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Stabilité financière dans le monde: La dette cachée constitue une menace pour les économies

Economie

Si le crédit privé reste opaque et poursuit sa croissance exponentielle dans un contexte de surveillance prudentielle limitée, des vulnérabilités considérables menacent la stabilité financière, d’après un nouveau rapport du Fmi.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 15 avr. 2024 à 08h48 Durée 3 min.
#: Les impacts sur l’économie #monde

Les vulnérabilités du secteur du crédit privé pourraient prendre une importance systémique, selon le nouveau Rapport sur la stabilité financière dans le monde du Fonds monétaire international (Fmi, avril 2024). En cas de récession, le secteur pourrait subir des pertes inattendues de grande ampleur et les emprunteurs pourraient pâtir d’une hausse des coûts de financement, alerte l’institution.

Cette catégorie d’actifs se développe à grande vitesse et représente une source de financement de long terme pour les entreprises de taille intermédiaire, dans un contexte où les banques semblent être plus frileuses à l’idée de prêter à ces entreprises. Du fait de l’insuffisance des données, il est difficile d’évaluer dans leur globalité les risques qu’elle constitue pour la stabilité financière.

Le secteur applique généralement un taux variable et pose peu de risques liés à la transformation des échéances. Nonobstant, le risque de liquidité pourrait augmenter avec la croissance des fonds de détail. En effet, l’essor des fonds semi-liquides pourrait accentuer les avantages dits de premier sortant et les risques de retraits massifs. Les investisseurs de détail dans les marchés du crédit privé pourraient ne pas mesurer pleinement les risques encourus ou connaître les restrictions applicables aux rachats sur une catégorie d’actifs illiquides.

Aussi, la superposition des effets de levier est à l’origine d’une interconnexion problématique, en raison des niveaux multiples souvent dissimulés par une communication incomplète des informations et qui pourraient amplifier les pertes, souligne le rapport.

De même, l’incertitude autour des valorisations pourrait entraîner une perte de confiance. Tenant compte de l’opacité des sociétés emprunteuses, les gestionnaires de fonds peuvent être incités à retarder la réalisation des pertes car ils procèdent à de nouvelles levées de fonds et perçoivent des commissions de performance sur la base de leurs antécédents, explique le rapport.

Les risques pourraient également provenir d’entités présentant une exposition particulièrement élevée aux marchés du crédit privé, notamment les compagnies d’assurance contrôlées par des fonds de capital-investissement dont les actifs ont fortement progressé ces dernières années.

Le rapport recommande aux autorités d’appliquer une supervision et une réglementation plus intrusives à l’égard des fonds de crédit privé, de leurs investisseurs institutionnels et des fournisseurs d’instruments à effet de levier. Il est question de renforcer la coopération transfrontalière et intersectorielle afin de combler les lacunes en matière de données et d’harmoniser les évaluations des risques dans l’ensemble des secteurs financiers.

Les pouvoirs publics sont aussi appelés à œuvrer à une évaluation complète des risques par les organes de supervision et de réglementation, afin de prévenir et limiter les préjudices éventuels. Outre les exigences en matière de communication des informations à renforcer, les autorités devraient surveiller attentivement et traiter les risques de liquidité et de conduite dans les fonds, en particulier ceux pouvant faire face à des risques de rachat plus élevés, prône le Fmi.