger des idées, explorer des opportunités, et établir des collaborations
fructueuses.
La bonne gouvernance joue un rôle capital dans l’élan de développement des collectivités territoriales. Mais elle n’est pas toujours au rendez-vous. Selon les constats faits par le programme Particip au Del, les communes ont une forte dépendance à l’égard des subventions du gouvernement et de leurs partenaires internationaux. Il est aussi relevé leur faible implication dans la création de richesse à travers la valorisation des potentialités économiques.
De manière concrète, 83 % des mairies ne disposent pas d’études sur les potentialités économiques de leurs territoires. 85 % des administrations communales et municipales n’ont pas une connaissance réelle de l’estimation de la valeur de l’activité économique de leurs territoires. Aussi, 65 % des communes n’ont pas fait l’inventaire des opérateurs économiques installés sur leur territoire. En matière de transparence et de lutte contre la corruption, 20 dossiers de corruption ont été identifiés. Sur cet effectif, 10 sont en instruction à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), avec deux arrestations.
La
bonne gouvernance des communes avec pour fondement une meilleure collaboration
avec le secteur privé ne peut que profiter à l’essor des territoires. « Il ne
faut pas sous-estimer la grande importance des Petites et moyennes entreprises
(Pme) dans le développement économique inclusif. Dans mon pays, les Pme ont
joué, et jouent encore un rôle crucial dans le développement du pays, aussi
bien au niveau national qu’au niveau local », a indiqué Joris Jurriens,
ambassadeur des Pays-Bas près le Bénin. Selon lui, il revient aux communes de
mettre en place des cadres de partenariats adéquats pour pouvoir obtenir
l’implication du secteur privé. Cela revient à prendre des initiatives visant
la promotion des atouts et opportunités d'investissements dans chaque commune
du Bénin.
L’implication du secteur privé dans le développement local devrait se faire à l’image de ce que s’emploie à mettre en œuvre l’Exécutif au plan national. Pour le gouvernement, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le secteur privé est le fer de lance du développement. Dans cette logique, des actions intensives sont menées pour améliorer le climat des affaires.
La
révision de la loi sur les marchés publics, en l’occurrence le Code des marchés
publics et ses décrets d’application, a permis d’asseoir la stabilité
juridique. Il y est inséré de nouvelles dispositions visant la célérité et la
simplification des procédures. Les dispositions visant la professionnalisation
des acteurs de la chaîne de passation des marchés publics, inscrites dans ces
nouveaux textes, sont tout aussi déterminantes. La réduction des délais légaux
de traitement de certaines opérations et le renforcement du régime des
sanctions, favorables à une saine émulation de la concurrence, intègrent
lesdites réformes.
L’Etat
s’est aussi attelé à favoriser les conditions d’implication du secteur privé
dans le développement des communes. Ainsi, la loi sur le Partenariat
public-privé (Ppp) reflète la ferme détermination du gouvernement à promouvoir
un développement inclusif et durable. Elle offre à nos communes une plateforme
plus claire, plus juste, et plus dynamique pour attirer et sécuriser des
investissements privés. « La nouvelle loi apporte de la clarté là où il y avait
de la confusion. Nous avons modifié ou supprimé certaines définitions, en
accord avec la directive Uemoa. Désormais, tout est plus limpide, et surtout,
plus adapté aux réalités locales et régionales. Nous avons également clarifié
le champ d’application des Ppp. Alors que l’ancienne loi de 2016 ne précisait
pas toujours les limites des formes de partenariat, la nouvelle loi distingue
clairement entre le Ppp à paiement public et le Ppp à paiement par les usagers.
Cette précision n’est pas un simple ajustement technique ; elle offre aux
autorités locales et aux investisseurs des règles du jeu claires et équitables
», fait savoir Eric Akouté, directeur des Études à l'Agence de promotion des
investissements et des exportations (Apiex). Selon lui, l’une des grandes
avancées de cette réforme est la catégorisation des procédures. L'ancienne loi
imposait une uniformité souvent contre-productive. « Désormais, en plus des
procédures de droit commun, nous introduisons des procédures dérogatoires et
simplifiées qui répondent mieux aux besoins spécifiques des différentes
communes et des types d’opérations. Aujourd’hui, les décisions ne sont plus
concentrées seulement au niveau central. Le Conseil communal est désormais
l’organe clé qui approuve les contrats. Cela donne aux communes plus de
pouvoir, plus de responsabilité et surtout, plus de flexibilité pour négocier
et adapter les Ppp à leurs réalités locales », a-t-il ajouté.