Coopération et développement Ce qu’ambitionnent les think tanks africains et chinois

Des groupes de réflexion, des universitaires, des acteurs de la société civile ainsi que des chercheurs de 45 pays dont des représentants des États-Unis et de la Belgique prennent part au douzième forum des think tanks Chine-Afrique. Quelque 200 représentants au total, pour poursuivre sur la même lancée que d’autres cercles, les réflexions pour un décollage de l’Afrique. A l’exercice, la Chine se dit toujours prête et ne compte marchander son soutien. Elle se considère en effet comme le plus grand pays en développement et tend la main à l’Afrique, le continent avec la plus grande concentration de pays en développement. A Jinhua du 30 au 31 mai, avec pour thème « L’histoire centenaire du renouveau et de la coopération Chine-Afrique », ces acteurs mus par un objectif de développement veulent confronter travaux de recherches, expériences, opinions et données scientifiques pour prendre leur part dans la « marche vers un avenir de coopération gagnant-gagnant ». Hôte du forum, le gouvernement municipal de Jinhua par son vice-maire, Ruan Ganghui donne le ton de la rencontre en l’évoquant comme une preuve tangible de l’amitié Chine-Afrique. Cette année marque un tournant pour les rapports entre les deux parties qui doivent, à l’appel du président Xi Jinping, se solidifier. Jinhua en tout cas est prête à prendre la part qui lui revient. La ville abrite quelque 7000 investisseurs africains qui s’y sont installés pour leur business. Plus de 4000 jeunes talents y ont été également formés ces dernières années. Ce qu’ambitionne le gouvernement municipal de Jinhua, c’est de faire de la ville une plaque tournante du commerce international avec le continent africain.
Dans la même veine, le représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires africaines Liu Yuxi appelle à libérer un nouvel élan. Pour lui, ce ne sont plus les initiatives qui font défaut. Le projet « La ceinture et la route » porté par le président chinois et l’initiative Agenda 2063 de l’Union africaine constituent des feuilles de route qui déblaient les sentiers pour le développement. Reste maintenant que chaque partie prenante joue sa partition pour parvenir à l’unité, à l’autonomie et au développement global. Cela passe aussi, souligne-t-il, par une nouvelle ère de coopération bénéfique qui se traduit par les neuf projets majeurs en cours de réalisation en Afrique. L’ambition de la Chine en tant que premier partenaire de l’Afrique depuis quatorze ans consécutifs, c’est de soutenir l’Afrique dans une voie de développement répondant à ses réalités en l’appuyant dans les domaines des infrastructures, du commerce…, soutient le représentant du gouvernement chinois.

Propositions

La question du développement de l’Afrique ne peut plus être évoquée sans référence à la formation, dira pour sa part, Pierre Gomez, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Technologie de la Gambie. Selon lui, il faut sur le continent, « construire un système dans l’enseignement supérieur qui affecte le développement ». Il faut aussi une transformation de l’enseignement supérieur en mettant l’accent sur la formation adaptée au marché et au développement technologique, préconise-t-il. L’échec de la politique éducative de l’Afrique et des programmes d’études limités dans les lycées et collèges affectent la qualité du rendement, fait observer le ministre gambien préoccupé aussi par l’amélioration de la qualité institutionnelle des services publics. Aussi, n’a-t-il pas manqué de faire des suggestions. Pierre Gomez propose d’approfondir l’offre de formation dans l’enseignement supérieur en se fondant sur les besoins. « Les universités devraient prendre en compte les exigences du développement pour élaborer les programmes de formation », indique-t-il.
Selon lui, la Chine aujourd’hui a réalisé un exploit en mettant l’accent sur l’ingénierie et la technicité. Investir dans le capital humain, amener les jeunes à devenir des créateurs d’entreprise peuvent améliorer la situation de l’Afrique, pense-t-il aussi. Aux participants à ce forum, Kgalema Petrus Motlanthe, ancien président sud-africain aura également une adresse. Il leur demandera de s’inspirer du modèle de la Chine qui a réussi à se hisser comme une nation capable d’ offrir à l’Afrique, les voies de sortie quant à sa situation actuelle. Sur les deux jours que dure le forum, deux sessions plénières et quatre sous-forums parallèles, ainsi que des visites de site sont prévus avec des échanges sur l'investissement industriel, la coopération éducative… Les intervenants, tous des experts, des universitaires et des acteurs de développement partageront les résultats de leurs travaux de recherche ainsi que de nouvelles idées, et réflexions liées au thème du forum. Le ton de la partition des think tanks africains et chinois a été donné au cours de la plénière d’ouverture des travaux par les interventions successives de six speakers qui ont révélé les potentialités, mais aussi les faiblesses à corriger pour lutter véritablement contre la pauvreté et amorcer le développement toujours attendu par les pays africains.