La Nation Bénin...
Le libre-échange continental augmenterait le fret
intra-africain de 28 % et la demande de fret maritime de 62 %. Des
investissements opportuns et des actions audacieuses sont essentiels pour
assurer au transport maritime un avenir durable, résilient et prospère, selon
la Cnuced.
La mise en œuvre de l’accord sur la Zone de libre-échange
continentale africaine (Zlecaf) devrait faire augmenter le fret intra-africain
de 28 % et la demande de fret maritime de 62 %, d’après l’Etude sur les
transports maritimes 2023 publiée en prélude à la célébration, ce 28 septembre,
de la Journée mondiale de la mer. La Conférence des Nations Unies sur le
commerce et le développement (Cnuced) y souligne qu’une augmentation
significative des flux de trafic est attendue dans tous les modes de transport
à travers l’Afrique dans les années à venir.
Pour répondre aux attentes, l’agence onusienne estime qu’il
faudra consentir d’importants investissements dans les équipements et les
infrastructures de transport, y compris 100 navires supplémentaires, si la
Zlecaf est pleinement mise en œuvre, selon l’étude. Ces investissements
constituent également une voie pour une reprise économique verte en Afrique.
Les navires battant pavillon libérien sont responsables du plus grand volume
d'émissions de dioxyde de carbone, au vu des principaux pavillons
d’immatriculation.
En 2022, l’indice de connectivité des transports maritimes
réguliers (Lsci) moyen pour l’Afrique, qui mesure la connectivité des
économies, a augmenté, mais est resté inférieur aux valeurs d’avant la
pandémie. Le continent est la seule région du monde à afficher une augmentation
des escales de transporteurs de vrac sec
(+ 2,5 % en 2022) ainsi qu’une hausse de plus de 5 % des
escales de vraquiers liquides.
Résilience
Le commerce Sud-Sud, par exemple de l’Afrique vers l’Amérique latine et les Caraïbes, a contribué à hauteur de 12,5% au commerce mondial par conteneurs en 2022. Il est noté que 35% du commerce africain avec le reste du monde passe par le port de Tanger-Med au Maroc qui est classé 5e selon l’Indice de performance des ports à conteneurs (Cppi) de la Banque mondiale, en traitant 7,5 millions de conteneurs en 2022.
L’interconnectivité entre les systèmes nationaux de gestion
des douanes est établie en Afrique de l’Ouest grâce à la combinaison de régimes
de transit régionaux/internationaux mutuellement reconnus avec une garantie de
transit et des solutions numériques de la Cnuced.
Sur le plan mondial, l’industrie du transport maritime fait
preuve de résilience. Il est attendu une croissance de 2,4 % en 2023 du volume
total du commerce maritime après une contraction de 0,4 % en 2022. Le commerce
conteneurisé qui a diminué de 3,7 % en 2022 devrait augmenter de 1,2 % en 2023
et de plus de 3 % entre 2024 et 2028. «Investir dans la numérisation et la
technologie améliorera la prévisibilité et la fiabilité du transport maritime,
et l’utilisation de technologies telles que l’Ia (Intelligence artificielle),
l'apprentissage automatique, la blockchain et l'internet des objets se traduira
par une optimisation des performances en matière de suivi, d'acheminement, de
vitesse et de maintenance prévisionnelle - tout ce qui peut contribuer à
accélérer la décarbonation », prône Shamika N. Sirimanne, directrice de la
technologie et de la logistique à la Cnuced?
L’appel à une « transition juste et équitable »
Dans son Etude sur les transports maritimes 2023, la Cnuced
plaide pour une « transition juste et équitable » vers un secteur du transport
maritime décarboné. Elle souligne le besoin de carburants plus propres dans le
secteur, de solutions numériques afin de lutter contre les émissions continues
de carbone et l’incertitude réglementaire qui règne dans cette industrie.
Vieille en moyenne de 22,2 ans, près de 99 % de la flotte
mondiale dépend encore des carburants conventionnels, souligne le rapport.
« Le transport maritime doit se décarboniser dès que
possible, tout en assurant la croissance économique », soutient Rebeca
Grynspan, secrétaire générale de la Cnuced, citée dans un communiqué de presse
parvenue à notre rédaction. « Il est essentiel de trouver un équilibre entre la
durabilité environnementale, la conformité réglementaire et les exigences
économiques pour assurer au transport maritime un avenir prospère, équitable et
résilient », insiste-t-elle.
La décarbonisation complète pourrait augmenter les dépenses annuelles en carburant de 70 % à 100 %. Quelque 8 à 28 milliards de dollars supplémentaires seront nécessaires chaque année pour décarboniser les navires d’ici à 2050, estime la Cnuced. Des investissements encore plus importants allant de 28 à 90 milliards de dollars par an seront nécessaires pour développer des infrastructures permettant d'utiliser des carburants 100 % neutres en carbone à l’horizon 2050?
C. U. P.
CNUCED, juin 2023 La guerre en Ukraine a augmenté les distances de transport des cargaisons