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Contre « les entrepreneurs de la violence »: Comment l’Afrique de l’Ouest organise la riposte

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Continuer « à prendre des initiatives de rassemblement des forces  pour vaincre l’ennemi commun » Continuer « à prendre des initiatives de rassemblement des forces pour vaincre l’ennemi commun »

Les travaux d’un Dialogue régional de haut niveau sur les architectures de paix en Afrique de l'Ouest ont pris fin la semaine dernière à Cotonou. Moment de réflexions sur le renforcement de la gouvernance et des mécanismes de consolidation de la paix, mais aussi une aubaine pour passer en revue les mesures déployées pour venir à bout de l’extrémisme violent et du terrorisme. 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 29 sept. 2025 à 10h32 Durée 2 min.
#Afrique de l’Ouest

« Notre rencontre se tient à un moment où notre continent est confronté à des défis sécuritaires d’une nouvelle dimension, notamment l’extrémisme violent et le terrorisme. Alors qu’il n’y a pas si longtemps, ces phénomènes sévissaient encore de façon marginale en Afrique, ils ont progressivement essaimé le reste du continent en particulier l’Ouest africain ». Alassane Séidou, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité plantait ainsi le décor de la situation de l’extrémisme violent, le 18 septembre dernier, à l’occasion du Dialogue régional consacré aux architectures de paix en Afrique de l’Ouest.

Cette rencontre de haut niveau qui intervient dans un contexte marqué par la montée des menaces transnationales dans le golfe de Guinée vise à consolider les efforts de coopération régionale et à promouvoir des réponses collectives et intégrées pour prévenir les conflits et renforcer la stabilité, conditions essentielles de développement. Le patron de la sécurité au Bénin reconnait que presque aucune région du continent n’est épargnée par les attaques de groupes terroristes revendiquant leur affiliation à l’Etat islamique ou à Al Qaida. S’agissant en particulier de l’Afrique de l’Ouest, relève Alassane Séidou, « ces entrepreneurs de violence prennent pour cibles les Forces de défense et de sécurité et tous les symboles de l’Etat ». Garnisons, commissariats de police, postes de contrôle douanier, centres de santé, écoles constituent la cible de ces milieux qui « sèment la terreur et la désolation parmi nos populations et exploitent les conflits communautaires et autres fragilités pour s’incruster dans nos localités, diffuser leur idéologie radicale et recruter les jeunes pour leur cause sordide», déplore-t-il.

Prompte réaction

« Face à ces hors-la-loi, nos gouvernements ne croisent pas les bras », assure le ministre. Guidés par l’intérêt supérieur de leurs peuples et animés d’une volonté politique sans faille, poursuit-il, ils allouent des budgets conséquents pour renforcer la défense et la sécurité. Selon lui, d’importantes ressources sont aussi consacrées à l’amélioration du dispositif de renseignement. Des partenaires techniques et financiers apportent aussi leur contribution pour accompagner ces efforts et accroître la résilience des populations des zones vulnérables, apprécie-t-il.

A l’instar de ses homologues des pays ouest-africains, le gouvernement du Bénin est aussi « résolument engagé contre ces groupes terroristes et fournit aux Forces de défense et de sécurité les moyens en termes de renforcement des effectifs, d’acquisition d’équipements pour leur montée en puissance », soutient le ministre. Le pays s’est également doté d’une stratégie nationale de prévention de l’extrémisme et d’un cadre référentiel unique de sécurité et de développement (CruSeD). Au-delà de ces actions et engagements, tout montre que la région a besoin d'un cadre régional cohérent de consolidation de la paix.

Alassane Séidou soutient que « des initiatives ont certes été prises mais elles ont montré leurs limites », souffrant souvent d'une insuffisance de ressources adéquates, de capacités techniques et d'engagement politique solide. Il appellera aussi à continuer « à prendre des initiatives de rassemblement des forces pour vaincre l’ennemi commun » et en cela, assure-t-il, « le Bénin est toujours prêt à s’associer à toutes initiatives pouvant permettre cette conjugaison des efforts pour une lutte plus efficace ».

Selon l’Indice mondial du terrorisme 2025, la région du Sahel a enregistré 51 % des décès dus au terrorisme en 2024, soit le double des chiffres énoncés par le rapport 2019. Avec plus de 4,3 millions de personnes déplacées de force dans cette région, les tensions socio-économiques se sont intensifiées, exacerbées par la pauvreté, le chômage des jeunes et les inégalités. La région du golfe de Guinée est donc confrontée à une instabilité croissante, exacerbée par l’expansion des groupes extrémistes depuis le Sahel, la prolifération des marchés illicites, les déplacements forcés et les effets du changement climatique, selon les organisateurs du Dialogue régional consacré aux architectures de paix, tenu la semaine dernière à Cotonou.