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Troisième édition du Sia: L’indigo africain en fête

Culture
La promotrice du salon évoquant ce rendez-vous  autour de l'indigo La promotrice du salon évoquant ce rendez-vous autour de l'indigo

Aux ''indigotières'' du Bénin se joindront leurs pairs venus de plusieurs autres pays pour célébrer du 27 au 30 novembre prochain, la troisième édition du Salon de l’indigo africain (Sia). Ce patrimoine ancestral devenu un art et même un métier sera sous les feux de la rampe entre Cotonou et Ouidah à l’occasion de cet Acte 3 qui se veut un moment de réflexion pour une meilleure valorisation de l’indigo.

 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 06 nov. 2024 à 09h56 Durée 2 min.
#Sia 2024 #indigo africain

Le compte à rebours a commencé. C’est par cette affirmation que Nadia Adanlé Onibon, promotrice et entrepreneure culturelle, a donné le ton pour les activités de la troisième édition du Salon de l’indigo africain (Sia). La conférence de presse de lancement de l’édition 2024 du Sia a été le moment choisi pour dévoiler ce que sera cette édition. Elle fera parler, au dire de l’initiatrice de l’évènement, les signes non formels et peu conventionnels autour de l’indigo. L’indigo semble en effet un mot vite fait, mais c’est toute une filière, un patrimoine, un art et un métier avec des langages codés et non codés. Autour du tissu teint à l’indigo, il existe aussi l’expertise d’un codage que la présente édition veut travailler à révéler. « Nous voulons rentrer dans nos tréfonds pour exhumer tous les signes non officiels de ce savoir-faire », explique Nadia Adanlé Onibon. Un travail de recherche qui doit s’étendre dans le temps et dans l’espace. Selon la promotrice, il s’est développé autour de cet art, des contes, des proverbes, des images, des signes, des symboles, des dessins, des noms de famille, de quartier... Cet ensemble de signes non-formels qui échappent encore à la communauté. Déjà, il est envisagé un ouvrage sur les motifs avec plus de 800 éléments distinctifs liés à cet art.

L’un des combats du troisième Sia, c’est de faire accepter le travail de l’indigo comme un métier à part entière. Les réflexions doivent aller dans ce sens, insiste Nadia Adanlé Onibon qui rappelle les nombreux corps de travail qui ont germé autour. Il ne faut donc plus y voir un quelconque travail artisanal, mais un métier bien structuré avec des embranchements divers qui méritent d’être connus du public. Les ''indigotières et indigotiers'' qui travaillent à valoriser cet art ont besoin d’être soutenus pour détenir des attributs qui les distinguent et qui « font que notre profession a une identité remarquable, visible », projette la promotrice. Comme pays à l’honneur à la présente édition, la Guadeloupe. Cette terre qui a vu déporter des milliers d’esclaves partis des actuelles côtes béninoises conserve une pratique de l’ingénierie de l’indigo qu’il plait aux initiateurs du Sia d’exposer et même de questionner. Les esclaves d’hier partis sans doute avec cet héritage l’ont perpétué au point de le léguer à la postérité. « Dans des départements d’outre-mer, certains sont partis avec. On aimerait savoir ce que le savoir est devenu de l’autre côté », ont soutenu les organisateurs en conférence de presse. Une journée scientifique est aussi prévue pour des réflexions technique, stratégique et économique, de même qu’une résidence de création. L’acte final du salon est consacré à l’indigo night fashion. Dernier jour pour faire la fête avec la nuit de l’indigo. Ce moment particulier où créateurs, stylistes et mannequins tentent d’immortaliser avec ingéniosité ce patrimoine qu’est l’indigo■