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Insalubrité à Cotonou: Zogbohouè, un quartier sous le poids des immondices

Environnement
Par   zounars, le 03 sept. 2015 à 23h34

La gestion des déchets ménagers a du plomb dans l’aile à Cotonou. L’insalubrité devient grandissante dans la ville. C’est le constat fait à Zogbohouè, un quartier de Cotonou, où l’atmosphère est, par endroits, pratiquement invivable.

Sachets et bidons en plastique usés, épluchures de bananes et d'oranges, restes de nourritures et autres déchets solides : le tout, posé sur des espaces humides où divers animaux notamment les porcs traînent. Tel est le cliché que présentent les bordures du lac Nokoué à Zogbohouè. Ce lac à proximité de nombreuses concessions est surplombé à certains endroits par des maisons sur pilotis. Les déchets ménagers que ces habitations produisent sont convoyés vers un dépotoir sauvage sur lequel les enfants déféquent. «Nous n'avons pas d'autres espaces disponibles pour vider nos poubelles. Ce que nous faisons actuellement fait désormais partie intégrante de notre quotidien ici», a laissé entendre une dame locataire à proximité du milieu. Pour elle, la présence des ordures près des domiciles est devenue une habitude depuis bien des années, au point où l’odeur nauséabonde qui s’en dégage, laisse la population indifférente. Au-delà des abords du lac, plusieurs autres lieux de Zogbohouè sont également touchés par l’insalubrité.

A la question de savoir ce qui justifie la proximité des ordures des agglomérations, Pascal Gbédji, jeune collégien, répond que «c’est une attitude adoptée par la population pour faire progressivement reculer le lac». Selon lui, cette situation d’insalubrité est liée au souci de combler les bas-fonds. Pour d’autres riverains, elle est due à la multiplication de nouvelles habitations.
En effet, la surpopulation urbaine occasionnée par l'exode rural et l'explosion démographique a engendré une dense cohabitation (familles nombreuses, plusieurs ménages par maison). Ce qui a sans doute entraîné un accroissement de la consommation et une croissance exponentielle de la production des ordures ménagères.
Selon le chef-quartier de Zo-gbohouè, Evrard Médji, l’incivisme des citoyens qui s’obstinent à ne pas rendre sain leur environnement, explique également cet état de choses. «Ils sont très peu de riverains à s’abonner aux structures de collecte d’ordures», a-t-il précisé.

Cris de cœur

Zogbohouè peut tirer profit des abords du lac sur les plans économique et touristique, mais les ordures ménagères font fuir ceux qui prennent des initiatives dans ce sens. «Les sachets plastiques, à eux seuls, pouvaient servir à la fabrication d'objets artistiques tels que les sacs à main, les bracelets et bien d’autres», a proposé une sexagénaire du quartier.
«Même les agents de collecte de ces déchets ménagers prennent ce lieu pour leurs dépôtoires», a déploré Yasmine Ahossi, la trentaine, une commerçante au marché de Zogbohouè. Le dépôt des ordures ménagères au contact avec l’eau du lac n'est pas sans répercussions néfastes sur l’environnement et la santé des populations. Elles ne sont pas à l'abri des maladies récurrentes et dangereuses telles que le paludisme, le choléra, la fièvre typhoïde, les inflammations respiratoires et autres.
«C’est pour cela que déjà aux environs de dix-neuf heures, chacun ici s'enferme correctement dans sa chambre sous une moustiquaire imprégnée pour éviter les piqûres de moustiques générés par ces déchets», a fait remarquer Yasmine.
«La difficulté est que nous ne disposons pas des bacs à ordures», a indiqué le chef-quartier. A l’en croire, malgré les actions non négligeables menées par son équipe et lui, Zogbohouè manque encore de points de regroupement pour les ordures collectées. «Plusieurs fois, nous sommes allés à la mairie, nous avons sollicité camions et voitures pour nous aider à débarrasser les petits points d’entassement des ordures par semaine, mais le dépôt ne cesse de prendre de volume», a-t-il expliqué. «Le seul point de regroupement dont dispose Zogbohouè est actuellement non fonctionnel», a confié le chef quartier avant de reconnaître que les populations à la base ont une grande responsabilité à assumer.
Appelant, par ailleurs, les autorités à leur fournir des bacs à ordures efficaces, le chef quartier Evrard Médji a également exhorté les riverains à la collaboration et à plus de détermination pour maintenir propre, leur milieu de vie, car sans la bonne santé, le développement ne saurait être réel.