La Nation Bénin...
Selon
la responsable principale des urgences de l'Organisation mondiale de la Santé
(Oms), la République Démocratique du Congo (Rdc) est le pays, au monde, qui a
le nombre le plus élevé de personnes dans le besoin d’aide humanitaire, soit
25,4 millions de personnes. La crise humanitaire a atteint des proportions
alarmantes surtout depuis l’intensification de la violence à l’est du pays et
l’apparition de multiples épidémies. Cependant, malgré la détresse grandissante
au fil des années, le financement du plan de Réponse humanitaire, évalué à près
de 30 millions de dollars, demeure extrêmement faible (16 %).
Lors
de sa rencontre avec le corps de presse accrédité auprès des Nations Unies à
Genève (Suisse), la Doctoresse Adelheid Marschang, responsable principale des
urgences de l'Organisation mondiale de la Santé (Oms) a décrit la situation
humanitaire effroyable à laquelle on assiste en République Démocratique du
Congo (Rdc). La responsable de l’Oms a expliqué que « depuis des décennies, les
conflits dans l'est de la Rdc, riche en minerais, ont déclenché des niveaux
alarmants de violence, des déplacements massifs, des maladies généralisées, des
violences basées sur le genre et de graves traumatismes mentaux».
Plus
de 7,4 millions de personnes ont été déplacées, dont 2,8 millions rien qu'au
Nord-Kivu (région orientale). Le nombre de personnes déplacées de force a
augmenté depuis que le mouvement séparatiste M23 a lancé une offensive majeure
en 2022, provoquant des réponses militaires nationales et régionales qui ont du
mal à contenir l'avancée de la milice. Ces déplacements massifs mettent à rude
épreuve les systèmes d'eau et d'assainissement, déjà fragiles, et ajoutent une
pression insoutenable sur les ressources locales limitées, a averti l'Oms.
Le
pays fait également face simultanément à des épidémies de choléra, de rougeole,
de méningite, de Mpox (variole du singe) et de peste. Celles-ci ont été
exacerbées par les fortes pluies qui ont entraîné la montée des eaux du lac
Tanganyika, la crue de rivières et des glissements de terrain sévères. En 2024,
plus de 20 000 cas de choléra et près de 60 000 cas de rougeole ont été
signalés, bien que les chiffres réels soient probablement plus élevés en raison
de la surveillance limitée des maladies. Concernant le Mpox, la Doctoresse
Marschang a dit que plus de 11 000 cas, dont 443 décès, ont été signalés cette
année, « touchant principalement des enfants ». Le mois dernier, les
scientifiques ont tiré la sonnette d'alarme au sujet d'une nouvelle souche
dangereuse de Mpox au Sud-Kivu. Ils craignent qu'elle ne se propage dans les
camps surpeuplés à l'intérieur et autour de la ville de Goma.
Insécurité
Les conflits armés et les déplacements massifs ont également exacerbé l'insécurité alimentaire. Selon le dernier rapport de l'Ipc sur l'insécurité alimentaire chronique, environ 40 % de la population, soit 40,8 millions de personnes, souffrent de graves pénuries alimentaires. Parmi elles, 15,7 millions font face à une insécurité alimentaire sévère, les exposant à un risque accru de malnutrition et de maladies infectieuses. Sans intervention immédiate, plus d'un million d'enfants pourraient souffrir de malnutrition aiguë.
Malgré
ces défis colossaux, l'Oms reste résolument engagée à soutenir la population de
la Rdc. Depuis janvier 2024, l'organisation a fourni des services de santé
humanitaire à plus de 460 000 personnes, principalement dans les zones touchées
par les conflits. De plus, les services de santé primaire intégrés et
communautaires pour les populations déplacées et les populations hôtes dans
neuf provinces continuent à être soutenus par l’agence onusienne.
Des
fournitures médicales sont offertes aux établissements de soins primaires et
secondaires pour les traumatismes, les services de santé d'urgence, ainsi que
le traitement du choléra et de la rougeole.
Appel
à l'action
Le Plan de réponse humanitaire 2024 qui a pour objectif d’aider 8,7 millions de personnes et nécessite 2,6 milliards de dollars, n’était financé qu’à hauteur de 16 % au 6 mai 2024. En avril dernier, le coordonnateur humanitaire de l’Onu en République démocratique du Congo (Rdc), Bruno Lemarquis, avait déjà constaté avec regret, «sur les 10 dernières années, une tendance de sous-financement de l’action humanitaire en Rdc». De plus, l'accès humanitaire demeure sévèrement restreint en raison de la présence militaire, des obstacles bureaucratiques, et des barrages routiers qui entravent la livraison de l'aide là où elle est le plus nécessaire.
À la suite d’une demande de fermeture de la Mission de Stabilisation de l'Onu en Rdc (Monusco) par le gouvernement, la situation sécuritaire s’est détériorée dans le Sud-Kivu avec le retrait complet des troupes installées dans la région. La Représentante spéciale du Secrétaire général, Bintou Keita, a déclaré au Conseil de sécurité des Nations Unies que l'activité des rebelles du M23 présente un « risque très réel de provoquer un conflit régional plus large ». Selon un groupe d'experts de l'Onu, la milice est soutenue par le Rwanda et est responsable de meurtres illégaux, de viols et d'autres crimes de guerre apparents en Rdc depuis fin 2022.