La Nation Bénin...
Lors
de l’ouverture, le 9 septembre, de la 57e session du Conseil des droits de
l’homme, à Genève (Suisse), le chef de l’agence onusienne en charge du domaine,
a appelé à un réveil collectif pour « remettre les droits humains et les
valeurs universelles au cœur des décisions politiques ». A mi-parcours de son
mandat, Volker Türk a déclaré que « la nouvelle normalité ne peut être
l’indifférence continue face à l’aggravation des inégalités au sein et entre
les États ».
A
la veille du deuxième anniversaire de sa prise de fonction en tant que
Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, a souhaité s’éloigner du
traditionnel discours dans lequel sont énumérées des situations de violations
dans le monde. Il a préféré proposer quelques réflexions sur l’état des droits
de l’homme dans le monde.
Le haut-commissariat constate que « 30 ans après les engagements universels, à Pékin, en faveur des droits des femmes, l’ombre du patriarcat plane toujours ». Volker Türk a déclaré qu’en Afghanistan, par exemple, « des lois et des politiques ignobles effacent effectivement les femmes de la vie publique. Mais partout, de manière insidieuse, la haine et la misogynie, subtiles et parfois pas si subtiles, en ligne et hors ligne, sont presque normalisées. Les femmes connaissent des taux de pauvreté plus élevés que les hommes dans la plupart des régions du monde. La violence sexiste, y compris la violence entre partenaires intimes, est dévastatrice et reste largement cachée. La justice pour les victimes et les efforts de prévention sont lamentablement insuffisants ».
Le chef de l’agence onusienne a souligné que « le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est liée, continuent de sévir dans les sociétés, soutenus par des structures de pouvoir enracinées, des intérêts acquis, une inertie institutionnelle et des stéréotypes nuisibles, souvent enracinés dans des héritages de colonialisme et d’esclavage. Malgré certains progrès, ceux-ci demeurent inégaux et insuffisants». Volker Türk a rappelé que le Conseil dialoguera, le 2 octobre, avec le Groupe de travail d’experts et l’Instance permanente sur les personnes d’ascendance africaine, de même qu’avec le Mécanisme international d’experts indépendants chargé de promouvoir la justice et l’égalité raciales dans le contexte du maintien de l’ordre. Il a aussi dénoncé les politiciens en Autriche, France, Allemagne, Hongrie, Royaume-Uni et États-Unis, qui utilisent les migrants et les minorités comme boucs émissaires pendant les élections.
La
tendance générale vers l’abolition de la peine de mort dans le monde est «
assombrie» selon Volker Türk, par une augmentation substantielle des exécutions
dans un nombre limité d'États, tels que la République islamique d'Iran, pour
des crimes liés à la drogue, et l'Arabie saoudite. Le Haut-Commissaire a dit qu’il
«sera important de s’attaquer de front à cette situation et de fournir les
preuves et les arguments politiques pour que cette tendance puisse être
inversée à nouveau». Dans sa longue liste de violations des droits de l’hommes,
le chef onusien a évoqué l’adoption de lois discriminant les relations
homosexuelles consensuelles dans des pays comme le Ghana, l'Indonésie, l'Irak,
et l'Ouganda.
Volker Türk a déclaré que «des tentatives de museler les libertés d'expression, de réunion et d'association et une presse libre, y compris dans les contextes électoraux » se multiplient. Il a cité des exemples qui incluent la détention de journalistes en Azerbaïdjan; les arrestations, détentions et harcèlements d'opposants politiques au Mali, en Ouganda et au Venezuela; les arrestations et détentions d'opposants politiques et d'activistes en Tunisie; la persécution des opposants politiques et des journalistes au Nicaragua ; et la répression des activistes au Vietnam.
La
complicité de certains segments du secteur privé dans le commerce illégal des
ressources en République centrafricaine et en République démocratique du Congo
a été citée comme contribuant à l’exploitation des personnes, au détriment du
développement du pays. Volker Türk a aussi qualifié le problème comme «
endémique » en Amérique latine y compris au Brésil et au Pérou.
Le
chef onusien a souhaité « que les avantages des technologies numériques et de
l’intelligence artificielle soient accessibles à ceux qui en ont le plus
besoin, pour aider à réduire les inégalités mondiales et combler les fractures
numériques ». Le Pacte numérique mondial doit donc être « fermement ancré dans
le cadre normatif des droits de l’homme», a-t-il précisé. On rappelle que le
Pacte numérique mondial fait partie intégrante du Pacte pour l’Avenir dont
l’adoption est au programme du Sommet de l’Avenir qui sera organisé par les
Nations unies les 20 et 21 septembre, à New York■
Catherine fiankan-Bokonga