La Nation Bénin...
Avec l’approbation de la Politique nationale d’évaluation
(Pne) 2025-2034 et de sa Stratégie nationale d’évaluation 2025-2029 en Conseil
des ministres, mercredi 16 juillet, le Bénin ouvre une nouvelle ère de la
redevabilité publique. Ce nouveau cadre fait suite au vote de la loi régissant
la planification et l’évaluation des politiques publiques.
La Politique nationale d’évaluation (Pne) constitue le socle de la gouvernance axée sur les résultats. Elle vise à renforcer la culture de l’évaluation au sein de l’administration publique, à améliorer l’efficacité des politiques publiques, et à garantir la transparence ainsi que la redevabilité envers les citoyens. Dans la logique de renforcer la redevabilité publique, il était important pour le gouvernement de doter le pays d’une Politique nationale d’évaluation. C’est ce qui vient de se faire pour la période 2025-2034. Sa stratégie a également été approuvée pour les cinq prochaines années.
La Pne s’applique à l’ensemble des structures publiques,
aussi bien centrales que déconcentrées ou décentralisées. Elle est pilotée en
synergie avec le Conseil national de l’évaluation (Cne), garant de la cohérence
technique et éthique des évaluations menées.
La politique s’articule autour de plusieurs axes que sont
le renforcement des capacités institutionnelles, la professionnalisation de la
fonction évaluative, le développement d’un cadre méthodologique national, la
création de mécanismes de financement de l’évaluation et valorisation des
résultats dans les processus de décision. Elle a introduit des innovations
comme les évaluations rapides, les auto-évaluations, ainsi que la diffusion de
guides et outils standards pour uniformiser les pratiques.
Au plan national, elle s’appuie, d’un côté, sur les
orientations nationales de développement telles que le Plan national de
développement, le Programme d’action du gouvernement, l’Agenda spatial, etc,
liées à la bonne gouvernance. Elle tire, de l’autre, son ancrage des
dispositions de la loi n°2024-09 du 20 février 2024 portant loi-cadre sur la
planification du développement et sur l'évaluation des politiques publiques en
République du Bénin.
Elle résulte d’une démarche participative et est portée par
la vision qu’« A l’horizon 2034, la culture évaluative au Bénin est ancrée dans
les pratiques de gestion et les prises de décisions fondées sur des résultats
des évaluations à tous les niveaux». Pour ce faire, ladite Politique est
déclinée en orientations stratégiques et en programmes puis fera l’objet
d’évaluation par un mécanisme dédié.
Cette Politique a l’avantage de corriger les
insuffisances de la précédente et prend en compte les outils nouveaux de
mobilisation et d’engagement pour la prise de décisions publiques. Assortie
d’une stratégie sur la période 2025-2029, elle est arrimée à l’Agenda
international de développement à travers les Objectifs de développement durable
(Odd), « l’Agenda 2063 » de l’Union africaine et la « Vision 2050 » de la Cedeao.
Cadre légal innovant
L’adoption de cette politique nationale d’évaluation fait
suite au vote de la loi n°2024-09 du 20 février 2024 portant loi-cadre sur la
planification du développement et sur l'évaluation des politiques publiques en
République du Bénin. Adoptée le 20 février 2024, cette loi établit un cadre
légal unifié pour la planification du développement et l’évaluation des
politiques publiques en République du Bénin.
En effet, tirant leçon de l’état des lieux avant 2016,
l’élaboration d’un cadre législatif et réglementaire de gestion du processus de
développement est un héritage important pour le pays et les futurs dirigeants.
En effet, les dysfonctionnements relevés se traduisent entre autres, par les
difficultés techniques récurrentes liées à l’hétérogénéité des méthodes et la
multiplicité des outils de planification au sein de l’Administration publique,
la faible appropriation dans la pratique des changements de paradigme et des
approches intervenus dans la gestion du développement, la faible capacité des
acteurs publics en matière de pilotage du développement et la faible pratique
de la culture évaluative. Cette situation s’explique par l’inexistence d’un
cadre législatif qui encadre et organise la fonction de planification de
développement et celle de l’évaluation des politiques publiques.
Cette absence d’exigences légales avant 2016 n’a pas
favorisé la stabilité du cadre de la planification, la fonction d’évaluation et
la mobilisation des moyens d’action concrets pour assurer son efficacité au
service de la gestion du développement.
Mais depuis 2016, le gouvernement s’y est penché en
initiant la loi n°2024-09 du 20 février 2024 portant loi-cadre sur la
planification du développement et l’évaluation des politiques publiques. Cette loi fixe le cadre national de
planification du développement et de l’évaluation des politiques publiques.
Elle s’applique à toutes les institutions, à tous les organismes publics, à
tous les niveaux de planification (central ou décentralisé) en République du
Bénin.
Le vote de cette loi vise à structurer l’action
gouvernementale sur la base d’une vision à long terme, tout en renforçant la
culture de la redevabilité et de la performance dans la gestion publique.
La loi s’applique à toutes les entités de l’État –
administrations centrales, structures déconcentrées, collectivités
territoriales, et institutions publiques – et repose sur plusieurs principes
fondamentaux : efficacité, transparence, équité, subsidiarité, durabilité, et
participation citoyenne.
Parmi les dispositions clés, la loi institue l’obligation
d’élaborer une Vision nationale de développement à long terme, révisable tous
les cinq ans, organise la planification en deux sous-systèmes : central et
local, avec une hiérarchie claire des documents (vision, plans stratégiques,
programmes d’actions, plans communaux, etc.) et impose l’élaboration du
Programme d’action du gouvernement (Pag) dans les six mois suivant la prise de
fonction du président de la République, assorti d’un suivi-évaluation rigoureux.
Cette loi consacre également l’évaluation comme un outil
permanent de pilotage de l’action publique, avec obligation de produire des
rapports d’évaluation intermédiaires et de fin de cycle.