Sécurité alimentaire et nutritionnelle dans l’Uemoa: L’urgence d’une nouvelle politique agricole communautaire
Economie
Les réflexions contribueront à adopter des instruments de politique agricole devant contribuer à satisfaire de manière durable les besoins alimentaires de la population
Ce mardi 10 octobre, s’est ouvert à Ouagadougou, un colloque sur le thème « 20 ans de politique agricole de l’Uemoa : bilan et perspectives». La Commission de l’Union entend interagir avec tous les acteurs pour la redéfinition de nouveaux instruments qui prennent en compte les enjeux actuels de la sécurité alimentaire.
Par
Claude Urbain PLAGBETO, le 11 oct. 2023
à
07h02
Durée 3 min.
#UEMOA
#Sécurité alimentaire et nutritionnelle
L’Uemoa enregistre, au fil des années, un nombre croissant de personnes ayant besoin d’une assistance alimentaire à certaines périodes de l’année, en dépit de la Politique agricole de l’Union (Pau) déployée depuis deux décennies. Les trois défis majeurs qui ressortaient à son élaboration en 2001 demeurent : nourrir la population de la région dans un contexte de forte croissance démographique et d’urbanisation ; accroître la production agricole de façon durable par l’intensification ; et réduire la pauvreté en milieu rural en améliorant le revenu et le statut des agriculteurs.
Quel a été alors l’apport de la Pau dans la transformation structurelle du secteur agricole en particulier et de l’économie de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) en général ? La question est au centre du colloque qui se tient du 10 au 12 octobre à Ouagadougou au Burkina Faso.
En organisant cette rencontre sur le thème « 20 ans de politique agricole de l’Uemoa : bilan et perspectives », la Commission de l’Uemoa entend engager des échanges approfondis sur les acquis, les enjeux et défis de l’agriculture dans la perspective d’une relance de la transformation de cet important secteur de l’Union, indique le professeur Kako Nubukpo, commissaire chargé du département de l’Agriculture, des Ressources en Eau et de l’Environnement (Daren). Il est question d’explorer les performances des politiques publiques dans le domaine, d’analyser les grandes contraintes et de voir si les instruments déployés sont en adéquation avec les aspirations.
Le colloque offre l’occasion de tirer les enseignements pour une relance véritable de la transformation durable du secteur agricole qui constitue l’un des moteurs de l’économie des pays de l’espace Uemoa, laisse entendre Boukary Savadogo, représentant du ministre burkinabé en charge de l’Agriculture.
Dépendance
En amont, il a été organisé des concertations nationales et régionales afin d’offrir suffisamment d’espace de discussions à l’ensemble des acteurs, notamment les Etats membres, les réseaux d’acteurs socioprofessionnels et de la société civile. Le diagnostic révèle que l’amélioration significative des productions agrosylvopastorales et halieutiques notée ces dernières années ne résulte pas d’une amélioration substantielle de la productivité des différents facteurs de production, mais plutôt d’une extension de la base productive au détriment parfois des considérations environnementales, fait observer le commissaire Mamadù Sérifo Jaquité, représentant le président de la Commission de l’Uemoa. Il se désole de l’emprise du front agricole sur les réserves forestières, de la mauvaise utilisation des intrants chimiques, de la destruction des sols, de la pollution de l’eau et des sols.
La triple crise sécuritaire, climatique et des intrants, consécutive à la pandémie de Covid-19 et à la guerre russo-ukrainienne renvoie à la dure réalité de la grande dépendance de la région vis-à-vis des chocs exogènes et endogènes malgré les ressources naturelles (terres arables, eau, phosphate) suffisantes pour assurer sa souveraineté alimentaire et nutritionnelle, fait remarquer Mamadu Jaquité. « Les effets combinés du changement climatique, des conflits et des imperfections du marché ont fragilisé le tissu productif du secteur agrosylvopastoral et halieutique et la capacité de résilience des populations », appuie le commissaire Kako Nubukpo.
Face aux défis, il apparaît impérieux de procéder à une relecture de la Pau ou d’adopter une nouvelle politique agricole au sein de l’Uemoa. Les participants au colloque sont appelés à définir les actions stratégiques et opérationnelles à mener pour s’assurer que les politiques agricoles de l’Union garantissent une véritable souveraineté alimentaire et nutritionnelle ■