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Le général Gilbert Djendjeré vient d’être annoncé à la télévision burkinabè comme le nouveau président du Conseil national pour la démocratie (CND), à l’origine du putsch de mercredi 16 septembre dernier. Considéré comme le bras droit de l’ex-président Blaise Compaoré, il avait survécu à sa démission et au régime de transition pour rester un cadre de l’armée et une autorité au sein du Régiment de sécurité présidentiel (RSP) qu’il a dirigé pendant 30 ans.
Le général Gilbert Djendjeré était considéré comme un homme de l’ombre, le voilà sous le feu des projecteurs depuis sa nomination à la tête du Conseil national pour la démocratie (CND) qui a été annoncé, hier jeudi 17 septembre dans la matinée, en plus de la dissolution des institutions de transition. Depuis 30 ans, il était à la tête du Régiment de sécurité présidentiel (RSP), une troupe d’élite de 3 000 hommes au sein de l’armée, particulièrement choyée sous l’ère Compaoré et chargée des basses œuvres. Ce sont des membres de ce corps qui ont pris le contrôle du palais présidentiel, mercredi dernier, désarmant les soldats de garde, avant de fermer le portail et de faire prisonnier le Président ainsi que le Premier ministre de Transition.
Un des hommes les mieux informés du Burkina Faso
En novembre dernier, il était présent à l’investiture du président de Transition Michel Kafando après avoir été démis de ses fonctions sous la pression de la rue. Considéré comme un des hommes les mieux informés du Burkina Faso et de la sous-région ouest-africaine, l’ancien chef du régime provisoire avait même récemment émis l’idée, dans les médias, de le nommer à la tête de l’anti-terrorisme.
La réputation d’homme de l’ombre de ce général imposant de 1,95 m dont la taille contrastait avec son apparente timidité, selon plusieurs observateurs, se forge dès le départ de la révolution burkinabè dirigée par Thomas Sankara. Il est au cœur du pouvoir révolutionnaire dès l’arrivée du capitaine à la tête du Burkina Faso, aux côtés de Blaise Compaoré, Jean-Baptiste Lingani et Henri Zongo. C’est lui qui, le 4 août 1983, prend le pouvoir à Ouagadougou pour le compte de la révolution avec ses troupes venus de Pô, au sud du pays.
L’adjoint de Compaoré au moment de la révolution
Il est à ce moment l’adjoint de Compaoré à la tête du Centre national d’entraînement commando (CNEC) de Pô depuis 1981. Il dirige les commandos de Pô, chargés d’assurer la garde de Thomas Sankara, qui procéderont à son assassinat en 1987. Gilbert Djendjeré est alors nommé secrétaire général du comité exécutif du Front populaire et devient le numéro deux du régime.
Au cours des 27 ans de règne de Blaise Compaoré, il sera un de ses plus proches collaborateurs. Il aurait été chargé de faire taire David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, le frère du président d’alors, qui l’accusait de lui avoir extorqué de l’argent, avant qu’il soit retrouvé mort en 1998. Le journaliste Norbert Zongo enquête alors sur cette affaire. Les hommes de Djendjéré sont chargés de l’affaire. Le journaliste est retrouvé mort en décembre 1998. En 2011, alors que Blaise Compaoré purge la quasi-totalité des chaînes de commandement au sein de l’armée, après de violentes mutineries dans plusieurs casernes de l’armée ainsi qu’au sein du RSP qu’il dirigeait déjà, le général Djendjeré est le seul qui est maintenu à son poste.
Un proche de la France et des Etats-Unis
Il est aussi l’homme par lequel ont transité toutes les informations en provenance de la France et des Etats-Unis. Gilbert Djendjeré est chargé de s’occuper de Charles Taylor alors qu’il séjourne à Ouagadougou avant de repartir en guerre, de même pour l’Ivoirien Guillaume Soro et récemment de l’ancien président guinéen Moussa Dadis Camara. En 2015, encore, il participe, aux côtés des militaires de 28 pays, à une opération d’exercices militaires organisée par les Etats-Unis au Tchad, appelé «Flintlock».
«Je suis à la disposition des institutions, à la disposition des autorités de la Transition. J’entends jouer ce rôle-là jusqu’à la fin de la transition. Après la transition, on verra. Je me mettrai encore à la disposition des nouvelles autorités qui vont être élues démocratiquement», avait-il déclaré à Burkina 24 au moment de la crise entre le Premier ministre Isaac Zida et le RSP qui couve depuis la nomination du chef du gouvernement. Elle avait éclaté en juillet dernier, les deux camps s’accusant mutuellement de comploter pour renverser le pouvoir.
Afrik.com