La Nation Bénin...
Le
projet de budget 2025 accorde une attention particulière à l’agriculture,
l’élevage et la pêche, avec des investissements ciblés pour améliorer la
productivité, moderniser les infrastructures et soutenir les producteurs. Il
traduit les aspirations de la société civile et des acteurs sectoriels.
Si
le projet de budget 2025 est voté en l’état, près de 147 milliards F Cfa contre
117,3 milliards en 2024 seront consacrés au développement de l’agriculture, de
l’élevage et de la pêche, l’année prochaine. L’augmentation substantielle de 25
% des crédits défendue par le ministre Gaston Dossouhoui devant l’Assemblée
nationale traduit une volonté affirmée de répondre aux aspirations des
organisations de la société civile (Osc) et des acteurs du secteur. Ces efforts
se concentrent notamment sur le soutien aux petits producteurs, le
développement des infrastructures, la résilience face aux changements
climatiques et la sécurité alimentaire.
L’accès
aux intrants de qualité occupe une place de choix dans ce budget. Une enveloppe
de 2 milliards F Cfa a été dédiée à la distribution de semences certifiées de
maïs, riz, légumes et manioc. Ces semences seront accessibles à des prix
subventionnés, avec une prise en charge de 60 % pour le maïs et le riz, et de
100 % pour les boutures de manioc et les semences maraîchères, précise la Note
d’information sur la prise en compte des aspirations, préoccupations et
requêtes prioritaires de la société civile au titre du projet de loi de
finances, gestion 2025 (Dgb, octobre 2024). Cette mesure vise à doubler la
couverture nationale en semences certifiées, en passant de moins de 20 % à au
moins 40 %.
Pour soutenir cette dynamique, l’Etat a créé la Société béninoise de développement des semences et plants (Sodésep), qui sera pleinement opérationnelle en 2025. En outre, des semences adaptées aux changements climatiques seront distribuées pour accroître la résilience des producteurs face aux aléas climatiques, particulièrement dans les zones vulnérables. Ces projets complètent les efforts en faveur de la nutrition, notamment à travers le Programme national d’alimentation scolaire intégré (Pnasi) qui combine agriculture locale et nutrition pour améliorer la sécurité alimentaire tout en maintenant les enfants à l’école.
Focus
sur les infrastructures
Les infrastructures agricoles sont également au cœur du budget. Le Projet d’aménagement hydro-agricole et d’adaptation aux changements climatiques dans la Basse Vallée du Mono (Pahac-Bvm) reçoit une enveloppe de 1,5 milliard F Cfa pour 2025. Ce projet vise à accroître les surfaces irriguées et à renforcer la gestion de l’eau dans la région, un enjeu crucial pour lutter contre les effets du changement climatique. Un autre projet, le Projet d’appui au développement du maraîchage (Padmar), dispose d’un financement de 3,7 milliards F Cfa pour encourager la culture de légumes dans les zones vulnérables.
De
son côté, le Projet de développement des infrastructures agricoles et de
désenclavement dans la Basse et Moyenne Vallée de l’Ouémé bénéficiera d’un
budget de 3,25 milliards F Cfa pour soutenir les travaux d’aménagement et
améliorer l’accès aux marchés grâce à des routes et des installations de stockage,
favorisant ainsi le désenclavement des zones agricoles.
Dans
le secteur de l’élevage, des investissements significatifs visent à moderniser
les filières et à améliorer les conditions de vie des éleveurs. Le Projet de
développement des filières lait et viande (Prodefilav-Pel) inclut des
infrastructures pour la transformation et la distribution des produits. Par
ailleurs, des campements pastoraux pilotes, comme celui en cours à Gogounou,
sont conçus pour fournir des logements, des centres de santé et des écoles aux
communautés pastorales. Ces initiatives visent à améliorer les conditions de
vie des éleveurs et de leurs familles, tout en renforçant l’intégration de
l’élevage dans l’économie locale.
Pour renforcer la sécurité alimentaire, le Projet d’urgence de renforcement de la résilience des acteurs du secteur agricole (Pur -Zédaga), doté d’un budget de 3,37 milliards F Cfa, soutiendra la culture de contre-saison tout en facilitant l’accès à des intrants subventionnés.
Le
domaine de la pêche n’est pas en reste. Le Projet de vulgarisation de
l’aquaculture continentale (Provac) bénéficie d’un financement destiné à
renforcer la production locale de poisson, à travers la formation des
pisciculteurs, l’équipement et un soutien financier. Cette initiative vise à
réduire la dépendance du pays aux importations de produits halieutiques.
Le
Fonds national de développement agricole (Fnda) prévoit des financements
spécifiques pour les jeunes et les femmes. Au moins 30 % des bénéficiaires de
ses programmes seront des femmes, tandis qu’une vingtaine de jeunes diplômés en
agriculture bénéficieront d’un accompagnement technique et financier pour
développer leurs projets. Le Fonds prévoit de leur fournir un appui technique
en partenariat avec des prestataires spécialisés, ainsi qu’un accès facilité au
crédit.
En
outre, le projet de budget 2025 intègre des mesures fiscales favorables,
notamment l’exonération des droits de douane et de la Tva sur les semences,
engrais et autres intrants agricoles. Ces dispositions visent à réduire les
coûts de production et à rendre les intrants plus accessibles aux agriculteurs.
Par
ailleurs, les Osc et les acteurs ont souhaité que le gouvernement revoie les
prix et les modalités de commercialisation des produits agricoles industriels
comme le soja. Le rapport de prise en compte de leurs aspirations dans le
budget mentionne que le gouvernement a pris une décision en Conseil des
ministres concernant la libre commercialisation de ces produits. Cette
initiative fait partie des efforts globaux du gouvernement pour améliorer les
conditions de marché et de vente des produits agricoles industriels, dans un
souci de faciliter l’accès au marché pour les producteurs et de stimuler la
production locale.
En répondant aux aspirations des acteurs de terrain, le projet de budget 2025 ouvre la voie à une agriculture moderne et résiliente, capable de relever les défis climatiques et de garantir la sécurité alimentaire du Bénin.