La Nation Bénin...
Malgré
les efforts de sensibilisation, la vindicte populaire persiste au Bénin,
causant de nombreuses victimes innocentes. A l'occasion de la Journée mondiale
contre la peine de mort, Amnesty international Bénin et le Comité actions
urgentes et solidarité internationale (Causi) tirent la sonnette d’alarme,
appellent à une mobilisation pour l’éradication de ce phénomène et à une prise
de conscience collective.
La
vindicte populaire, forme de justice expéditive exercée par des foules en colère, continue de sévir au Bénin. Cette
pratique, caractérisée par des lynchages publics et des exécutions sommaires,
constitue une violation flagrante des droits et libertés fondamentaux. En dépit
des nombreuses initiatives de sensibilisation, ce fléau persiste, semant la
désolation au sein des familles béninoises et compromettant la paix sociale. A
l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, célébrée chaque
année le 10 octobre, Amnesty international Bénin, aux côtés du Comité actions
urgentes et solidarité internationale (Causi), a réitéré son engagement à
combattre cette pratique et rappelé l’urgence de lutter contre la vindicte
populaire, une forme de violence collective qui continue de menacer les droits
et libertés fondamentaux au Bénin. Pour Mario Fiacre Ayeko, coordonnateur du
Causi, « la vindicte populaire est une menace pour le droit à la vie, tout
comme la peine de mort. Elle est souvent appliquée de manière arbitraire, sans
jugement équitable, sur des bases erronées ou discriminatoires. »
Malheureusement,
le Bénin a connu plusieurs épisodes récents de violence populaire. Parmi les
incidents recensés cette année, un homme de 45 ans, accusé de vol de vin de palme,
a été brûlé vif à Tokpo Avrankou le 7 juillet 2024. A Bopa, dans le Mono, un
conducteur de taxi-moto a été lynché le 1er août après avoir accidentellement
renversé une fillette de deux ans. Des faits similaires ont été observés à
Tanguiéta, Nikki et Cotonou, où des présumés voleurs ont été cruellement
exécutés par des foules déchaînées. Ces exécutions sommaires, sans procès ni
preuve tangible, bafouent le droit à la vie et constituent des traitements
cruels, inhumains et dégradants. Cette violence aveugle est inacceptable et
sape les fondements de l’Etat de droit et viole les principes élémentaires de
justice et de respect des droits humains.
Face à cette situation alarmante, le Causi appelle à la criminalisation des vindictes populaires et à une mobilisation accrue de la société civile. Les autorités doivent non seulement sanctionner sévèrement ces actes, mais également sensibiliser la population aux dangers de cette forme de justice privée. L’appel est lancé aux jeunes Béninois, principaux acteurs du changement, afin qu’ils s’engagent activement contre cette pratique destructrice. « Il est impératif que chacun prenne conscience de l’importance de la retenue et de la confiance en nos institutions judiciaires », déclare Fiacre Ayeko. La violence ne saurait être une réponse aux frustrations, et les populations sont invitées à faire appel aux forces de l’ordre pour résoudre les conflits.
Pour
sa part, Amnesty International Bénin, à travers des initiatives comme le
concours d’art visuel sur la lutte contre la vindicte populaire, souhaite
inciter à la réflexion et encourager la non-violence. «Il est impératif de
rejeter toute forme de violence populaire. La justice doit être rendue par les
autorités compétentes, et non par des foules en colère. Nous devons promouvoir
la paix sociale, la patience et la retenue», insiste Ulrich Gbaguidi, artiste
lauréat du concours d’art visuel organisé sur cette thématique. Il est grand
temps que la société béninoise tourne la page de la justice expéditive et renforce
la protection des droits humains, pour un avenir plus pacifique. Raison pour
laquelle Amnesty International Bénin et le Causi appellent la population
béninoise à une profonde introspection■