La Nation Bénin...
L'Organisation Internationale pour les
Migrations (Oim) accueille sa 11e directrice générale en la personne d'Amy E.
Pope, originaire des États-Unis d'Amérique. Elue le 15 mai dernier, son mandat
de cinq ans a débuté le 1er octobre. Son élection marque un tournant historique
pour l’organisation, car elle est la première femme à occuper ce poste en 72 ans
d'histoire. Pour marquer l’importance que l’organisation accorde à l’Afrique,
le premier déplacement officiel est effectué à Addis-Abeba.
Fondée en 1951, l’Organisation Internationale
pour les Migrations (Oim) est la principale organisation inter-gouvernementale.
Avec l'entrée en fonction à la direction d’Amy Pope, on peut s'attendre à des
changements significatifs. Lors de sa première conférence de presse en tant que
directrice générale de l’Oim, organisée au Palais des Nations à Genève
(Suisse), l’Américaine a indiqué qu’elle chercherait à établir des partenariats
novateurs avec le secteur privé et à relever les défis actuels liés à la migration
à l'échelle mondiale.
Vaste expérience
Amy Pope apporte une grande expérience et une solide feuille de route en matière de gestion des migrations. Avant son élection à la tête de l'Oim, elle occupait le poste de directrice générale adjointe de l'organisation, chargée de la gestion et de la réforme. Elle a ainsi mis en place des mécanismes pour optimiser l’action sur le terrain, renforcer la coordination avec le système des Nations Unies. Auparavant elle a travaillé comme conseillère à la Maison-Blanche, sous les administrations des Présidents Obama et Biden. Elle a développé et mis en œuvre des stratégies complètes pour faire face à divers aspects de la migration, notamment la lutte contre la traite des personnes, la réinstallation des réfugiés et la préparation des communautés aux crises liées au climat.
Richesse de la migration
Amy Pope a déclaré, face aux journalistes de la
presse internationale, que le secteur privé, en particulier en Europe et en
Amérique du Nord, exprime un fort désir d'utiliser la migration pour combler
ses besoins en main-d'œuvre et stimuler l'innovation dans leurs entreprises.
Elle a également souligné qu'il était « largement prouvé » que les
migrations profitent aux économies en créant des emplois, en stimulant l'innovation
ou en « alimentant la rénovation ou la revitalisation de communautés
vieillissantes ». Cependant, elle a noté que le narratif entourant la
migration ne reflète pas toujours ces avantages.
La directrice générale a également expliqué que
les gouvernements qui ouvrent leurs portes à la migration le font souvent au
risque de leur carrière politique. Elle a cité l'exemple de l'administration
Biden, qui a récemment octroyé des permis de travail à près de 500 000
Vénézuéliens pour les aider à trouver du travail, à payer des impôts et à
alléger la charge sur les finances publiques de leur pays, en proie à des
difficultés économiques et politiques.
Besoin de partenariats innovants
La nouvelle cheffe de l’Oim a mis en avant l'importance des partenariats. Elle souhaite impliquer davantage le secteur privé dans la gestion de la migration, cherchant à établir des accords pour la durabilité plutôt que de simples actes philanthropiques. Cette vision ambitieuse vise à créer des alternatives pour les migrants économiques, réduisant ainsi la pression sur les systèmes d'asile dans les pays occidentaux. Amy Pope a exprimé le souhait que les pays garantissent des « voies d'accès » légales et adéquates à la migration, comme le demandent depuis longtemps les institutions des Nations Unies.
Premier voyage en Afrique
La nouvelle responsable de l'agence onusienne
en charge des migrations a effectué sa première visite officielle en Ethiopie
pour mettre en lumière l'ampleur de la migration qui a lieu sur le continent. A
Addis-Abeba, elle a eu diverses réunions avec des membres du gouvernement, des
donateurs, des partenaires et le personnel de l’Oim, Elle est aussi allée au
siège de l'Union africaine. Durant son séjour au Kenya, Amy Pope a visité
l’immense camp de réfugiés de Dadaab. Aujourd’hui, la plupart des personnes qui
arrivent là-bas fuient la sécheresse, les inondations ou les tempêtes, plutôt
que les conflits. Djibouti a été sa dernière halte avant de quitter le
continent africain.
Impact du changement climatique
Dans le monde, plus de 300 millions d’habitants vivent dans un environnement exposé au changement climatique. Les effets se font particulièrement ressentir en Afrique et entraînent de grandes migrations. D’après Amy Pope, il faut anticiper ces phénomènes en travaillant au plus près des populations exposées pour mettre en place des systèmes de résistance tant au niveau agricole que dans d’autres domaines. Elle a souligné que 80 % de la migration liée au changement climatique a lieu en Afrique et que malgré le fait que certains médias se focalisent sur les migrants qui tentent d’atteindre l’Europe, l’immense majorité se dirige vers la région du Golfe où la manière dont ils sont traités est « très très préoccupante ».
Nouvelles collaborations
La directrice générale de l'Oim a déclaré que l'organisation doit commencer à collaborer avec des partenaires qui reconnaissent les avantages de la migration. Il est important de montrer aux États membres la manière pragmatique de fonctionner plutôt que de s’attarder sur le politique. Elle a rappelé que "le travail en tant qu'organisation des Nations unies n'est pas de nous concentrer uniquement sur la migration du Sud vers le Nord » … « mais de travailler avec les communautés du monde entier pour permettre la migration et tenir compte de ses conséquences, quel que soit l'endroit où elles ont lieu ».