La Nation Bénin...
L’éducation et la protection de la petite enfance, l’enseignement primaire universel, les compétences des jeunes et des adultes, l’alphabétisation des adultes, la parité et l’égalité entre les sexes dans l’éducation et la qualité de l’éducation. Voilà les six objectifs adoptés à Dakar, au Sénégal, en 2000 par la communauté internationale pour être atteints à l’horizon 2015. Au terme de l’échéance, il ressort que des priorités de l’éducation n’ont pas bénéficié de l’attention requise à cause de l’absence de cibles et d’indicateurs précis. Pour ce faire, le Rapport 2014 sur l’Education pour tous (EPT) indique les priorités et principes directeurs pour redresser la situation après l’échéance 2015.
Mettre l’éducation à la portée de tous et même des marginalisés. C’est le défi que s’est fixé la communauté internationale pour la période 2000-2015. Mais la principale leçon qui se dégage du Rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) au titre de 2014, c’est de suivre les progrès vers la réalisation des objectifs de l’éducation dans les groupes les plus défavorisés après 2015 et de mettre en place des politiques qui maintiennent et accélèrent le progrès vers le redressement.
Dans ce cadre, les rédacteurs du Rapport notent certaines priorités pour s’assurer qu’après 2015 «personne n’est laissé derrière». Pour ce faire, il est essentiel que des cibles et des principes permettant de suivre l’avancement des plus défavorisés soient inclus dans le cadre global. A ce titre, les rapporteurs se réjouissent qu’un consensus se fasse autour des objectifs de l’éducation après 2015. Ce consensus porte sur certaines priorités.
Ces priorités au nombre de cinq consistent notamment à «s’attaquer à ce qui reste à faire pour réaliser l’achèvement de l’enseignement primaire», à «élargir les objectifs pour inclure l’accès universel au programme d’éducation et de protection de la petite enfance et l’achèvement du premier cycle de l’enseignement secondaire», à «s’assurer que les enfants ne sont pas uniquement scolarisés mais apprennent» et à «s’assurer que tous les jeunes et les adultes ont les compétences nécessaires au monde du travail». Précisant la valeur de ces priorités, le rapport indique qu’elles constituent des objectifs servant de base à «l’élaboration d’objectifs plus ambitieux, notamment ceux fixés au niveau national». D’où le nom de «priorités communes».
En outre, les rédacteurs soulignent la nécessité d’une révolution au niveau des données. Cela permettra, selon eux, d’améliorer la qualité des statistiques et de l’information disponible pour les citoyens. A ce titre, l’accent a été mis sur la désagrégation des données suivant le genre, l’origine géographique, le revenu, voire les handicaps afin de garantir que «personne n’est laissé derrière à cause de sa situation personnelle». Pour ce faire, il importe que les Etats disposent de données et de statistiques fiables pour que, d’une part, les gouvernements puissent suivre les progrès et prendre les décisions en s’inspirant des données factuelles, et d’autre part, pour qu’ils renforcent la responsabilisation.
Les principes directeurs
Pour définir les objectifs pour l’éducation après l’échéance 2015, l’équipe du Rapport a identifié cinq principes directeurs. Le premier consiste à considérer que le droit à l’éducation tel que garanti par les lois et conventions internationales doit être au centre des objectifs. L’éducation perçue comme un droit, doit être gratuite et obligatoire. Selon l’équipe de rédacteurs, il doit en être ainsi parce qu’elle permet aux individus de réaliser leur potentiel et de favoriser le bien-être et la prospérité des personnes et de la société.
Quant au deuxième principe, il est relatif à l’égalité et à l’équité dans l’accès à l’éducation. En effet, il consiste à s’assurer à travers les objectifs que «toutes les personnes ont la même chance d’accéder à l’éducation indépendamment de leur situation».
En termes plus précis, chaque gouvernement doit veiller dans sa politique éducative à ce que personne ne soit confronté au refus «d’accès à l’éducation de bonne qualité en raison de facteurs tels que la pauvreté, le genre, le lieu de résidence, l’appartenance ethnique ou un handicap».
Le troisième principe fait obligation aux gouvernements de reconnaître les besoins d’apprentissage à chaque stade de la vie de l’individu. Ce principe indique aussi de prendre en compte les cadres non formels d’apprentissage au même titre que les cadres formels. Cela répond un tant soit peu à la doléance formulée par le Réseau national des opérateurs privés pour la promotion de l’alphabétisation et des langues (ReNOPAL) du Bénin. Franck Arnauld Sédjro, directeur exécutif de ce réseau, souhaite comme d’autres acteurs de l’éducation non formelle du Bénin qu’il faut que l’Etat accorde une part raisonnable du budget national à leur sous-secteur. Il se désole que le budget alloué est moins de 1% du budget de l’éducation nationale. «C’est exactement 0,24% du budget de l’éducation qui est affecté au sous-secteur.
C’est triste et ridicule», estime-t-il. Parlant du cas du Bénin, il souligne que ce type d’éducation est potentiellement destiné à plus de 60% de la population qui sont analphabètes. Selon lui, il reste encore d’énormes efforts à faire pour marquer l'engagement du gouvernement en faveur de ce sous-secteur qui relève de l’éducation non formelle. Or, poursuit encore Franck Arnauld Sédjro, l’UNESCO a recommandé que le sous-secteur bénéficie d’un taux de 3% du budget national. Et quand on sait que l’alphabétisation n’est qu’une partie de l’éducation non formelle, on se rend aisément compte de l’effort qui attend les Etats du monde.
En ce qui concerne le quatrième principe, il se rapporte à l’intégration de l’ambition générale de l’éducation en tant qu’élément du cadre mondial plus large de développement de l’après-2015. A ce niveau, l’équipe de rédaction du Rapport indique que les objectifs devraient «s’appliquer universellement et s’accompagner d’un éventail de cibles et d’indicateurs plus détaillés qui constituent un cadre d’éducation après 2015».
Enfin, le cinquième principe a trait à la responsabilisation des gouvernements et de la communauté internationale vis-à-vis de leurs engagements dans l’éducation. Pour ce faire, il faudrait, selon le rapport, que chaque objectif s’accompagne d’un délai spécifique, soit rédigé en termes simples et clairs, soit mesurable et vise à ne laisser personne derrière.