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Evaluation de l’Education pour tous (EPT) à l’horizon 2015: L’élaboration des politiques en faveur des garçons s’impose

Education
Par   Site par défaut, le 12 juil. 2016 à 16h14

S’il est une réalité qui passe inaperçue dans les systèmes éducatifs formels, c’est leur incapacité à répondre de façon adéquate aux besoins de millions de garçons de toutes les régions du monde. Car si les filles ont moins de chances d’être scolarisées dans de nombreux pays, les risques de ne pas progresser et de ne pas achever un cycle d’enseignement touchent plus les garçons. Toutes choses qui indiquent la nécessité de mettre en place des politiques en faveur de la participation des garçons, souligne le Rapport 2015 sur l’EPT.

Ce ne sont pas seulement les filles qui sont défavorisées dans les systèmes éducatifs formels du monde. Les garçons aussi sont touchés par les risques liés au fait de ne pas pouvoir progresser et de ne pas achever un cycle d’enseignement.

Le Rapport 2015 de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco) sur le suivi de l’Education pour tous, édition 2015, constate que les garçons ne bénéficient pas d’un accès adéquat à l’éducation formelle. La raison, c’est le taux élevé d’abandon scolaire des garçons dans de nombreux pays. Soulignant l’importance de la poursuite des études sur le genre masculin, les experts citent les données d’une enquête menée en 2009 et 2010 au Brésil, au Chili, en Inde, ainsi qu’en Croatie, pour indiquer que les hommes moins instruits ont « des opinions discriminatoires à l’égard des femmes, qu’ils ont davantage tendance à se montrer violents à la maison et qu’ils s’occupent généralement moins de leurs enfants». A contrario, poursuivent-ils, les hommes ayant fait des études secondaires adoptent des attitudes et des pratiques dénotant un plus grand souci d’équité entre les sexes.

Causes de l'abandon

A la base de l’abandon des études par les garçons, on note plusieurs causes. Le Rapport fait état de ce que beaucoup de garçons quittent de façon précoce l’école à cause de la pauvreté, par obligation et en raison du désir de travailler. A cela, il faudra ajouter la scolarisation tardive, les mauvais résultats entraînant un désintérêt pour les études et les facteurs liés à l’origine ethnique ou à toute autre forme de marginalisation. Ainsi, dans beaucoup de pays d’Afrique australe ils ont été retirés de l’école pour servir en tant que surveillants de troupeaux comme c’est le cas au Lesotho, au Botswana et en Namibie. Au Brésil et en Jamaïque, les garçons issus des familles urbaines défavorisées, où l’éducation est considérée comme ne garantissant pas l’emploi, sont aussi retirés des bancs de l’école pour se mettre à la recherche de l’emploi manuel ou semi-qualifié. C’est le secteur de la construction qui est leur cible. Car pour eux, ce secteur ne requiert pas d’eux l’achèvement de l’enseignement secondaire.
Par ailleurs, au niveau des garçons issus des familles pauvres ou groupes minoritaires, le risque d’abandon est très élevé. Dans ces groupes, les parents préfèrent retirer tout simplement les garçons de l’école en guise de solution ou de réaction à leurs difficultés économiques. Et la destination, c’est le milieu du travail. A ce titre, les experts mentionnent le cas du Brésil où en cas de chute brutale du revenu familial, les garçons pauvres ont plus de risques d’être victimes d’abandon que leurs homologues moins défavorisés. On estime à plus de 46% le risque d’abandon chez eux. Plus grave encore, le Rapport indique que les difficultés économiques favorisent l’appartenance à des gangs, le recours à la violence.

Lutte contre l’abandon scolaire des garçons

En matière de lutte contre l’abandon scolaire, les experts notent une insuffisance. En effet, les politiques éducatives font généralement très peu cas de l’amélioration des taux de scolarisation et d’achèvement des garçons dans l’enseignement primaire comme au secondaire. Aucune stratégie visant à réduire les disparités entre les sexes ne figure dans les documents de politique. Ainsi, par exemple, les gouvernements du Lesotho et du Swaziland ne parviennent-ils pas à s’attaquer aux causes de la faible réussite scolaire des garçons. Toutefois, en Mongolie, des politiques en faveur de l’accès des garçons à l’éducation ont été mis en œuvre et ont permis d’améliorer la situation. «La politique adoptée en 2004 cible explicitement le taux d’abandon élevé chez les garçons», mentionne le Rapport.

Environnements équitables

Pour corriger les disparités, les experts préconisent des environnements équitables à l’école et en classe. Selon eux, il faut une égalité entre les sexes en termes d’accès, de processus d’apprentissage, de résultats scolaires. Au regard des facteurs scolaires non favorables à l’égalité entre les sexes, le Cadre de Dakar recommande la mise en place dans les écoles « des environnements d’apprentissage sécurisants qui tiennent compte des spécificités du genre». Faisant référence au Rapport mondial sur le suivi de l’EPT 2008, les experts entrevoient trois types d’interventions afin d’améliorer la qualité de l’apprentissage. Il s’agit d’augmenter l’effectif et la qualité des enseignants, de réformer les programmes et les manuels pour en élaguer tout préjugé sexiste, faire en sorte que les pratiques de classe tiennent davantage compte des questions d’égalité des sexes à travers une formation adéquate.
L’autre élément contribuant au redressement de la situation concerne spécifiquement le corps enseignant. En effet, il faut, expliquent les experts, une formation à la pratique de classe axée sur l’égalité des sexes. Ainsi outillés, les enseignants pourront aider les apprenants «à comprendre en quoi consistent les rôles des hommes et des femmes». De même, il est préconisé l’intégration d’une pédagogie tenant compte de l’égalité des sexes à la formation des enseignants. Le Rapport mentionne que certains pays fournissent des efforts dans ce sens. C’est le cas du Bangladesh dont le cours de préparation au certificat d’éducation des enseignants prend en compte le facteur égalité entre les sexes. L’avantage, c’est que les enseignants ont des outils pour analyser leur propre pratique et d’adopter des approches intégratrices, relèvent les rédacteurs du Rapport. Une formation axée sur l’égalité des sexes fournit aux enseignants les moyens de pratiquer un mode d’enseignement et d’évaluation plus diversifié. Dès lors, ils contribuent à garantir aux deux sexes une égale participation en classe, soutiennent les experts.