La Nation Bénin...
Le Rapport national sur le climat et le développement
(Ccdr) publié par le groupe de la Banque mondiale et ses partenaires met en
exergue la nécessité de financer l’action climatique pour promouvoir une
croissance durable et inclusive au Bénin à l’horizon 2030. Les grandes lignes
ainsi que les conclusions et recommandations du document ont été présentées aux
acteurs locaux et partenaires techniques et financiers du Bénin, ce jeudi 7
décembre à Cotonou.
Si le Bénin tient à poursuivre ses efforts de croissance
économique, il doit mener des actions fortes pour amortir les chocs
climatiques. Le nouveau rapport national sur le climat et le développement
(Ccdr), dévoilé ce jeudi, est constant sur cette ligne de conduite que doit
adopter le pays.
Le Bénin affiche des taux d’émissions de gaz à effet de
serre les plus bas au monde. Cependant, il reste l’un des plus vulnérables au
changement climatique, se plaçant 152e sur une liste de 181 pays qui présentent
une vulnérabilité extrême au climat. Le diagnostic du rapport est sans ambages.
A l’avenir, les périodes humides et sèches deviendront probablement plus
extrêmes avec davantage de sécheresse et un risque significatif d’inondation
qui posera des défis importants face à l'insuffisance de l'approvisionnement en
eau, de l'assainissement, et des systèmes de collecte des déchets. En plus de
la déforestation croissante, les 125 kilomètres de littoral du pays souffrent
d'une érosion côtière sévère, qui devrait empirer en cas d’inaction. Dans
l’ensemble, si rien ne change, 98% du territoire béninois devrait être exposé à
des températures extrêmes d’ici à 2070.
« L'enjeu soulevé par le rapport est de trouver comment
concilier développement et défis liés au changement climatique afin de protéger
les pauvres et les plus vulnérables, » a souligné Nathalie Picarelli,
économiste senior à la Banque mondiale et auteure principale du rapport. Ces
facteurs de risque auront un impact sur les populations et surtout les
personnes vulnérables et sur les secteurs économiques. «Notre rapport estime
qu'entre un demi-million et jusqu'à 1 million de personnes supplémentaires pourraient
basculer dans la pauvreté d'ici 2050 si aucune mesure d'adaptation n'est
prise», a alerté Nathalie Picarelli. La dépendance de l’économie nationale
vis-à-vis de l’agriculture et de l’emploi informel rend le chemin de
développement très vulnérable aux changements climatiques.
Néanmoins, l’espoir est permis si le Bénin continue de
construire une économie résiliente en concentrant ses investissements et ses
politiques sur l’adaptation aux changements climatiques, selon le rapport. «Le
Bénin a accompli d'importants progrès dans certaines zones de son littoral pour
s'attaquer à l'érosion côtière, mais il reste encore du travail à accomplir,
car le pays enregistre l'un des taux d'érosion côtière les plus élevés du golfe
de Guinée », a rappelé Manuela Ravina da Silva, spécialiste de l'environnement
à la Banque mondiale et co-auteure du rapport. « Il est également nécessaire,
affirme-t-elle, d'investir davantage dans les mesures d'atténuation, notamment
l'énergie renouvelable, d'étendre l'accès à l'électricité pour la population et
de s'attaquer à la déforestation par le biais de systèmes d'occupation des sols
durables. Les objectifs de reforestation du pays doivent aussi être atteints
d'ici 2030 ».
2,7 milliards de dollars Us
D’après le rapport, la résilience doit cibler tous les
secteurs mais il est urgent d’aller plus vite vers les mesures telles que :
adapter les approches et les techniques agricoles, restaurer et protéger les
forêts, investir dans la gestion des ressources en eau, planifier des villes
durables et agir sur les côtes, protéger les infrastructures de réseau afin que
les personnes et les machines restent connectées, renforcer la résilience des
services de santé et la préparation aux situations d’urgence. En plus de
l’adaptation, l’atténuation peut aussi aider le pays à accomplir ses objectifs
de développement.
En termes de recommandations, le rapport suggère
d’approfondir la transition énergétique en alignement avec le plan directeur du
secteur, de saisir les opportunités d’atténuation pour les forêts et
l’utilisation des terres en reboisant par exemple les terres dégradées. Aussi,
protéger les pauvres et les vulnérables en particulier les femmes est essentiel
pour soutenir la transformation.
Tous ces besoins, selon le rapport, coûteraient 2,7
milliards de dollars Us d’ici 2032. Trois possibilités de financement de
l’action climatique sont envisagées. Le document suggère en effet d’augmenter
les recettes et de rendre les dépenses publiques plus efficaces afin de gérer
une marge de manœuvre budgétaire pour l’adaptation, d’exploiter les
financements concessionnels/mixtes et le fonctionnement des risques de
catastrophe où le Bénin a déjà une expérience avec l’émission de la première
obligation Odd en Afrique. Enfin, le rapport souligne que le secteur privé doit
être associé au financement d’une grande partie de l’action climatique.
Engagements
Convié à la présentation du document, Hermann O. Takou,
directeur de cabinet du ministre d’Etat chargé de l’Economie et des Finances,
s’est réjoui du fait que le Ccdr soit venu combler un vide en matière de mise
en synergie des actions identifiées au niveau des secteurs vulnérables pour
évaluer leur impact sur l’économie. « Le document met en évidence les résultats
des simulations macroéconomiques de l’impact des changements climatiques sur
l’économie avec des scénarii qui projettent le Bénin jusqu’en 2050. Le rapport
souligne les défis et les enjeux pour soutenir la trajectoire de développement
que le Bénin s’est donné », retient-il.
La présentation du Ccdr 2023 se déroule dans un contexte où
se tient la Cop 28 à Dubaï. A en croire le directeur de cabinet, s’inscrivant
dans cette dynamique de la Cop, le Bénin poursuit le renforcement de son cadre
programmatique nécessaire pour catalyser les ressources et mieux adresser les
réponses aux effets des changements climatiques à travers des instruments comme
le Ccdr, l’Evaluation du système de gestion des investissements publics en lien
avec les changements climatiques et la Facilité pour la résilience et la
durabilité (Frd).