Les prix domestiques des produits alimentaires sont quasi stables à court terme dans l’Uemoa, mais sont significativement influencés par l’évolution des cours mondiaux sur le long terme, d’après une étude publiée par la Bceao (août 2023). De l’analyse sur le « Degré de transmission des prix internationaux aux prix domestiques », il ressort qu’une hausse de 10 % des cours mondiaux de produits alimentaires induit une progression de 2,3 points de pourcentage pour l’inflation alimentaire et 1,2 point de pourcentage pour l’inflation globale dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).
L’étude a porté sur le riz, le blé, les huiles, le sucre et les produits laitiers, mais également sur les produits pétroliers. A l’analyse, 68 % des fluctuations des cours mondiaux du riz se répercutent sur les prix domestiques du riz. Le degré de transmission est évalué à 59 % pour les huiles, 45 % pour le blé et 38 % pour le sucre, souligne le rapport de l’étude menée par la direction générale de l'Economie et de la Monnaie de la Bceao. Elle montre que les chocs sur les fluctuations internationales sont absorbés avec un délai moyen de 10 mois pour le riz et les huiles, 15 mois pour le sucre et 20 mois pour le blé.
En ce qui concerne les produits laitiers, les chocs à l’international n’ont pas un impact significatif sur les prix domestiques, sauf dans trois pays. En effet, une hausse de 10 % des cours mondiaux des produits laitiers induit de légères hausses des prix domestiques de 0,2 % au Sénégal et au Togo, et de 0,9 % au Mali.
Action !
Au regard du degré de transmission des impulsions des cours mondiaux sur le marché domestique, les Etats sont appelés à prendre des mesures pour réduire leur dépendance extérieure en produits alimentaires importés. Pour ce faire, ils devront mettre l’accent sur les actions visant à rendre le secteur agricole moins vulnérable aux chocs climatiques et promouvoir davantage la transformation locale, prône la Bceao.
Par rapport aux produits pétroliers, l’étude montre qu’une hausse de 10 % des cours mondiaux du pétrole brut induit une hausse de 4,6 % des prix de l’essence à la pompe dans l’Uemoa. Les chocs de déséquilibre sont corrigés dans un délai de 10 mois et entraînent à long terme une progression de l’inflation de 0,5 point de pourcentage. La transmission des cours mondiaux sur les prix de l’essence à la pompe est plus forte au Bénin et au Togo.
L’analyse insiste sur la nécessité de mettre en œuvre une politique d’ajustement régulier des prix et de réduire la fiscalité pour mieux contenir la transmission des prix internationaux. Aussi, importe-t-il d’accroître l’offre locale de produits pétroliers raffinés afin de réduire l’exposition des pays de l’Union à la volatilité des cours internationaux du brut.
Par ailleurs, l’amélioration des infrastructures de transport et la lutte contre l’insécurité faciliteraient le mouvement des marchandises des pays excédentaires vers les marchés déficitaires.