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Washington et Pékin amorcent une désescalade commerciale, à Genève

International
Les discussions qui se sont tenues à la résidence du représentant permanent de la Suisse auprès de l’Office des Nations Unies ont débuté samedi matin. Les discussions qui se sont tenues à la résidence du représentant permanent de la Suisse auprès de l’Office des Nations Unies ont débuté samedi matin.

Genève a renoué, durant trois jours, avec son rôle historique de scène diplomatique mondiale. C’est dans la cité internationale que les États-Unis et la Chine ont tenu deux jours de négociations intenses visant à apaiser les tensions commerciales croissantes. À l’issue de ces pourparlers, le secrétaire américain au Trésor a évoqué des « progrès substantiels », tandis que le représentant américain au Commerce a confirmé « un accord conclu avec nos partenaires chinois » qui permettra de « réduire le déficit commercial mondial de 1,2 billion de dollars des États-Unis ». Profitant de la présence des délégations chinoise et américaine sur son sol, la Suisse a également cherché à défendre ses propres intérêts commerciaux.

Par   Catherine Fiankan-Bokonga, Correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse), le 12 mai 2025 à 12h30 Durée 4 min.
#Washington et Pékin amorcent une désescalade commerciale, à Genève

Organisée discrètement à Genève (Suisse), la rencontre entre les délégations américaine et chinoise de haut niveau marque la première interaction en face-à-face entre les responsables économiques des deux puissances depuis l’imposition mutuelle de droits de douane dépassant les 100 %.

 

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Week-end productif


Les discussions qui se sont tenues à la résidence du représentant permanent de la Suisse auprès de l’Office des Nations Unies ont débuté samedi matin. Aucune information n’avait filtré jusqu’au moment où le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, s’est adressé à la presse en fin d’après-midi sur le perron de la villa. Il a qualifié les discussions de « productives », en précisant que les détails de l’accord seront dévoilés lundi 11 mai. L’ambassadeur Jamieson Greer, qui se tenait à ses côtés, a tenu à ajouter que « la rapidité avec laquelle nous sommes parvenus à un accord montre que les divergences n’étaient peut-être pas aussi importantes qu’on le pensait ».

 

Négociation pour éviter des surtaxes américaines

La présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, a annoncé vendredi 9 mai, à l’issue d’un entretien avec Scott Bessent et Jamieson Greer, que « la Suisse et les États-Unis ont décidé d’intensifier leurs discussions afin de parvenir rapidement à un accord destiné à empêcher l’application de nouveaux droits de douane sur les produits suisses ». En ligne de mire : la menace d’une taxe américaine de 31 % sur les exportations suisses, niveau jugé disproportionné par rapport à d’autres partenaires économiques tels que l’Union européenne (20 %) ou le Japon (24 %). Actuellement, les importations suisses sont taxées à 10 %. Une hausse pourrait porter un coup sévère à des secteurs clés comme l’horlogerie, la pharmacie ou encore la mécanique de précision.

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La Suisse espère aussi signer rapidement un accord

Accompagnée du ministre de l’Économie, Guy Parmelin, Karin Keller-Sutter a souligné que la Suisse espère un traitement équitable, à l’image de l’accord conclu récemment entre Washington et Londres. « Notre objectif est de ne plus avoir de droits de douane », a-t-elle déclaré, tout en restant prudente : « Il est encore un peu trop tôt pour dire que la Suisse est tirée d’affaire, mais c’est encourageant que les Américains veuillent accélérer le processus. »

Les deux pays ont convenu de rédiger une déclaration d’intention commune. Une délégation suisse pourrait se rendre à Washington d’ici deux semaines, dans l’espoir de finaliser un accord avant le 9 juillet, date limite fixée par la suspension temporaire des surtaxes décidée par le président Trump.

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Modernisation de l’accord de libre-échange avec la Chine 

En parallèle, la Suisse a également entamé des discussions bilatérales avec la Chine pour moderniser leur accord de libre-échange signé en 2014. À l’issue d’un entretien avec le vice-Premier ministre chinois He Lifeng, la présidente de la Confédération a indiqué que « les premiers rounds ont été intéressants » et qu’une délégation chinoise reviendrait en Suisse en juillet. Pour la Suisse, la modernisation de cet accord est stratégique : la Chine est son troisième partenaire commercial, après l’Union européenne et les États-Unis.

 

Genève à nouveau dans l’actualité

Cette série de rencontres rassure la Suisse sur la capacité de la « Genève internationale » à encore servir de plateforme pour les échanges diplomatiques de haut niveau. En servant de cadre à des pourparlers entre rivaux économiques majeurs, tout en défendant activement ses propres intérêts, la Suisse démontre la pertinence de sa diplomatie de la discrétion. La directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a salué l’initiative helvétique, qualifiant la tenue de ces discussions d’« avancée positive et constructive vers une désescalade ».