La Nation Bénin...

Gestion de la migration: Amy Pope compte sur le soutien du secteur privé

International
Amy Pope Amy Pope

L'Organisation Internationale pour les Migrations (Oim) accueille sa 11e directrice générale en la personne d'Amy E. Pope, originaire des États-Unis d'Amérique. Elue le 15 mai dernier, son mandat de cinq ans a débuté le 1er octobre. Son élection marque un tournant historique pour l’organisation, car elle est la première femme à occuper ce poste en 72 ans d'histoire. Pour marquer l’importance que l’organisation accorde à l’Afrique, le premier déplacement officiel est effectué à Addis-Abeba.

Par   Catherine Fiankan-Bokonga, Correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse), le 16 oct. 2023 à 23h53 Durée 5 min.
#Gestion de la migration #Amy Pope

Fondée en 1951, l’Organisation Internationale pour les Migrations (Oim) est la principale organisation inter-gouvernementale. Avec l'entrée en fonction à la direction d’Amy Pope, on peut s'attendre à des changements significatifs. Lors de sa première conférence de presse en tant que directrice générale de l’Oim, organisée au Palais des Nations à Genève (Suisse), l’Américaine a indiqué qu’elle chercherait à établir des partenariats novateurs avec le secteur privé et à relever les défis actuels liés à la migration à l'échelle mondiale.

Vaste expérience

 Amy Pope apporte une grande expérience et une solide feuille de route en matière de gestion des migrations. Avant son élection à la tête de l'Oim, elle occupait le poste de directrice générale adjointe de l'organisation, chargée de la gestion et de la réforme. Elle a ainsi mis en place des mécanismes pour optimiser l’action sur le terrain, renforcer la coordination avec le système des Nations Unies. Auparavant elle a travaillé comme conseillère à la Maison-Blanche, sous les administrations des Présidents Obama et Biden. Elle a développé et mis en œuvre des stratégies complètes pour faire face à divers aspects de la migration, notamment la lutte contre la traite des personnes, la réinstallation des réfugiés et la préparation des communautés aux crises liées au climat.

Richesse de la migration

Amy Pope a déclaré, face aux journalistes de la presse internationale, que le secteur privé, en particulier en Europe et en Amérique du Nord, exprime un fort désir d'utiliser la migration pour combler ses besoins en main-d'œuvre et stimuler l'innovation dans leurs entreprises. Elle a également souligné qu'il était « largement prouvé » que les migrations profitent aux économies en créant des emplois, en stimulant l'innovation ou en « alimentant la rénovation ou la revitalisation de communautés vieillissantes ». Cependant, elle a noté que le narratif entourant la migration ne reflète pas toujours ces avantages.

La directrice générale a également expliqué que les gouvernements qui ouvrent leurs portes à la migration le font souvent au risque de leur carrière politique. Elle a cité l'exemple de l'administration Biden, qui a récemment octroyé des permis de travail à près de 500 000 Vénézuéliens pour les aider à trouver du travail, à payer des impôts et à alléger la charge sur les finances publiques de leur pays, en proie à des difficultés économiques et politiques.

 

Besoin de partenariats innovants

La nouvelle cheffe de l’Oim a mis en avant l'importance des partenariats. Elle souhaite impliquer davantage le secteur privé dans la gestion de la migration, cherchant à établir des accords pour la durabilité plutôt que de simples actes philanthropiques. Cette vision ambitieuse vise à créer des alternatives pour les migrants économiques, réduisant ainsi la pression sur les systèmes d'asile dans les pays occidentaux. Amy Pope a exprimé le souhait que les pays garantissent des « voies d'accès » légales et adéquates à la migration, comme le demandent depuis longtemps les institutions des Nations Unies.

Premier voyage en Afrique

La nouvelle responsable de l'agence onusienne en charge des migrations a effectué sa première visite officielle en Ethiopie pour mettre en lumière l'ampleur de la migration qui a lieu sur le continent. A Addis-Abeba, elle a eu diverses réunions avec des membres du gouvernement, des donateurs, des partenaires et le personnel de l’Oim, Elle est aussi allée au siège de l'Union africaine. Durant son séjour au Kenya, Amy Pope a visité l’immense camp de réfugiés de Dadaab. Aujourd’hui, la plupart des personnes qui arrivent là-bas fuient la sécheresse, les inondations ou les tempêtes, plutôt que les conflits. Djibouti a été sa dernière halte avant de quitter le continent africain.

 


Impact du changement climatique

Dans le monde, plus de 300 millions d’habitants vivent dans un environnement exposé au changement climatique. Les effets se font particulièrement ressentir en Afrique et entraînent de grandes migrations. D’après Amy Pope, il faut anticiper ces phénomènes en travaillant au plus près des populations exposées pour mettre en place des systèmes de résistance tant au niveau agricole que dans d’autres domaines. Elle a souligné que 80 % de la migration liée au changement climatique a lieu en Afrique et que malgré le fait que certains médias se focalisent sur les migrants qui tentent d’atteindre l’Europe, l’immense majorité se dirige vers la région du Golfe où la manière dont ils sont traités est « très très préoccupante ».

Nouvelles collaborations

La directrice générale de l'Oim a déclaré que l'organisation doit commencer à collaborer avec des partenaires qui reconnaissent les avantages de la migration. Il est important de montrer aux États membres la manière pragmatique de fonctionner plutôt que de s’attarder sur le politique. Elle a rappelé que "le travail en tant qu'organisation des Nations unies n'est pas de nous concentrer uniquement sur la migration du Sud vers le Nord » … « mais de travailler avec les communautés du monde entier pour permettre la migration et tenir compte de ses conséquences, quel que soit l'endroit où elles ont lieu ».