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Capital naturel et productivité économique en Afrique: Les avantages d’une évaluation plus juste de la richesse verte

Economie
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L’Afrique, riche en ressources naturelles mais pauvre en liquidités, doit réévaluer son capital naturel pour transformer son paysage économique. Cette démarche est essentielle pour attirer les investissements, renforcer la durabilité financière et ouvrir la voie à un développement inclusif et résilient, selon la Bad.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 22 nov. 2024 à 10h09 Durée 2 min.
#ressources naturelles #Afrique

L’Afrique doit prendre en compte son capital naturel et « verdir » son produit intérieur brut (Pib), selon un récent rapport de la Banque africaine de développement (Bad) intitulé Mesurer la richesse verte des nations : Capital naturel et productivité économique en Afrique. Le document met en évidence le paradoxe entre la richesse naturelle abondante du continent et sa pauvreté monétaire. Alors que le capital naturel de l’Afrique était estimé à 6 200 milliards de dollars US en 2018, elle capte moins de 1 % des 2 200 milliards de dollars des obligations vertes mondiales.

Le rapport souligne que cette estimation est probablement sous-évaluée. Les découvertes récentes de ressources minérales et extractives, ainsi que les services écosystémiques non pris en compte, comme la séquestration du carbone, ne sont pas intégrés dans ces chiffres.

« Il est essentiel que la richesse écologique de l’Afrique soit correctement évaluée et prise en compte dans le calcul de la viabilité de la dette de l’Afrique », déclare Dr. Akinwumi A. Adesina, président du Groupe de la Bad.

Une meilleure évaluation de cette richesse permettrait de révéler la valeur réelle des économies africaines, facilitant ainsi des investissements plus ciblés. En incluant le capital naturel dans les calculs du Pib, l’Afrique pourrait améliorer son accès au marché des obligations vertes et lever des fonds pour investir dans des infrastructures écologiques résilientes et des technologies vertes adaptées au changement climatique.

Comptabilité verte

On estime que 60 % du Pib de l’Afrique provient des ressources naturelles et des services écosystémiques essentiels. De plus, une augmentation de la valeur attribuée au capital naturel pourrait contribuer à réduire les coûts d’emprunt.

Des initiatives comme la Comptabilité du capital naturel (Ccn) sont en cours sur le continent, avec le soutien de la communauté internationale, pour intégrer les dimensions environnementales dans les politiques économiques. Toutefois, selon une enquête de la Bad réalisée en juin 2023, la plupart des pays africains peinent à respecter la révision quinquennale recommandée par le Système de comptabilité nationale 2008 (Scn 2008). Cette lenteur limite l’ajustement des estimations du Pib aux transformations structurelles des économies africaines.

Le rapport souligne également que les services écosystémiques, comme la séquestration du carbone, sont largement ignorés. En 2018, les forêts africaines représentaient 26 % du carbone séquestré dans le monde, tandis que le continent ne produit que 4 % des émissions de combustibles fossiles.

La séquestration du carbone dans le bassin du Congo pourrait, à elle seule, générer jusqu’à 77 milliards de dollars US, selon l’étude. Intégrer ces contributions dans les comptes nationaux renforcerait les finances publiques tout en favorisant des investissements accrus dans la conservation des forêts.

Stratégies

Lors de la Cop 29 à Bakou, en Azerbaïdjan, le professeur Kevin Chika Urama, économiste en chef et vice-président de la Bad, a insisté sur l’urgence pour l’Afrique d’adopter le Système de comptabilité économique et environnementale (Scee). Cet outil est indispensable pour intégrer pleinement les dimensions environnementales dans les indicateurs économiques comme le Pib, a-t-il souligné.

Pour maximiser les opportunités liées au capital naturel, la Bad préconise non seulement d’harmoniser les méthodologies pour évaluer et intégrer le capital naturel dans les politiques économiques, mais aussi de stimuler les investissements verts, notamment via les obligations vertes et les financements climatiques et de renforcer les capacités techniques des institutions nationales pour appliquer rigoureusement des outils comme le Scee.

Par ailleurs, la communauté internationale doit intégrer la valeur du capital naturel dans les mesures de revenu national. Cette démarche pourrait améliorer le profil de risque des pays africains et leur cote de crédit. De même, la comptabilisation de la séquestration du carbone par les forêts africaines pourrait stimuler les investissements dans la préservation de ces écosystèmes, même si elle nécessite de surmonter des défis liés à l’évaluation des services écosystémiques.

La Bad plaide pour un agenda dédié aux politiques et aux comptes nationaux verts en Afrique, affirmant son rôle central dans la mobilisation des pays pour intégrer le capital naturel dans leurs stratégies économiques.