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Bande dessinée « Tassi Hangbé l’amazone reine du Danxomè »: Mèdessè Nathalie Sagbo redonne de la visibilité à une figure inspirante

Culture
Mèdessè Nathalie aux côtés de la vice-présidente Mèdessè Nathalie aux côtés de la vice-présidente

Redonner de la visibilité à une figure inspirante, célébrer nos racines, ouvrir la voie à un avenir où les femmes sont reconnues à leur juste valeur. C’est l’objectif poursuivi par Mèdessè Nathalie Sagbo à travers la publication de la bande dessinée « Tassi Hangbé l’amazone reine du Danxomè », dont le lancement officiel a eu lieu, jeudi 6 décembre dernier au Novotel à Cotonou. 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 09 déc. 2024 à 07h07 Durée 3 min.
#Art et culture

Le témoignage de la vice-présidente de la République, Mariam Chabi Talata, à l’occasion du lancement de la bande dessinée « Tassi Hangbé l’amazone reine du Danxomè » laisse apprécier la richesse de son contenu. On doit l’ouvrage à Mèdessè Nathalie Sagbo avec des illustrations du dessinateur Gilchrist Domingo. Angélique Kidjo en est la préfacière. L’auteure expliquera en effet que ce livre est l’aboutissement d’un rêve porté par une idée forte, celle de transmettre, de valoriser et de célébrer l’histoire de la reine. Tassi Hangbé, rappelle-t-elle, est une reine du 18e siècle, qui incarne un symbole de leadership féminin et de résistance. C’est une héroïne qui mérite d’être connue, une femme qui a régné, guidé et marqué son époque, soutient-elle.

Cette bande dessinée, bien plus qu’un simple récit, doit être vue comme un message de transmission, de résistance et d’identité culturelle. « En explorant son parcours, j’ai voulu mettre en lumière la place centrale des femmes dans l’histoire, une place trop souvent oubliée. Nous vivons à une époque où il est essentiel de redonner de la visibilité à ces figures inspirantes, de montrer que les femmes ont toujours joué un rôle central dans l’histoire de nos civilisations, qu’elles ont toujours été des leaders, des bâtisseuses d’empires, des protectrices de leur culture », indique Mèdessè Nathalie Sagbo. Courage, volonté, moments de doute, peur d’abandon, résilience et passion ont été ses compagnons sur ce chemin qui n’aura pas été simple, reconnaît-elle. Pour ce qui est de Tassi Hangbé, son histoire mérite d’être connue, parce que, témoigne l’auteure, « nous avons besoin de modèles qui nous ressemblent et qui nous inspirent ». Fière et émue d’avoir pu finaliser son projet, elle assure que cette Bd est « un pas de plus pour ouvrir la voie à un avenir où les femmes sont reconnues à leur juste valeur ». 

Ancêtre des Agodjié

La reine éponyme de l’ouvrage est une femme de courage, visionnaire et symbole intemporel de résilience. Elle incarne un pan essentiel de notre patrimoine historique et culturel, retient le ministre en charge de la Culture, Jean Michel Abimbola. Le choix de la bande dessinée, un des genres littéraires les plus populaires, alliant textes et images pour offrir des expériences immersives qui captivent aussi bien les jeunes que les moins jeunes, le séduit si bien. Ce livre est « un voyage dans le temps, au cœur des valeurs et des récits qui continuent de forger notre identité collective », soutient le ministre. Figure historique, injustement rendue invisible, son règne de seulement trois ans (1708-1711) aura eu un impact profond. « Elle est reconnue pour son rôle décisif dans l’organisation des métiers traditionnellement réservés aux hommes, notamment dans le domaine militaire », reconnait-il. A elle revient la création de la première unité féminine de l’armée, ancêtre des célèbres Agodjié, les légendaires amazones. Pour le ministre, l’œuvre de Mèdessè Nathalie Sagbo réhabilite une histoire longtemps marginalisée, en la rendant accessible et captivante. « Son travail artistique met en lumière le courage, la ténacité et la vision de Tassi Hangbé, mais aussi les transitions et la vie dans la cité royale d’Abomey, tout en soulignant l’importance de revisiter nos récits historiques pour réaffirmer notre identité culturelle », défend-il.

« En lisant la bande dessinée, j’ai pu comprendre que cette femme a aimé son royaume, au vrai sens du terme. Elle s’est sacrifiée pour son royaume, mais elle n’a pas été récompensée à la hauteur de son sacrifice », dira pour sa part la vice-présidente de la République. En remontant à l’histoire de Tassi Hangbé telle que relatée dans l’ouvrage, Mariam Chabi Talata appelle à travailler à l’élimination des discriminations au sein de nos sociétés. « Nous ne sommes pas limitées, nous autres femmes… Il suffit de croire en nous, d’accepter que nous restions à côté de vous (les hommes Ndlr) pour participer à la gestion de nos cités », plaide-t-elle. Selon elle, les enfants qui liront cette bande dessinée en tireront beaucoup de leçons. Même si elle a été rendue invisible, il faut travailler à présent à la rendre visible pour qu’elle soit un modèle qui inspire les jeunes générations, souhaite-t-elle. Autant qu’elle, Angélique Kidjo note, dans sa préface, le courage et la détermination de cet ancêtre dont l’histoire a besoin d’être comprise et mémorisée par toutes les générations. À une époque qui déborde d’informations de tous genres, où tout s’oublie vite, il est indispensable de revenir sur notre propre passé, ce qui nous permettra de comprendre notre culture actuelle dont nous ne sommes malheureusement pas assez fiers, exhorte la diva. De nombreuses personnalités du monde politique et des décideurs de tous ordres dont le président Bruno Amoussou ont pris part à cette cérémonie de lancement qui s’est conclue par la traditionnelle séance des dédicaces.