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Production animale: L’aviculture moderne à la traîne

Economie
L'essor espéré de l'aviculture moderne tarde à se réaliser L'essor espéré de l'aviculture moderne tarde à se réaliser

Avec un cheptel estimé à 1,2 million de têtes et 1 835 tonnes de viande produites en 2023, l’aviculture moderne ne connaît pas encore l’essor espéré pour inverser la tendance des importations massives de volailles surgelées.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 24 avr. 2024 à 01h54 Durée 3 min.
#aviculture moderne #Bénin

A huit mois de l’entrée en vigueur de l’interdiction annoncée de toute importation de volailles surgelées au Bénin, la production de la volaille moderne peine à prendre. Sur un cheptel de 17,6 millions de têtes enregistrées en 2023, elle ne compte que 1,2 million dont 1 million de poules pondeuses et seulement 139 000 poulets chair.

En revanche, la volaille traditionnelle reste dominante avec un cheptel estimé à plus de 16,4 millions de têtes, enregistrant une hausse de la production annuelle de 7,5 %. La production est dominée par les poulets locaux avec 13,3 millions de têtes contre 3,1 millions pour les autres volailles (pintades, pigeons) dont le cheptel a rebondi après avoir chuté de 2,8 millions en 2021 à 2 millions en 2022.

Certes, la production de la volaille moderne a connu un accroissement de 15 % par rapport à 2022, mais elle est encore loin de combler les attentes. La quantité de viande de la volaille moderne produite est chiffrée à 1 835 tonnes en 2023 sur 9 859 tonnes de viande de volailles produites au total. Elle ne représente que 1,7 % de la production totale de viandes évaluée à 108 034 tonnes en 2023 contre 97 289 tonnes en 2022. La quantité de viande provenant de la volaille moderne croît timidement depuis 2020, après la chute de 1259 tonnes en 2018 à 604 tonnes en 2019. En revanche, la production des œufs de table de la volaille moderne est en hausse constante, passant de 15 120 tonnes en 2022 à 17 388 tonnes sur un total de 20 017 tonnes d’œufs produits en 2023.

Dans un contexte où la production nationale de viande couvre en moyenne 42,2 % des besoins de consommation de 2017 à 2022, selon les données de l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad), il importe de redoubler d’ardeur pour éviter une pénurie qui entraînerait une flambée des prix des produits carnés.

 Défis de compétitivité

 Dans sa stratégie d’autosuffisance alimentaire Compact Bénin pour l’alimentation et l’agriculture (2023) épaulée par l’Union africaine, le Bénin compte atteindre en 2026 une production supplémentaire de 150 000 tonnes de viande, toutes espèces confondues. En ce qui concerne la filière avicole, une dynamique est lancée depuis 2007 suite aux deux grandes crises qui ont secoué le secteur en 2003 et 2006. Mais il reste à intensifier la transformation et l’amélioration de la rentabilité et de la compétitivité du secteur.

Pour l’Interprofession de l’aviculture du Bénin (Iab) et les autres acteurs, l’enjeu est d’accroître la production pour combler le déficit national et prendre une part des réexportations vers les pays de la sous-région, particulièrement le Nigeria, avec comme challenge d’augmenter également la quantité d’œufs produits. La bataille pour une inversion de la courbe d’importation des viandes congelées en faveur de la production nationale passe par le renforcement des capacités en termes d’amélioration de la qualité des ressources humaines, le développement de services économiques aux professionnels des différentes chaînes de valeur.

La promotion de l’entreprenariat avicole à travers l’appui aux regroupements (coopératives, petites et moyennes entreprises), la mise en place d’un centre de services d’intérêts communs en vue de résoudre les problèmes de disponibilité en quantité et en qualité à prix raisonnables des matières premières et autres intrants et équipements et matériels avicoles et de distribution des produits avicoles. Outre l’accès aux financements adaptés à leur activité, l’accent devra être mis sur la mise à disposition des éleveurs des poussins d’un jour, des aliments pour poulet, pintade, dinde et autre bétail, d’intrants vétérinaires (médicaments contre les épizooties) et l’offre de services zootechniques et vétérinaires de qualité à des prix abordables.