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Rentrée scolaire 2023-2024: Les élèves de Togbodji renouent avec les pirogues

Education
Des élèves et écoliers du village de Togbodji à leur descente de  pirogues à Athiémé pour se rendre dans leurs écoles Des élèves et écoliers du village de Togbodji à leur descente de pirogues à Athiémé pour se rendre dans leurs écoles

A Togbodji, village situé dans le Bas-Mono, sur le territoire togolais, les enfants optent pour les écoles d’Athiémé, en République du Bénin. Mais pour s’y rendre, ils sont contraints de prendre la pirogue pour traverser le fleuve Mono. Filles comme garçons ont renoué depuis, ce lundi 18 septembre, jour de la rentrée scolaire 2023-2024, avec ce mode de transport fluvial.

Par   Désiré C. VIGAN A/R Mono-Couffo, le 21 sept. 2023 à 09h03 Durée 3 min.
#Rentrée scolaire 2023-2024
Béatrice Agontinglo, élève en classe de Cinquième au Ceg Athiémé, fait partie de ces natifs du village de Togbodji habitués à se rendre à l’école en pirogue. Son sac bien accroché au dos, elle a renoué, depuis ce lundi 18 septembre, jour de la rentrée scolaire 2023-2024 au Bénin, avec ce moyen de transport de fabrication artisanale. Il lui faut franchir le fleuve Mono, tous les jours, pour se rendre dans son école située à Athiémé, l’une des six communes du département du Mono, en terre béninoise. La commune d’Athiémé et le village de Togbodji se font face sur les deux rives du fleuve Mono. Béatrice a effectué le voyage du lundi dernier en compagnie de trois autres élèves et écoliers. Le groupe a été conduit par un autre élève dans le rôle de piroguier. A leur suite, deux autres pirogues qui parcourent les quelque cent mètres d’eau fluviale qui séparent Togbodji et Athiémé. Après quelques minutes de manœuvre de leurs conducteurs, les deux pirogues s’immobilisent. Les passagers sont pour la plupart des apprenants. Ils sont transportés, matin et soir, gracieusement. « Comme ce sont nos enfants, nous ne leur prenons pas d'argent, le transport est gratuit », confirme Alphonse Ahounouvi, l’un des piroguiers. Son confrère Mathieu Agontinglo appuie qu’en tant que parents, les piroguiers ont décidé d’encourager ainsi les élèves en leur facilitant la traversée du fleuve. Les élèves eux-mêmes se saisissent, parfois, des bois qui servent de pagaies pour manœuvrer les pirogues jusqu’à leur village en cas d’indisponibilité des professionnels du transport fluvial. Grandir à Togbodji et opter pour l’école béninoise est un choix de raison. Au dire de Mathieu, l’établissement scolaire de la partie togolaise le plus proche de Togbodji se situe à environ trois kilomètres. Une distance que la communauté trouve éprouvante au point de se résoudre à choisir le transport fluvial. Béatrice et ses camarades font savoir que nombreux sont les enfants qui, comme eux, préfèrent affronter les eaux fluviales pour venir acquérir la connaissance dans la commune d’Athiémé. Une pratique qui se perpétue de génération en génération. Et il ne peut en être autrement, à en croire Saturnin Dansou, le maire d’Athiémé.
Quid du débordement du fleuve Mono ?

« La population de Togbodji, explique l’édile, ce n'est rien d'autre que la communauté d’Athiémé qui s'est installée de l'autre côté de la rive du fleuve Mono pour des activités agricoles ». « Ce sont nos parents ou nos grands-parents qui, poursuit Saturnin Dansou, sont allés là-bas et puis ils ont eu des enfants qui sont collés à leurs origines. Bien qu'il y ait des écoles là-bas, ils préfèrent fréquenter les écoles du Bénin ». Et le maire d’insister que pour lui « c'est la raison pour laquelle tous les jours, tous les matins, tous les soirs, s’observent les navettes des élèves sur le fleuve Mono ». Outre les apprenants, leurs parents ont recours eux aussi aux piroguiers pour leurs activités commerciales sur le territoire béninois ou pour tout autre déplacement en ces lieux. Aller en pirogue est une pratique ordinaire pour les populations de Togbodji et d’Athiémé y compris les femmes et les enfants. « Tous les jours, vous les verrez traverser et retourner », souligne le maire Saturnin Dansou. 
Le fleuve qui avait gagné la berge sur plus de 80 m, les jours précédents, était à environ 8 m lundi dernier, jour de la reprise des classes au Bénin. Ce niveau des eaux a certainement facilité le transport des élèves et de leurs parents. En situation de débordement du fleuve, expliquent les piroguiers, il est risqué de pagayer. Le seul moyen de transport autorisé en ces moments-là est la barque motorisée. Deux sont offertes à la commune par des personnes de bonne volonté dont un natif de la commune, rappelle le maire.