La Nation Bénin...
Dr
Souleymane Diarra, directeur de la Stratégie et de l’Evaluation à la Commission
de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), nous parle dans cet
entretien de la résilience de l’Union face aux crises économiques et
géopolitiques depuis sa création, il y a 30 ans.
Dr Souleymane Diarra : Depuis sa création en 1994, l’Uemoa a traversé trois grandes phases. Entre 1994 et 2000, nous avons vécu une période que nous appelons « l’âge du non », où la Commission et d’autres Organes ont cherché leur autonomie et se sont émancipés. Ensuite, la période de 2001 à 2011, que l’on qualifie d' « âge d’or », a été marquée par des avancées significatives dans le progrès vers l’intégration sous régionale. Depuis 2012, nous sommes dans ce que j’appellerais « l’âge de la résilience», car l’Union a su maintenir une certaine stabilité, malgré les nombreux chocs exogènes comme la crise sécuritaire, la pandémie de Covid-19 ou encore la crise russo-ukrainienne, qui affectent les économies de la zone.
La résilience de l’Uemoa s’est traduite par une capacité à maintenir des taux de croissance solides malgré les crises. Entre 2012 et 2022, la croissance moyenne dans l’Union s’est établie à 5,75 %, bien au-dessus des 3,26 % enregistrés en Afrique subsaharienne. Même dans des pays touchés par l’insécurité, comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger, la croissance est restée positive, preuve que nos économies savent absorber les chocs et se rétablir rapidement.
L’Uemoa a réussi à maîtriser l’inflation grâce à la relative stabilité de notre monnaie, le franc Cfa. En 2022, notre inflation moyenne était de 7,4 %, bien inférieure à celle de pays voisins comme le Ghana qui a enregistré 31,25 % ou le Nigeria avec 18,84 %. Même si l’inflation a augmenté en raison des crises mondiales, elle reste sous contrôle dans notre Union. Sur la période 2012-2022, l’inflation moyenne annuelle était de 1,8 % dans la Zone Uemoa contre 9,21 % en Afrique subsaharienne.