La Nation Bénin...
Genève
a renoué, durant trois jours, avec son rôle historique de scène diplomatique
mondiale. C’est dans la cité internationale que les États-Unis et la Chine ont
tenu deux jours de négociations intenses visant à apaiser les tensions
commerciales croissantes. À l’issue de ces pourparlers, le secrétaire américain
au Trésor a évoqué des « progrès substantiels », tandis que le représentant
américain au Commerce a confirmé « un accord conclu avec nos partenaires
chinois » qui permettra de « réduire le déficit commercial mondial de 1,2
billion de dollars des États-Unis ». Profitant de la présence des délégations
chinoise et américaine sur son sol, la Suisse a également cherché à défendre
ses propres intérêts commerciaux.
Organisée
discrètement à Genève (Suisse), la rencontre entre les délégations américaine
et chinoise de haut niveau marque la première interaction en face-à-face entre
les responsables économiques des deux puissances depuis l’imposition mutuelle
de droits de douane dépassant les 100 %.
Week-end
productif
Les
discussions qui se sont tenues à la résidence du représentant permanent de la
Suisse auprès de l’Office des Nations Unies ont débuté samedi matin. Aucune
information n’avait filtré jusqu’au moment où le secrétaire américain au
Trésor, Scott Bessent, s’est adressé à la presse en fin d’après-midi sur le
perron de la villa. Il a qualifié les discussions de « productives », en
précisant que les détails de l’accord seront dévoilés lundi 11 mai.
L’ambassadeur Jamieson Greer, qui se tenait à ses côtés, a tenu à ajouter que
« la rapidité avec laquelle nous sommes parvenus à un accord montre que les
divergences n’étaient peut-être pas aussi importantes qu’on le pensait ».
Négociation
pour éviter des surtaxes américaines
La
présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, a annoncé vendredi 9 mai,
à l’issue d’un entretien avec Scott Bessent et Jamieson Greer, que « la Suisse
et les États-Unis ont décidé d’intensifier leurs discussions afin de parvenir
rapidement à un accord destiné à empêcher l’application de nouveaux droits de
douane sur les produits suisses ». En ligne de mire : la menace d’une taxe
américaine de 31 % sur les exportations suisses, niveau jugé disproportionné
par rapport à d’autres partenaires économiques tels que l’Union européenne
(20 %) ou le Japon (24 %). Actuellement, les importations suisses sont taxées à
10 %. Une hausse pourrait porter un coup sévère à des secteurs clés comme
l’horlogerie, la pharmacie ou encore la mécanique de précision.
La Suisse espère aussi signer rapidement un accord
Accompagnée
du ministre de l’Économie, Guy Parmelin, Karin Keller-Sutter a souligné que la
Suisse espère un traitement équitable, à l’image de l’accord conclu récemment
entre Washington et Londres. « Notre objectif est de ne plus avoir de droits de
douane », a-t-elle déclaré, tout en restant prudente : « Il est encore un peu
trop tôt pour dire que la Suisse est tirée d’affaire, mais c’est encourageant
que les Américains veuillent accélérer le processus. »
Les
deux pays ont convenu de rédiger une déclaration d’intention commune. Une
délégation suisse pourrait se rendre à Washington d’ici deux semaines, dans
l’espoir de finaliser un accord avant le 9 juillet, date limite fixée par la
suspension temporaire des surtaxes décidée par le président Trump.
Modernisation de l’accord de libre-échange avec la Chine
En
parallèle, la Suisse a également entamé des discussions bilatérales avec la
Chine pour moderniser leur accord de libre-échange signé en 2014. À l’issue
d’un entretien avec le vice-Premier ministre chinois He Lifeng, la présidente
de la Confédération a indiqué que « les premiers rounds ont été intéressants »
et qu’une délégation chinoise reviendrait en Suisse en juillet. Pour la Suisse,
la modernisation de cet accord est stratégique : la Chine est son troisième
partenaire commercial, après l’Union européenne et les États-Unis.
Genève à nouveau dans l’actualité
Cette
série de rencontres rassure la Suisse sur la capacité de la « Genève
internationale » à encore servir de plateforme pour les échanges diplomatiques
de haut niveau. En servant de cadre à des pourparlers entre rivaux économiques
majeurs, tout en défendant activement ses propres intérêts, la Suisse démontre
la pertinence de sa diplomatie de la discrétion. La directrice générale de
l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a salué l’initiative helvétique, qualifiant la
tenue de ces discussions d’« avancée positive et constructive vers une
désescalade ».