La Nation Bénin...
Les effets de la subvention des engrais sur l’agriculture et le bien-être des ménages au Bénin ont fait l’objet d’un travail scientifique. Les résultats font état d’une contribution significative au développement du secteur agricole et par ricochet du tissu socio-économique.
Au
Bénin, le développement de l’agriculture est confronté à de multiples
contraintes allant des perturbations climatiques à la baisse de la fertilité
des sols, en passant par la faible utilisation d'engrais minéraux et des outils
et pratiques agricoles inadaptés. Ainsi, soutenir l’approvisionnement en
engrais contribue à la sécurité alimentaire et à l’amélioration des moyens de
subsistance, selon une note politique rédigée par des experts, dans le cadre du
projet “Renforcement des capacités et soutien avancé pour l'analyse des
politiques à l'aide de modèles économiques au Bénin, au Kenya et en Namibie”,
financé par la Giz. Globalement, ils indiquent que la subvention des engrais
augmente la production agricole, améliore le bien-être des ménages et a un effet
positif sur les indicateurs macroéconomiques. Une subvention des engrais pour
les cultures vivrières a des effets positifs plus importants sur la production
vivrière et entraîne des baisses plus fortes des prix des produits vivriers,
améliorant ainsi davantage la sécurité alimentaire. En revanche, une subvention
aux engrais pour toutes les cultures a des effets positifs plus importants sur
le revenu et le bien-être des ménages pauvres, ainsi que des effets plus
importants sur les exportations. Pour les experts, afin que les effets positifs
d’une subvention des engrais se concrétisent, le système de distribution des
engrais et les services de conseils agricoles doivent être efficaces en vue de
garantir que les engrais atteignent les agriculteurs ciblés et que ces derniers
aient la capacité d'utiliser les engrais de manière efficace.
Respectueux des engagements
En effet, la faim augmente dans presque tous les pays africains, avec une prévalence de la sous-alimentation de près de 20 % (Pnud, 2021). La nécessité d'améliorer la productivité agricole est donc réelle. La fertilité des sols et un apport suffisant en nutriments sont des ingrédients importants pour améliorer cette productivité.
Des
stratégies ont été donc développées par les producteurs et les institutions de
recherche-développement notamment des techniques améliorées de gestion de l'eau
et des sols, et les techniques de fertilisation pour améliorer la productivité
agricole. Or, notent les experts, dans le système agricole actuel, il est
difficile d'augmenter les rendements sans accroître l'utilisation d'engrais,
dont l’usage reste inférieur à l'objectif fixé dans la Déclaration de Malabo
(juin 2014), c’est-à-dire “appliquer au moins 50 kg/ha d'éléments nutritifs sur
les terres arables”. Les dirigeants africains se sont engagés dans cette
déclaration à accélérer l'accès des agriculteurs à des engrais abordables et à
augmenter le niveau d'utilisation des engrais. Au Bénin, la quantité moyenne
d'éléments nutritifs appliquée par hectare était d'environ 45 kg en 2019 (Maep,
2020). Les prix des engrais livrés aux agriculteurs sont restés stables à
environ 240 francs Cfa par kg pendant de nombreuses années. Un prix qui a été
soutenu par une subvention gouvernementale de 33 % du prix du marché avant
2020. Plusieurs crises en 2008 (inflation mondiale), 2019 (Covid 19), et 2021
(invasion russe en Ukraine) ont conduit le gouvernement à augmenter les
dépenses pour les subventions d'engrais.
Implications politiques
Selon les experts, relativement aux implications politiques de ces mesures, une subvention des engrais ciblant les cultures vivrières entraîne une forte augmentation de la production vivrière et une forte baisse des prix de ces produits, et par conséquent, une telle politique rendrait les produits vivriers plus accessibles et améliorerait la sécurité alimentaire. Ils indiquent que cela suggère que pour améliorer le niveau de sécurité alimentaire au Bénin, le gouvernement pourrait subventionner des engrais destinés aux cultures vivrières. Le ciblage de toutes les cultures par une subvention aux engrais se traduit par des effets plus importants sur les exportations, mais par des effets plus faibles sur la production vivrière. Cela suggère, selon les experts, que pour assurer des entrées plus importantes de devises étrangères dans le pays, le gouvernement pourrait cibler toutes les cultures. En outre, ce scénario est plus favorable aux effets de la subvention des engrais sur l'agriculture et le bien-être des ménages au Bénin.