La Nation Bénin...
Une
récente publication du Fonds monétaire international sur la politique
budgétaire appelle à un rééquilibrage progressif des finances publiques. Une
exigence difficile dans un environnement régional miné par l’instabilité, la
baisse de l’aide internationale et la pression croissante des dépenses sociales
et sécuritaires.
Alors
que les grandes économies revoient leurs stratégies face à la montée des
incertitudes mondiales, plusieurs pays en Afrique font face à un dilemme
budgétaire de plus en plus pressant. Comment tenir leurs engagements sociaux et
sécuritaires, tout en contenant une dette publique qui ne cesse de gonfler ? La
dernière publication du Fonds monétaire international (Fmi) sur la politique
budgétaire dénommée “Moniteur des finances publiques” en contexte incertain
jette une lumière sur les défis qui attendent les pays africains, dont
plusieurs en Afrique de l’ouest. Alors que la croissance mondiale ralentit, que
les tensions commerciales se multiplient et que les marchés financiers
deviennent de plus en plus volatils, les marges de manœuvre budgétaires de ces
pays s’amenuisent. Selon le Fmi, plus d’un tiers des pays dans le monde verront
leur dette publique augmenter en 2025, avec une progression qui pourrait
atteindre 2,8 points de Pib en moyenne. Dans cette dynamique, les finances
publiques de certains pays de la sous-région, déjà affaiblies par la pandémie
de Covid-19, les chocs climatiques et les conflits sécuritaires, doivent
désormais intégrer de nouvelles pressions dont le repli de l’aide extérieure,
la hausse des dépenses militaires, la flambée des taux d’intérêt et les
incertitudes liées à la fiscalité internationale. Les États ouest-africains
sont confrontés à une équation budgétaire particulièrement complexe. D’un côté,
ils doivent répondre à une demande sociale croissante avec les subventions aux
produits de base, l’investissement dans les infrastructures, l’amélioration des
services de santé et d’éducation.
De
l’autre, ils sont tenus de contenir leur endettement pour ne pas compromettre
leur solvabilité. Dans plusieurs pays de la Cedeao, les dépenses de sécurité
représentent désormais plus de 10 % des budgets nationaux, en raison de
l’insécurité persistante au Sahel et dans le golfe de Guinée. Le Fmi alerte sur
le risque de déséquilibres croissants si ces dépenses ne sont pas
rigoureusement encadrées. Il appelle les gouvernements à renforcer la
discipline budgétaire, à améliorer l’efficacité de la dépense publique et à
élaborer des cadres de moyen terme clairs et crédibles.
L’institution de Bretton Woods met également l’accent sur la nécessité de réformes structurelles en matière fiscale en promouvant l’élargissement de l’assiette, la réduction des exonérations injustifiées, la digitalisation de l’administration fiscale. Dans les pays comme le Bénin, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, des efforts sont déjà visibles. Mais les résistances sociales, souvent nourries par un déficit de confiance, freinent la mise en œuvre de mesures impopulaires comme la rationalisation des subventions énergétiques ou la réforme des retraites. Le Fmi recommande un dialogue ouvert pour favoriser l’acceptabilité des réformes. La transparence budgétaire, les mécanismes de compensation sociale et une communication stratégique sont essentiels pour maintenir l’adhésion populaire. Face à la contraction de l’aide internationale, la coopération régionale devient un levier indispensable. Le Fmi appelle à la mutualisation de certaines dépenses, à la coordination des politiques fiscales entre États membres de l’Uemoa et à un recours accru aux financements concessionnels régionaux. Les institutions régionales comme la Bceao et la Boad peuvent jouer un rôle clé dans la stabilisation financière et le soutien à l’investissement public, notamment dans les secteurs stratégiques que sont l’agriculture, l’énergie et le numérique. La tempête budgétaire mondiale est palpable et n’épargne pas l’Afrique de l’ouest. Pour y faire face, les États de la région devront donc conjuguer rigueur, innovation et solidarité. La soutenabilité de la dette, la transparence dans la gestion publique et la capacité à mobiliser des ressources internes seront les piliers de leur résilience. Comme le rappelle le Fmi, « la discipline budgétaire doit être maintenue à tout prix, sous peine de voir la politique budgétaire devenir une source de turbulences plutôt que de stabilité ».