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Transport maritime: La Zlecaf devrait booster le fret intra-africain de 28 %

Economie
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Le libre-échange continental augmenterait le fret intra-africain de 28 % et la demande de fret maritime de 62 %. Des investissements opportuns et des actions audacieuses sont essentiels pour assurer au transport maritime un avenir durable, résilient et prospère, selon la Cnuced.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 03 oct. 2023 à 06h37 Durée 4 min.
#Transport maritime #La Zlecaf #le fret intra-africain

La mise en œuvre de l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) devrait faire augmenter le fret intra-africain de 28 % et la demande de fret maritime de 62 %, d’après l’Etude sur les transports maritimes 2023 publiée en prélude à la célébration, ce 28 septembre, de la Journée mondiale de la mer. La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) y souligne qu’une augmentation significative des flux de trafic est attendue dans tous les modes de transport à travers l’Afrique dans les années à venir.

Pour répondre aux attentes, l’agence onusienne estime qu’il faudra consentir d’importants investissements dans les équipements et les infrastructures de transport, y compris 100 navires supplémentaires, si la Zlecaf est pleinement mise en œuvre, selon l’étude. Ces investissements constituent également une voie pour une reprise économique verte en Afrique. Les navires battant pavillon libérien sont responsables du plus grand volume d'émissions de dioxyde de carbone, au vu des principaux pavillons d’immatriculation.

En 2022, l’indice de connectivité des transports maritimes réguliers (Lsci) moyen pour l’Afrique, qui mesure la connectivité des économies, a augmenté, mais est resté inférieur aux valeurs d’avant la pandémie. Le continent est la seule région du monde à afficher une augmentation des escales de transporteurs de vrac sec

(+ 2,5 % en 2022) ainsi qu’une hausse de plus de 5 % des escales de vraquiers liquides. 

Résilience

 

Le commerce Sud-Sud, par exemple de l’Afrique vers l’Amérique latine et les Caraïbes, a contribué à hauteur de 12,5% au commerce mondial par conteneurs en 2022. Il est noté que 35% du commerce africain avec le reste du monde passe par le port de Tanger-Med au Maroc qui est classé 5e selon l’Indice de performance des ports à conteneurs (Cppi) de la Banque mondiale, en traitant 7,5 millions de conteneurs en 2022.

L’interconnectivité entre les systèmes nationaux de gestion des douanes est établie en Afrique de l’Ouest grâce à la combinaison de régimes de transit régionaux/internationaux mutuellement reconnus avec une garantie de transit et des solutions numériques de la Cnuced.

Sur le plan mondial, l’industrie du transport maritime fait preuve de résilience. Il est attendu une croissance de 2,4 % en 2023 du volume total du commerce maritime après une contraction de 0,4 % en 2022. Le commerce conteneurisé qui a diminué de 3,7 % en 2022 devrait augmenter de 1,2 % en 2023 et de plus de 3 % entre 2024 et 2028. «Investir dans la numérisation et la technologie améliorera la prévisibilité et la fiabilité du transport maritime, et l’utilisation de technologies telles que l’Ia (Intelligence artificielle), l'apprentissage automatique, la blockchain et l'internet des objets se traduira par une optimisation des performances en matière de suivi, d'acheminement, de vitesse et de maintenance prévisionnelle - tout ce qui peut contribuer à accélérer la décarbonation », prône Shamika N. Sirimanne, directrice de la technologie et de la logistique à la Cnuced?

 

L’appel à une « transition juste et équitable »

 

Dans son Etude sur les transports maritimes 2023, la Cnuced plaide pour une « transition juste et équitable » vers un secteur du transport maritime décarboné. Elle souligne le besoin de carburants plus propres dans le secteur, de solutions numériques afin de lutter contre les émissions continues de carbone et l’incertitude réglementaire qui règne dans cette industrie.

Vieille en moyenne de 22,2 ans, près de 99 % de la flotte mondiale dépend encore des carburants conventionnels, souligne le rapport.

« Le transport maritime doit se décarboniser dès que possible, tout en assurant la croissance économique », soutient Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la Cnuced, citée dans un communiqué de presse parvenue à notre rédaction. « Il est essentiel de trouver un équilibre entre la durabilité environnementale, la conformité réglementaire et les exigences économiques pour assurer au transport maritime un avenir prospère, équitable et résilient », insiste-t-elle.

La décarbonisation complète pourrait augmenter les dépenses annuelles en carburant de 70 % à 100 %. Quelque 8 à 28 milliards de dollars supplémentaires seront nécessaires chaque année pour décarboniser les navires d’ici à 2050, estime la Cnuced. Des investissements encore plus importants allant de 28 à 90 milliards de dollars par an seront nécessaires pour développer des infrastructures permettant d'utiliser des carburants 100 % neutres en carbone à l’horizon 2050?             

C. U. P.