La Nation Bénin...
L’adoption
de l’énergie solaire nécessite des efforts concertés pour lever les barrières
non financières. L’essor du photovoltaïque dépend autant de la baisse des coûts
que d’une meilleure information et d’un soutien structurel aux acteurs du
secteur, selon l’économiste Janvier Polycarpe Alofa.
Le
coût des équipements, bien que déterminant, n’est pas le seul frein à
l’adoption massive de l’énergie solaire photovoltaïque au Bénin. Une étude
intitulée « Analyse des déterminants hors prix de l’accès à l’énergie solaire
au Bénin », publiée dans la Revue d’analyse des Politiques économiques et
financières (Rapef, Volume 7, Numéro 2, Décembre 2024), met en évidence trois
facteurs majeurs influençant cette adoption.
Le premier est le niveau de connaissance des utilisateurs. Selon l’étude réalisée par Janvier Polycarpe Alofa, économiste et conseiller en stratégies de développement, près de 91,8 % des ménages ignorent le coût d’installation d’un système photovoltaïque, et 50,41 % le jugent inabordable.
Le
deuxième facteur est la sensibilité écologique. Ceux qui perçoivent un bénéfice
environnemental au solaire sont plus enclins à l’adopter.
Enfin, l’accessibilité aux équipements constitue un obstacle important. Malgré un marché en expansion, seuls 60 % des fournisseurs déclarent un accès aisé aux équipements, principalement importés du Nigeria (27,81 %) et d’Europe (26,49 %).
Par ailleurs, 70,19 % des adoptants choisissent le solaire en raison du coût élevé de l’électricité conventionnelle, tandis que 41,13 % des non-adoptants invoquent un manque de moyens financiers comme principal frein.
L’étude s’est appuyée sur des données collectées dans cinq communes du Bénin : Abomey-Calavi et Cotonou au Sud, Savè au Centre, puis Parakou et Banikoara au Nord.
Défis de l’offre et solutions envisageables
Du côté de l’offre, l’étude souligne que l’accessibilité des équipements et la stabilité du marché sont essentielles pour dynamiser le secteur. De plus, 20 % des usagers abandonnent le solaire en raison des coûts élevés d’entretien et de réparation, et 13,33 % critiquent son manque de fiabilité.
Pour
surmonter ces obstacles, plusieurs solutions sont proposées. Un soutien
financier à travers des subventions et des allègements fiscaux faciliterait
l’investissement initial, estime M. Alofa.
La
sensibilisation et la formation joueront également un rôle clé. Des campagnes
d’information sur les coûts réels et les avantages du solaire permettraient de
mieux informer la population et de réduire les réticences, préconise l’auteur.
L’amélioration
de l’offre passera aussi par un accompagnement des fournisseurs, la promotion
d’installations communautaires et un renforcement du cadre juridique.
Pour rappel, le sous-secteur de l’électricité au Bénin reste marqué par une offre insuffisante pour répondre à une demande en hausse de 7 % par an. En 2022, 44,8 % de l’électricité consommée provenait des importations. Le taux d’accès à l’électricité demeure faible : 39,86 % à l’échelle nationale en 2023, avec un contraste marqué entre les zones urbaines (86,50 %) et rurales (13,50 %), alors que ces dernières concentrent 53 % de la population, selon les données de la Bad.
Malgré ces défis, l’énergie solaire photovoltaïque apparaît comme une alternative prometteuse pour combler le déficit énergétique. Toutefois, pour en maximiser l’impact, il est impératif de lever les obstacles persistants liés au manque d’information et au coût d’acquisition élevé.