Conséquences du conflit en Ukraine : risque de faim dans le monde
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Par
Catherine Fiankan-Bokonga, le 14 mars 2022
à
12h39
Le Programme alimentaire mondial (Pam) a exprimé sa très vive inquiétude face à la flambée des prix des produits agricoles de base et du carburant, conséquence directe de la guerre en Ukraine. En raison du conflit, de lourdes sanctions et de mesures restrictives, la totalité des livraisons de grains ukrainiens qui transitent par les ports de la mer Noire est bloquée. La situation a déjà augmenté de 50 % le coût des opérations d’aide de l’agence onusienne. Le G7 a également appelé tous les pays à maintenir ouverts leurs marchés alimentaires et agricoles afin d’éviter l’envol des prix et une vague de faim dans le monde.
A cause de la guerre en Ukraine, et ainsi l’interruption des chaînes d’approvisionnement, les prix mondiaux du blé se sont envolés et ont atteint des niveaux jamais vus depuis 2008. Cette situation augmente le risque pour des millions de personnes de devoir faire face à la famine si les repas de base ne peuvent plus être préparés.
Le bassin de la mer Noire est l’une des régions les plus importantes pour la production céréalière et agricole dans le monde. L’Ukraine et la Russie représentent 30 % des exportations mondiales de blé, 20 % des exportations mondiales de maïs et 76 % des approvisionnements en tournesol. Ainsi, la rupture d’approvisionnement affecte directement l’équilibre du marché mondial de ces trois produits et fait grimper les prix. L’inquiétude règne principalement en Afrique du Nord et au Proche-Orient qui figurent parmi les grands acheteurs mondiaux. La sécurité alimentaire de millions de personnes est donc menacée, notamment pour celles qui sont déjà sous pression en raison du niveau élevé d’inflation dans leur pays.
Coût des opérations du Pam
Les récentes hausses des prix des aliments et des carburants augmentent les coûts des opérations du Programme alimentaire mondial. Ces éléments s’ajoutent à l’inflation mondial et aux conséquences de la pandémie qui font grimper les coûts depuis 2019. Le Pam est contraint de payer environ 71 millions de dollars Us de plus, par mois, pour ses opérations; ce qui représente une hausse vertigineuse de 50 %. Cela réduit sa capacité à servir les personnes dans le besoin au moment même où le monde est confronté à une année de faim sans précédent.
Lors d’une visite à un centre de transit mis en place par le Pam à la frontière polono-ukrainienne, le directeur exécutif de l’agence onusienne, l’Américain David Beasley, a déclaré que le conflit en Ukraine pourrait entraîner « une crise de la faim dans le monde à des niveaux dépassant tout ce que nous avons vu auparavant». Il a ajouté « qu’il est tout simplement tragique de voir la faim apparaître dans une région qui a longtemps été considérée comme le grenier de l’Europe ».
Les pays du G7 demandent à la communauté internationale d’éviter toute mesure limitant les exportations de denrées alimentaires pour ne pas aggraver l’actuelle hausse des prix sur ce marché déstabilisé par la guerre en Ukraine.