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Finances publiques: Un déficit budgétaire sous contrôle malgré les investissements

Economie
Source : DGE-DGB, mars 2025, LF : Loi de Finances, PLF : Projet de Loi de Finances Source : DGE-DGB, mars 2025, LF : Loi de Finances, PLF : Projet de Loi de Finances

Le déficit budgétaire du Bénin devrait continuer à se réduire en proportion du produit intérieur brut au cours des prochaines années. Il devrait passer de 2,9 % du Pib en 2025 à 2,6 % en 2028, malgré une progression soutenue des dépenses publiques, d’après les projections du Dpbep.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 29 juil. 2025 à 08h59 Durée 2 min.
#Finances publiques

La trajectoire financière du Bénin sur la période 2026 à 2028 suivrait une logique de consolidation budgétaire maîtrisée. Selon les projections du Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle 2026–2028 (Dpbep, Mef, mai 2025), le déficit budgétaire global passerait de 419,9 milliards à 482,2 milliards de francs Cfa sur la période. Mais rapporté à la richesse nationale, il s’inscrit sur une pente descendante : 2,7 % du produit intérieur brut (Pib) en 2026, puis 2,6 % en 2028.

Le maintien de l’équilibre relatif serait rendu possible par une politique budgétaire centrée sur l’optimisation des dépenses et la montée en flèche des recettes intérieures. Les ressources issues des opérations budgétaires devraient croître de 12,8 % en 2026 pour atteindre 2 669,5 milliards de francs Cfa. Cette dynamique se poursuivrait avec une progression annuelle moyenne de 12,3 %, portant les ressources totales à 3 351,6 milliards en 2028, selon les projections des directions générales de l’Economie et du Budget.

En ce qui concerne les charges des opérations budgétaires, une augmentation de 11,2 % est prévue en 2026, suivie d’une progression moyenne annuelle de 11,3 % jusqu’en 2028. Les dépenses atteindraient ainsi 3 833,8 milliards à cette échéance. En lien avec les ambitions du gouvernement, les dépenses en capital qui constituent un levier clé des investissements publics, continueraient d’augmenter, passant de 1 219,7 milliards à 1 555,9 milliards sur la période, en raison notamment des grands chantiers d’infrastructures.

Fruit des réformes

L’Etat table également sur une meilleure mobilisation des ressources internes et la poursuite des réformes structurelles. En 2024, les régies financières ont collecté un total de 1 895,6 milliards F Cfa, soit 14,6 % du produit intérieur brut. Ce niveau marque une hausse remarquable de 26,5 % par rapport à 2021.

Ce résultat découle des réformes entreprises dans les administrations des impôts, de la douane et du trésor. La direction générale des Impôts (Dgi) a mobilisé à elle seule 1 140,7 milliards en 2024, soit une hausse de 28 % par rapport à 2022.

Cette progression s’explique par plusieurs mesures. Entre autres, le paiement de la taxe sur les véhicules à moteur (Tvm) est devenu une condition préalable à la visite technique et à l’assurance automobile. Les grandes plateformes numériques comme Facebook et Google ont été intégrées au circuit fiscal. Des téléprocédures ont été déployées dans les centres des impôts pour petites entreprises. Les exonérations liées au versement patronal sur salaires ont été rationalisées et un prélèvement de 5 % a été instauré sur les transactions effectuées par les personnes physiques sur la plateforme e-Mecef.

Priorités nationales

L’efficacité est aussi renforcée au niveau de la Douane et du Trésor. Les recettes douanières ont suivi une tendance haussière. En 2024, elles se sont établies à 581,6 milliards F Cfa, en hausse de 35,3 % par rapport à 2022. Cette performance repose sur la généralisation de l’application de la valeur transactionnelle, le renforcement des contrôles, la digitalisation des procédures et un suivi ciblé des principaux produits générateurs de recettes.

Les recettes non fiscales, pour leur part, ont atteint 173,9 milliards en 2024. Ces montants proviennent essentiellement du Trésor grâce à une meilleure identification des recettes hors budget, à leur reversement dans le circuit budgétaire et à la modernisation des mécanismes de collecte.

La politique budgétaire du Bénin entre 2026 et 2028 met l’accent non seulement sur une mobilisation accrue des recettes intérieures, mais aussi un ciblage rigoureux des dépenses publiques et une amélioration continue de leur efficacité. L’objectif est de créer l’espace budgétaire nécessaire pour répondre aux défis économiques, sociaux et sécuritaires du pays, tout en préservant la viabilité de la dette.

La rationalisation des dépenses de fonctionnement restera une priorité afin de préserver les marges de manœuvre pour les investissements publics. Des ressources spécifiques seront orientées vers l’organisation des élections générales de 2026, la transition institutionnelle vers le nouveau quinquennat, la consolidation de la stratégie sécuritaire, ainsi que l’intégration des cibles des Objectifs de développement durable (Odd) et la mise en œuvre de la vision Bénin 2060.