La Nation Bénin...
Le Centre de spectacle La B’AZ situé à Ouèdo dans la
commune d’Abomey-Calavi, a accueilli, lundi 18 septembre dernier, la
représentation théâtrale de la pièce 2 500 jours et nuits. Ce texte écrit et
mis en scène grâce au dispositif d’aide à la création de l’Institut français de
Cotonou interroge la menstruation chez la femme et déconstruit les certitudes.
La pièce lève un coin de voile sur les menstrues qui
constituent un tabou, et dont on parle à la limite avec aversion dans les
sociétés africaines traditionnelles. Pour inverser la tendance et éviter à la
femme ce supplice moral, l’Institut français de Cotonou s’allie à des acteurs
culturels, artistes et comédiens. Ce lundi 18 septembre, quand la brise du soir
recouvrait Calavi et environs, « 2 500 jours et nuits », ce texte
pondu sous la plume de Carmen Toudonou et mis en scène par Achille Yaovi
Sènifa, était en représentation théâtrale. C’est l’histoire d’une mère et sa
fille, qui parlent des premières menstruations. Sur scène, Sidoine Agoua, dans
le rôle de la fille, et Ornela Fagnon dans le rôle de la mère. Dans un
captivant décor scénique, l’ingénieur de son et de lumière Habdul Babanama
plonge les spectateurs dans l’univers de l’intimité de la femme, à travers
l’alliage des couleurs et des sons.
La jeune fille qui venait d’avoir ses premières règles
s’indigne et dénonce le regard accusateur des « camarades garçons qui
accablent, des amies filles qui ne vous défendent pas… » La mère la
console, la rassure et lui explique que ceci provient du fonctionnement normal
de son corps de femme. Les premières menstruations surviennent chez les filles
entre 8 et 16 ans ; à ce moment, l’hypophyse, une glande qui est localisée
près du cerveau, provoque la puberté. Le corps libère des hormones, …l’ovaire
produit de l’œstrogène, alors la fille commence à ovuler. L’utérus se dispose
pour recevoir un embryon ; pour cela, il lui prépare un nid en produisant
davantage de muqueuse utérine appelée endomètre. A la fin du cycle, quand la
fécondation n’a pas eu lieu, l’utérus élimine cet endomètre devenu inutile.
Cela provoque les règles. Ceci dure généralement entre 3 et 7 jours. Une femme
aura en moyenne 450 cycles menstruels au total, soit près de 7 ans de règles,
soit environ 2 500 jours et nuits de règles dans sa vie. « Nous ne sommes
ni sales ni dégoûtantes ni répugnantes », conclut-elle.
La pièce, qui sonne comme un appel au changement d’attitude
vis-à-vis de cette condition féminine, invite également la femme à s’affirmer
en assumant sa féminité. Et c’est ce que l’auteur voudrait que la femme
retienne par-dessus tout : « Désormais, tu diras j’ai mes
règles ; tu le diras fièrement, puisque le dire, c’est dire j’ai en moi
des germes de vie, je suis porteuse potentielle de vie ».