Editorial de Paul AMOUSSOU: La technique juridique, pas la pichenette politique
Chroniques
La technique juridique, pas la pichenette politique
La
révision constitutionnelle adoptée par l’Assemblée nationale béninoise le 14
novembre 2025 se distingue fondamentalement des réformes institutionnelles
observées dans de nombreux pays africains, en ce qu’elle ne vise nullement à
pérenniser le pouvoir du président en exercice, au-delà des limites
constitutionnellement prévues.
Par
Paul AMOUSSOU, le 26 nov. 2025
à
14h21
Durée 3 min.
#éditorial de Paul Amoussou
#L'éditorial de Paul Amoussou
Bien
que cette réforme introduise des changements majeurs affectant des éléments
cruciaux de la vie politique nationale, notamment l’allongement du mandat
présidentiel de cinq à sept ans, elle maintient intégralement une disposition
fondamentale garantissant que nul ne pourra exercer plus de deux mandats
présidentiels au cours de sa vie. Cette protection constitutionnelle demeure
intacte et inviolable, ce qui signifie que le président actuellement en
fonction devra inexorablement céder place à son successeur à la fin de son
mandat, conformément aux principes démocratiques et aux garde-fous
institutionnels établis depuis la Constitution de 1990.
Cette caractéristique
revêt une importance capitale car elle démontre que le Bénin s’inscrit dans une
démarche réformatrice guidée par l’intérêt supérieur de la nation et non par
les ambitions personnelles d’un homme ou d’un groupe au pouvoir. Contrairement
à la tendance regrettablement fréquente qui prévaut sur le continent africain,
où les révisions constitutionnelles intervenant en fin de mandat présidentiel
sont généralement instrumentalisées pour favoriser le maintien indéfini au
pouvoir, le Bénin privilégie une approche fondamentalement différente et
exemplaire. Cette révision constitutionnelle se fonde plutôt sur une analyse
rigoureuse des réalités nationales, des besoins structurels de l’État, de la
nécessité de renforcer la stabilité institutionnelle et de répondre aux
aspirations légitimes du peuple béninois en matière de développement, de bonne
gouvernance et de préservation de la paix sociale. Le passage du mandat
présidentiel à sept ans s’inscrit dans une logique de continuité programmatique
et de consolidation des réformes engagées, tandis que la création du Sénat
répond à un impératif de régulation de la vie politique et de préservation de
l’unité nationale. Cette distinction positive du Bénin sur la scène
continentale illustre la possibilité d’opérer des transformations
constitutionnelles substantielles en privilégiant la technique juridique,
l’État de droit et l’intérêt collectif, plutôt que de succomber aux tentations
autocratiques qui caractérisent malheureusement de nombreuses transitions institutionnelles
en Afrique