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2 500 jours et nuits de règles: « Nous ne sommes ni sales ni dégoûtantes ni répugnantes » (Le théâtre pour démystifier les menstrues)

Culture
Ornela Fagnon et Sidoine Agoua en plein spectacle Ornela Fagnon et Sidoine Agoua en plein spectacle

Le Centre de spectacle La B’AZ situé à Ouèdo dans la commune d’Abomey-Calavi, a accueilli, lundi 18 septembre dernier, la représentation théâtrale de la pièce 2 500 jours et nuits. Ce texte écrit et mis en scène grâce au dispositif d’aide à la création de l’Institut français de Cotonou interroge la menstruation chez la femme et déconstruit les certitudes.

Par   Isidore GOZO, le 03 oct. 2023 à 07h36 Durée 3 min.
#2 500 jours et nuits de règles #Le théâtre pour démystifier les menstrues

La pièce lève un coin de voile sur les menstrues qui constituent un tabou, et dont on parle à la limite avec aversion dans les sociétés africaines traditionnelles. Pour inverser la tendance et éviter à la femme ce supplice moral, l’Institut français de Cotonou s’allie à des acteurs culturels, artistes et comédiens. Ce lundi 18 septembre, quand la brise du soir recouvrait Calavi et environs, « 2 500 jours et nuits », ce texte pondu sous la plume de Carmen Toudonou et mis en scène par Achille Yaovi Sènifa, était en représentation théâtrale. C’est l’histoire d’une mère et sa fille, qui parlent des premières menstruations. Sur scène, Sidoine Agoua, dans le rôle de la fille, et Ornela Fagnon dans le rôle de la mère. Dans un captivant décor scénique, l’ingénieur de son et de lumière Habdul Babanama plonge les spectateurs dans l’univers de l’intimité de la femme, à travers l’alliage des couleurs et des sons.

La jeune fille qui venait d’avoir ses premières règles s’indigne et dénonce le regard accusateur des « camarades garçons qui accablent, des amies filles qui ne vous défendent pas… » La mère la console, la rassure et lui explique que ceci provient du fonctionnement normal de son corps de femme. Les premières menstruations surviennent chez les filles entre 8 et 16 ans ; à ce moment, l’hypophyse, une glande qui est localisée près du cerveau, provoque la puberté. Le corps libère des hormones, …l’ovaire produit de l’œstrogène, alors la fille commence à ovuler. L’utérus se dispose pour recevoir un embryon ; pour cela, il lui prépare un nid en produisant davantage de muqueuse utérine appelée endomètre. A la fin du cycle, quand la fécondation n’a pas eu lieu, l’utérus élimine cet endomètre devenu inutile. Cela provoque les règles. Ceci dure généralement entre 3 et 7 jours. Une femme aura en moyenne 450 cycles menstruels au total, soit près de 7 ans de règles, soit environ 2 500 jours et nuits de règles dans sa vie. « Nous ne sommes ni sales ni dégoûtantes ni répugnantes », conclut-elle.

La pièce, qui sonne comme un appel au changement d’attitude vis-à-vis de cette condition féminine, invite également la femme à s’affirmer en assumant sa féminité. Et c’est ce que l’auteur voudrait que la femme retienne par-dessus tout : « Désormais, tu diras j’ai mes règles ; tu le diras fièrement, puisque le dire, c’est dire j’ai en moi des germes de vie, je suis porteuse potentielle de vie ».