La Nation Bénin...

Discours du chef de l'Etat sur l'état de la nation: Cap sur l’émergence de deux nouvelles filières agricoles

Actualités
Le manioc pour une agriculture plus diversifiée Le manioc pour une agriculture plus diversifiée

Après le coton, l’anacarde, le soja, le riz et autres spéculations, l’accent sera mis sur une production massive du manioc et de l’arachide en vue d’une agriculture béninoise encore plus diversifiée, a annoncé hier le président Patrice Talon dans son discours sur l’état de la nation. Et ce, à juste titre !

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 22 déc. 2023 à 06h48 Durée 3 min.
#Discours du chef de l'Etat sur l'état de la nation
S’il y a un pan du discours sur l’état de la nation qui a retenu l’attention des acteurs du monde agricole, c’est certainement la volonté réaffirmée du chef de l’Etat de doper l’agriculture qui a déjà connu un boom de production au cours des dernières années. Loin de se satisfaire des prouesses faites, Patrice Talon veut l’agriculture béninoise « encore plus diversifiée », avec l’émergence de nouvelles filières. 
Au nombre de celles-ci, le président évoque le manioc dont une production massive permettrait de fournir de la matière première à l’industrie nationale en pleine émergence. « Ce ne sera pas comme ce qui a été vu jadis au Bénin », assure-t-il, allusion faite aux projets antérieurs qui ont fait long feu.
Pour ce faire, il sera question de renforcer la productivité de cette culture dont le rendement a chuté ces dernières années, en raison notamment de la baisse de la fertilité des sols, du mode traditionnel d’exploitation des terres, du non-respect des itinéraires techniques, du manque d’intrants spécifiques. En fait,  la culture du manioc a affiché un rendement de 11,185 tonnes de racines à l’hectare lors de la campagne 2022-2023, selon les données de la direction de la Statistique agricole (Dsa/Maep). En effet, la production a atteint 4 350 054 tonnes pour une superficie emblavée de 388 908 hectares, soit un accroissement de la production de 3,1 % par rapport aux 4 218 992 tonnes enregistrées à la campagne 2021-2022. 
L’augmentation de la production du manioc notée ces dernières années est beaucoup plus le résultat de l’expansion des emblavures (+7,48 % en 2022 en passant de 361 843 ha en 2021 à 388 908 ha), au détriment de la hausse des rendements. La productivité a baissé de 4 % en 2022 en passant de 11,65 t/ha à 11,18 t/ha, après avoir régressé de 14,2 t/ha en 2019 à 12,02 t/ha en 2020, selon la Dsa/Maep.
Relance de l’arachide 

Le président Talon a également mentionné l’arachide, ciblée pour sa transformation sur place en huile alimentaire. Il est question, souligne-t-il, de « compléter l’offre nationale d’huile de qualité, afin de remplacer les importations dont la qualité n’est pas souvent à la hauteur des normes et standards requis pour la santé de nos populations ».
L’arachide est l’une des principales légumineuses à graines cultivées au Bénin, mais fait très peu l’objet d’attention de la part de la recherche locale et des services chargés du développement agricole. Du coup, la production d’arachide fluctue en fonction des aléas climatiques et de la situation du marché, avec de faibles niveaux des rendements qui réduisent la compétitivité de la filière au sein de l’économie nationale.
A preuve, la production d’arachide a baissé à 163 837 tonnes au cours de la campagne 2022-2023, après 177 876 tonnes lors de la campagne précédente. Le département du Zou concentre plus de 40 % de la production nationale et plus de la moitié de la superficie totale emblavée.
Cette culture intéresse plus les producteurs parce qu’elle s’insère bien dans les cultures de rotation et correspond mieux à la vocation des sols, notamment dans certaines régions. Elle reste dans le viseur de l’Association des industriels de la filière oléagineuse de l’Uemoa et de la Cedeao (Aifo-Uemoa-Cedeao) qui a à cœur de combler le déficit en huiles alimentaires.
Un nouvel essor à la production de l’arachide au Bénin est vivement souhaité, en ce sens que le déficit des huiles alimentaires est estimé à environ 2,5 millions de tonnes par an dans la Cedeao et s’accroit d’année en année avec la démographie galopante .