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Mutilations génitales féminines:Deux millions de cas supplémentaires possibles

International
Par   Collaboration extérieure, le 08 févr. 2021 à 10h17
A l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (6 février), la directrice générale de l’Unicef, Henrietta Fore, et la directrice exécutive de l’Unfpa, le Dr Natalia Kanem, ont signé une déclaration conjointe dans laquelle elles appellent à la mise en place « d’actions solidaires, concertées et financées de manière adéquate pour mettre fin à cette violation des droits fondamentaux. » Chaque année, près de 4 millions de filles dans le monde, pour la plupart âgées de moins de 15 ans, risquent d’être victimes d’une mutilation génitale féminine. Bien que le nombre exact de victimes à l’échelle mondiale reste inconnu, au moins 200 millions de filles et de femmes âgées de 15 à 49 ans et originaires de 31 pays ont subi une mutilation génitale féminine. Des progrès considérables ont été réalisés ces 30 dernières années pour mettre fin à cette pratique néfaste mais dans des pays comme la Guinée ou la Somalie, plus de 90 % des femmes et des filles subissent une forme ou une autre de mutilation génitale féminine ou d’excision. Médicalisation de la pratique Il se note que les mutilations génitales féminines sont souvent pratiquées par des professionnels de la santé formés à cet effet, ce qui constitue une violation du Serment d’Hippocrate qui stipule que le praticien doit « s’abstenir de tout mal ». Selon une nouvelle analyse de l'Unicef, environ une fille sur quatre ayant subi une mutilation génitale féminine (Mgf), soit 52 millions de survivantes dans le monde, ont été excisées par un personnel de santé. Ceci ne rend pas la pratique plus sûre, étant donné qu’elle consiste toujours à retirer et à endommager des tissus sains et normaux et qu’elle continue d’entraver le fonctionnement naturel de l’organisme féminin. Au lieu d’éliminer les mutilations génitales féminines, certaines communautés les pratiquent désormais dans la clandestinité, ce qui signifie que les filles sont excisées plus jeunes dans le plus grand secret. Les victimes des Mgf subissent une forme de violence systématique. Elles ont souvent besoin d’un traitement d’urgence pour enrayer les hémorragies, d’antibiotiques pour combattre les infections, d’une chirurgie pour remédier aux difficultés à uriner ou de soins obstétricaux d’urgence en cas de complications de l’accouchement. Divers facteurs expliquent la perpétuation des mutilations génitales féminines, notamment des facteurs culturels et économiques qui rendent difficile l’abandon de la pratique pour les filles, les femmes et les communautés. Lutte contre la pratique De plus en plus de personnes s’opposent à cette pratique. Dans les pays touchés, le nombre de filles et de femmes pensant que les Mgf doivent cesser a doublé au cours des derniers 20 ans. L’Unicef et le Fonds des Nations Unies pour la population (Fnuap) dirigent conjointement un vaste programme mondial pour mettre fin aux mutilations. Les agences onusiennes soutiennent l’élaboration de lois, de politiques de tolérance zéro et de nouvelles normes sociales. La collaboration d’agents de santé est requise pour l’élimination de cette pratique et fournir des soins aux victimes. Conséquence de la Covid19 Selon la directrice générale de l’Unicef et la directrice exécutive de l’Unfpa, « la réalisation des objectifs de développement durable visant à mettre fin aux mutilations génitales féminines d'ici à 2030 était un engagement ambitieux ». La pandémie a bouleversé les progrès réalisés. En effet, la fermeture des écoles et l’impossibilité de suivre des programmes qui d’habitude contribuent à protéger les filles de ces pratiques, pourraient entraîner l’exécution de deux millions de cas supplémentaires de mutilations génitales féminines au cours de la prochaine décennie, comme indiqué par le secrétaire général de l’Onu dans son intervention sur le sujet. Selon l’Unicef et l’Unfpa plus de 2,4 milliards de dollars seront nécessaires au cours de la prochaine décennie pour mettre fin à cette pratique. Ce qui équivaut à moins de 100 dollars par fille, mais la majeure partie des fonds doivent être trouvés. Assurer l’accès à l’éducation, aux soins de santé, y compris aux services de santé sexuelle et reproductive, et à des moyens de subsistance, sont d’autres moyens pour éviter que les jeunes filles soient soumises aux Mgf. Les chefs des deux agences onusiennes engagées dans le combat contre les Mgf déclarent pour conclure que « l’élimination de cette pratique et la recherche de l’égalité des sexes sont des objectifs interdépendants qui se renforcent mutuellement. En d’autres termes, si l’égalité des sexes était une réalité, les mutilations génitales féminines n’existeraient pas ». Par Catherine Fiankan-Bokonga, correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse)