La Nation Bénin...
Après l’évaluation, du 11 au 12 septembre dernier, de la gestion au titre de l’année 2024 du parc de la Pendjari, la réserve de biosphère a obtenu un score de 71,79 points sur 100. Ce qui traduit une performance remarquable de cette aire protégée de 6444 km2, située au nord-ouest du Bénin.
L'évaluation de l’efficacité de la gestion de la réserve de biosphère de la Pendjari au titre de l’année 2024, qui s’est déroulée du 11 au 12 septembre dernier à Natitingou, a permis d’attribuer un score de 71,79 points sur 100, selon l’outil Imet. Ce qui, au dire des experts et parties prenantes, traduit une performance remarquable due aux mesures de protection et de gestion mises en œuvre, eu égard au contexte sécuritaire dans lequel se déroulent les opérations depuis quelques années. La situation sécuritaire au nord du Bénin a entrainé, selon les acteurs impliqués dans la gestion de cette aire protégée, la suspension temporaire du tourisme à partir de 2022 et une limitation de l’accès des communautés aux ressources du parc.
Ce score demeure satisfaisant selon les experts et participants à l’atelier qui reconnaissent les efforts fournis par le gouvernement, le gestionnaire African Parks et les communautés locales dans ce contexte particulier. « La gestion et la conservation du parc sont assurées et le parc conserve toujours sa Valeur universelle exceptionnelle (Vue). Le score obtenu est appréciable, au vu du contexte et des facteurs sécuritaires qui aujourd’hui sont un défi à relever pour la conservation de l’aire protégée », indique Matie-Michaire Lima, directeur de la conservation par intérim du parc national de la Pendjari.
« S’agissant des domaines parcourus, c’est surtout le contexte d’intervention et tous les éléments qu’il faut pour une meilleure gestion du parc que nous avons essayé d’examiner avec les acteurs qui ont à charge la gestion de ce parc. Et quand nous sommes allés au niveau des intrants, de tout ce qui a contribué à la gestion de l’aire protégée, nous avons obtenu des résultats. Tout ceci nous a permis d’avoir comme score final une valeur de 71,79 %. Certes, on va dire que ce n’est pas suffisant, parce que ce n’est pas cent pour cent ou quatre-vingt-dix pour cent, mais connaissant les différentes menaces qui pèsent sur l’aire protégée, nous devons pouvoir accepter et comprendre que l’outil n’a fait que refléter la situation réelle de la réserve de biosphère de la Pendjari », fait savoir Georges Nobimè, enseignant à l’Université d’Abomey-Calavi.
Fierté béninoise
Georges Nobimè suggère d’accentuer les efforts en faveur des communautés locales afin que celles-ci puissent profiter au maximum de tout ce qui est fait en matière de gestion de l’aire protégée. Les gestionnaires doivent également, dit-il, « faire des efforts par rapport à la sécurisation de l’aire en demandant à l’Etat central, à travers les forces armées, d’aider à mieux sécuriser le parc, pour qu’il demeure vraiment un joyau pour le Bénin ». Aristide Comlan Tèhou, aménagiste et gestionnaire des ressources naturelles, coach Imet sénior, s’est réjoui des efforts considérables qui ont été faits, malgré la situation sécuritaire. Il exhorte tous les acteurs impliqués dans la gestion du parc à maintenir le cap, compte tenu de l’importance de cette réserve que le gouvernement travaille à rendre durable pour les générations futures.
« Nous avons deux grands poumons qui nous aident à équilibrer les effets de serre ; les puits à carbone qui absorbent suffisamment le gaz carbonique. Il est nécessaire qu’on y prête beaucoup d’attention pour que ces réserves continuent de rendre ce service écosystémique aux hommes », a expliqué l’enseignant-chercheur Georges Nobimè. Le parc Pendjari et le W sont, selon ses dires, deux réserves qui constituent le magasin, le coffre-fort de la diversité biologique faunique de l’Afrique de l’Ouest. Et si l’on n’y prend garde, c’est toute l’Afrique de l’Ouest qui sera impactée en cas de sinistre.
« C’est bien là l’importance de ces deux réserves que nous avons la chance d’avoir au Bénin et qui constituent vraiment le noyau, le garde-à-manger de la diversité faunique en Afrique de l’Ouest », affirme Aristide Comlan Tèhou.
Djatto Djaléni, directeur exécutif de l’Association villageoise de gestion des réserves de faune de la Pendjari, se désole que le tourisme, qui était important dans la gestion de l’aire protégée, soit au ralenti, créant ainsi un manque à gagner. « Je note aussi que l’insécurité a joué sur les relations entre le gestionnaire et les parties prenantes notamment les communautés locales. Il s’avère nécessaire de mener une action importante pour rendre les populations résilientes et faire en sorte que ce facteur ne soit pas un élément déterminant pour émousser nos efforts », fait-il observer. S’agissant du volet sécuritaire, il entend agir pour mettre les populations dans un contexte de résilience élevée afin de faire face aux menaces. Quant au tourisme, le directeur exécutif s’engage à faire en sorte qu’il reprenne pour le bonheur des populations locales et surtout la gestion efficace de la biodiversité. Cette insécurité, dira-t-il, a impacté les activités connexes à la conservation, qui étaient porteuses de revenus pour les communautés. « L’insécurité a limité l’accès aux ressources naturelles. Elle a limité la main-d’œuvre, le déplacement du personnel du parc dans les zones plus ou moins reculées et oblige le gestionnaire à prendre des mesures sécuritaires avant de mener des actions dans les villages riverains du parc », fait-il constater.
Beaucoup d’efforts ont été fournis, et les résultats montrent qu’il faut trouver des solutions alternatives pour permettre aux communautés de profiter davantage de l’existence du parc dans leur zone. « Je félicite les gestionnaires du parc qui, malgré la situation sécuritaire, ont tout fait pour garder le cap », affirme Boukari Zachari, maire de Tanguiéta. Aux côtés des forces de défense et de sécurité, African parks joue sa partition pour que la sécurité revienne le plus tôt possible dans les parcs et alentours. Il revient aux élus locaux de travailler main dans la main, selon le directeur intérimaire du parc Pendjari, pour assurer la sécurité. Car la sécurité n’est pas que l’affaire des Fds, mais un travail d’ensemble.
Les efforts fournis par le gouvernement, le gestionnaire African Parks et les communautés locales dans la gestion du parc de la Pendjari...