La Nation Bénin...
Le
secteur bancaire au Bénin est en pleine mutation avec l'adoption croissante de
solutions numériques. Applications mobiles, fintechs et services en ligne
redéfinissent l'accès aux services et renforcent l'inclusion financière.
La
transformation numérique s'impose peu à peu dans le paysage bancaire au Bénin,
entraînant de profonds changements dans la façon dont les institutions
financières fonctionnent. Les applications mobiles et les fintechs sont
désormais au cœur de cette évolution, offrant des solutions de banque en ligne
accessibles et pratiques pour les utilisateurs. Avec en plus le système de
paiement instantané interopérable de l'Union économique et monétaire ouest-africaine
(Uemoa), le Bénin est en marche vers une véritable banque 2.0, connectée,
accessible et inclusive. « La digitalisation nous permet non seulement
d'étendre nos services au-delà des zones urbaines, mais aussi de proposer des
solutions pratiques à une clientèle qui devient de plus en plus jeune et
numérique », indique Oswald Zinsou Adadji, chef d’agence d'une banque de la
place. En effet, les services bancaires en ligne et les applications mobiles
simplifient l'accès aux comptes, les transferts d'argent et même les
investissements, avec un accès en quelques clics sur son téléphone. «
Aujourd’hui, vous avez votre banque à portée de main. Nous, nous disposons
d’une application que vous pouvez installer sur votre téléphone et qui vous
permet de faire toute opération depuis votre smartphone, même des opérations de
caisse », renseigne-t-il. Les fintechs locales jouent un rôle essentiel dans
cette dynamique en rendant les services financiers accessibles aux populations
auparavant exclues du système bancaire. L'accès à des solutions comme les
portefeuilles électroniques et les paiements via mobile est perçu aujourd’hui
comme une avancée majeure pour l'inclusion financière au Bénin où une grande
partie de la population reste non bancarisée. Grâce à des partenariats entre
les fintechs et les banques traditionnelles, ces dernières peuvent toucher des
populations rurales et périurbaines, contribuant ainsi à réduire la fracture
financière. « Ces solutions permettent non seulement de simplifier les
transactions, mais aussi de démocratiser l'inclusion financière, en apportant
des services bancaires modernes à ceux qui en étaient historiquement exclus »,
ajoute le banquier. Jocelyne Kloubou, entrepreneure transformatrice à
Abomey-Calavi, témoigne de l'impact de ces innovations. «Avant, je devais
parcourir de longues distances pour accéder à une institution financière.
Aujourd'hui, je gère mes finances et paye mes fournisseurs via mon téléphone
portable. C'est un gain de temps énorme », confie-t-elle.
Pour
soutenir cette transition, l'Uemoa a lancé une phase pilote de son système de
paiement instantané interopérable, qui comprend pour l'instant 25 institutions
financières dans la sous-région, dont trois au Bénin.
Ecosystème
intégré
Ce système vise à renforcer l'accessibilité des services bancaires et à fluidifier les échanges monétaires entre différents acteurs du secteur financier. Avec ce système, les clients peuvent effectuer des transferts d'une banque à une autre en temps réel, même lorsqu'ils utilisent des institutions bancaires différentes, favorisant ainsi la circulation de la monnaie et une meilleure intégration régionale. L'impact de ce système est double. Il améliore la rapidité des transactions et réduit les coûts associés, deux aspects essentiels pour encourager les petites entreprises et les entrepreneurs à intégrer davantage les outils bancaires dans leur gestion quotidienne. Cependant, cette transition vers une banque 2.0 n'est pas sans défis. La cybersécurité reste une préoccupation majeure, alors que le nombre de cyberattaques augmente. De plus, l'accès à internet et la connectivité mobile peuvent encore être limités dans certaines régions. Pour les institutions financières, garantir la sécurité des transactions tout en facilitant l'accessibilité aux services numériques est une priorité. « Nous investissons continuellement aujourd’hui dans des solutions de sécurité pour protéger les données de nos clients. Le renforcement de nos services numériques est essentiel pour que cette transformation réussisse », indique Youssouf Tidjani, responsable de la sécurité informatique dans une banque de la place. Aussi, le Centre national d'investigations numériques (Cnin) du Bénin mis en place récemment par le gouvernement joue un rôle clé dans la protection des institutions financières contre ces menaces croissantes. Grâce à des outils avancés de surveillance et d'analyse, le Cnin collabore avec les banques pour détecter rapidement les activités suspectes et intervenir avant qu'elles ne causent des dommages. « Nous travaillons avec les acteurs financiers pour renforcer leurs systèmes de défense numérique et prévenir les cyberattaques, qui sont de plus en plus sophistiquées », explique Ouanilo Médégan Fagla, directeur général du Cnin, lors d’un entretien sur la cybercriminalité et la résilience numérique. Le Bénin n’est pas encore au bout de ses ambitions, mais le chemin vers la numérisation complète se poursuit. Bien que les populations rurales soient encore réticentes, les avantages pour les utilisateurs sont indéniables. « En plus de l'accessibilité, les services numériques permettent un gain de temps, une meilleure transparence dans les transactions et une réponse rapide aux besoins des clients », précise le chef d’agence Oswald Zinsou Adadji. Le secteur bancaire béninois, en pleine transition, est désormais prêt à rivaliser avec d'autres marchés de la région, ouvrant la voie à une économie plus inclusive et innovante. Ainsi, la transformation numérique du secteur bancaire au Bénin témoigne d'un avenir où les services financiers seront à la portée de tous. La banque 2.0 semble déjà une réalité pour certains et une promesse accessible pour d'autres.