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Jour 1 de la reprise du procès Affaire Dangnivo: Alofa et son co-accusé nient avoir tué l’ancien syndicaliste

Société
L'audience du procès Affaire Dangnivo se poursuit ce jour au Tpi de Cotonou L'audience du procès Affaire Dangnivo se poursuit ce jour au Tpi de Cotonou

Le procès sur l’assassinat en 2010 de Pierre Urbain Dangnivo, cadre et ancien syndicaliste du ministère de l’Economie et des Finances, a repris ce mardi 11 mars, au Tribunal de première instance de Cotonou. A la barre, le principal accusé Codjo Cossi Alofa et son co-accusé Donatien Amoussou ne reconnaissent pas avoir tué Dangnivo. 

Par   Ariel GBAGUIDI, le 12 mars 2025 à 07h30 Durée 3 min.
#Affaire Dangnivo

Crâne tondu, collier ras du cou et vêtu de tissu africain, Codjo Cossi Alofa, présenté comme un féticheur à l’époque des faits, est apparu visiblement détendu à la barre. Derrière lui, se trouve son co-accusé, Donatien Amoussou, ancien militaire.

A la barre, l’accusé et son présumé complice nient les faits qui leur sont reprochés. Le principal accusé dit n’avoir jamais vu la victime. « Je n'ai pas tué Dangnivo. Je ne le connais pas », clame Alofa devant les juges. Il avait pourtant reconnu les faits en instruction. « Toutes mes déclarations en instruction m'ont été dictées. Ils m'ont dit d’accepter que j'ai tué Dangnivo en lui assenant des coups de gourdin sur la tête », explique le prévenu. Certes, un cadavre en putréfaction a été exhumé à son domicile sauf que n’importe qui aurait pu poser un tel acte, selon l’accusé.

Mais à quel moment a-t-il décidé de se raviser ? tente de comprendre le tribunal. « Ils m'avaient promis que je sortirai de prison après 4 mois. J'y avais cru, c'est pourquoi j'ai accepté d'affirmer tout ce qu'ils me demandaient de dire », explique l’accusé principal. Il rapporte qu’après deux ans de détention, des hommes armés le font évader de prison. Il se retrouve au Togo, pays qu’il a choisi lui-même quand il lui a été demandé où il irait s’il devait quitter le Bénin. «Au moment de mon évasion, ils m’ont remis 50 mille Cfa au lieu de 25 millions qu’ils m'avaient promis au départ », détaille Alofa. A ses yeux, l’enveloppe de 50 mille était dérisoire. De plus, il n’avait pas fait le programme de vivre hors de son pays. Il s’est alors rendu à la police togolaise qui l’a extradé au Bénin.

Mais pendant qu’il était en prison, le principal accusé faisait l’objet de toutes les attentions. A l’en croire, des gens venaient le chercher et ils allaient manger et boire ensemble, selon ses déclarations.

Quid du co-accusé ?

A la barre, Donatien Amoussou fait savoir qu’il était un ancien militaire. Il soutient qu’il ne connaissait ni Alofa ni Dangnivo avant l’éclatement de l'affaire. Un jour, dit-il, un ami camerounais avec qui il jouait, l’appelle pour lui annoncer qu’un véhicule recherché par les autorités contre une forte somme, a été retrouvé. Donatien Amoussou affirme l’avoir alors emmené chez l’un de ses grands frères qui, à son tour, les aurait conduits chez le directeur général de l’Ortb à l’époque. Ce dernier les a réorientés vers le Colonel en charge de la sécurité du président de la République. Une enquête est alors ouverte, incluant le co-accusé Donatien Amoussou dans cette mission.

Selon ses dires, le Colonel lui aurait demandé de déposer un téléphone portable à Océan Fm contre une somme de 500 mille francs. Mission qu’il n’exécute pas, pressentant les risques y afférents. Finalement, avance-t-il, quelqu’un d’autre a exécuté la mission contre une somme de deux millions.

Plus tard, relate-t-il, le Colonel le conduit à la brigade où il a été mis aux arrêts. Selon lui, c’est dans la salle d’interrogatoire, pendant sa garde à vue, que Codjo Cossi Alofa l’a désigné comme étant son complice. « A aucun moment, je ne me suis associé à qui que ce soit pour faire quoi que ce soit. Je ne connais pas Alofa... Je n'ai fourni du valium à personne pour endormir Dangnivo et le tuer après. C'est parce que j'ai voulu parler de l'affaire Sagam qu'on m'a associé à l'affaire Dangnivo», déclare-t-il au tribunal. Pour lui, l'affaire Sagam et l'affaire Dangnivo n'ont aucun lien. « On m'a proposé quelque chose à Sagam et j'ai refusé. C'est de là que tout a été fomenté pour m'impliquer dans l'affaire Dangnivo », insiste l’ancien caporal, indiquant que c’est plus tard qu’il a su que le téléphone qu’il devrait déposer à Océan Fm était celui de Dangnivo.

Donatien Amoussou dit avoir bénéficié de privilèges à la prison. En effet, il affirme avoir reçu la visite de plusieurs personnalités au sommet de l’Etat. Certains sont venus lui offrir de l’argent. Et quand il les interrogeait, ses hôtes lui disaient que c’est de la part de la « haute autorité ».

L’audience a été suspendue à 17 heures et sera reprise ce mercredi 12 mars à 9 heures. Au moins deux témoins sont attendus à la barre, apprend-on.