La Nation Bénin...
Au
Collège d’enseignement général de Banikoara, le projet du gouvernement sur les
classes numériques financé par l’Union européenne et exécuté par l’Unicef et
ses partenaires intègre les outils numériques dans l’éducation scolaire afin
d’améliorer l'apprentissage des élèves. Le joyau érigé au sein de
l’établissement est le symbole vivant des acquis.
Le
brouillard épais consécutif à l’harmattan en cette fin de matinée du mardi 19
décembre n’émousse en rien la détermination des élèves du Ceg Banikoara à
approfondir leur connaissance des outils informatiques et numériques. Nous
sommes dans la classe numérique de l’établissement, un bâtiment neuf,
légèrement retranché du tohu-bohu des salles de classe. Le regard alerte balaie
en un tour de tête une quinzaine d’ordinateurs de bureau. En face de l’écran,
des apprenants de la première C s’appliquent à dessiner des figures
géométriques en se servant du logiciel ‘’Word’’. Comme quoi, de la mathématique à
l’informatique, il n’y a qu’un pas.
Dans
cet établissement qui compte environ 2 500 élèves, l’accès et l’usage du
numérique ont cessé d’être un luxe. Avec le dispositif de travail acquis, il
leur est désormais loisible d’explorer le monde en maniant les appareils et les
logiciels à leur guise. Le projet du gouvernement sur les classes numériques,
soutenu par l’Unicef et l’Union européenne, leur simplifie la vie.
Les
notions théoriques reçues en classe sont pratiquées sur les ordinateurs en
présence d’un professeur qui s’assure de leur bonne assimilation. Chabi Maro
Adamou, professeur de mathématiques au Ceg Banikoara, commis à cette tâche au
profit des élèves de la première C suit en temps réel les progrès de ses élèves
tout en essayant d’adapter sa méthode pédagogique en fonction des besoins
identifiés sur place.
«
Dans cette classe, nous amenons les apprenants à se familiariser avec l’outil
informatique. Ces apprenants ne sont plus des novices en la matière. Le logiciel
Word est l’outil le plus aisé pour eux. Ils l’utilisent beaucoup dans le cadre
de leurs exposés et travaux de recherches », témoigne-t-il.
Les
élèves de cet établissement font partie des privilégiés du département. « Nous
sommes l’un des rares établissements de l’Alibori à bénéficier de ce joyau
(Ndlr : classe numérique) en ce moment. Après l’inauguration de notre salle
numérique et avec les sensibilisations tous azimuts, ainsi que la formation des
enseignants sous la houlette de l’Unicef, nous avons commencé par initier les
élèves. Notre établissement est plus avancé dans le département comparativement
aux autres », s’exclame Abdou Ganiou Massihoudou, directeur du Ceg Banikoara.
Meilleure préparation aux compétences futures
Le
numérique fait partie intégrante du monde professionnel. Familiariser les
élèves avec les technologies dès leur plus jeune âge les prépare à intégrer le
marché du travail en constante évolution. Ils développent ainsi des compétences
en recherche d'information, en analyse critique et en collaboration en ligne.
En
prenant conscience, ceux du Ceg Banikoara pourront être en avance sur le temps.
« L’ordinateur n’est plus un outil destiné à une classe donnée ou à des
individus spécialisés dans le domaine. Son utilisation et la connaissance de
l’informatique et du numérique sont utiles à tous aujourd’hui. En les amenant à
s’habituer à ces outils, les apprenants pourront développer assez de
compétences sur le plan du raisonnement scientifique et facilement trouver leur
voie dans les études supérieures », assure Chabi Maro Adamou.
Si
le numérique est perçu de nos jours comme un outil indispensable à la marche du
monde, les élèves du Ceg Banikoara savent qu’ils ont tout à gagner en
saisissant la chance que leur donnent l’Unicef et ses partenaires à travers le
projet du gouvernement sur les classes numériques financé par l’union
européenne. Ces acteurs servent de courroie de transmission pour leur donner le
pli. Et les plus intelligents se donnent à fond pour ne pas rater le coche. «
Grâce à Internet, nous avons accès à une quantité impressionnante de ressources
pédagogiques ; nous apprenons le web en même temps qu’à dessiner les outils
géométriques sur l’ordinateur », affirme Mireille Gounou Zimé, élève en classe
de Première C au Ceg Banikoara.
Nabil
Arouna, son camarade, renchérit : « Avec l’aide de mon professeur, j’apprends à
manipuler l’outil informatique. Je reçois beaucoup de notions à chaque fois que
je viens à la salle numérique. L’apprentissage est très aisé. Il faut savoir
s’organiser et disposer des heures pour ça. Nous apprenons aussi à utiliser le
téléphone portable de façon responsable, de même que les plateformes de
l’Intelligence artificielle pour nos recherches ».
De
son côté, l’administration prend le risque de briser les protocoles en
pratiquant la politique de la carotte et du bâton afin d’aider ses apprenants à
tirer pleinement profit du numérique. Cet établissement situé dans la partie
septentrionale du Bénin fait partie des rares du pays où l’utilisation du
téléphone portable et les cours font bon ménage afin d’amener les apprenants à
être en phase avec les réalités de leur époque. Mais attention, tout est
encadré.
« Il est vrai que dans un passé récent, on réprimait systématiquement l’utilisation du téléphone portable. Avec la révolution numérique, vous avez beau saisir les téléphones chez les élèves, ils trouvent toujours le moyen de les ramener. Nous avons alors pensé à orienter leur utilisation », explique Abdou Ganiou Massihoudou, directeur du Ceg Banikoara.
L’administration
a fait alors cette option afin d’aider non seulement les élèves à renforcer
leur connaissance du numérique, mais aussi à accéder aux meilleures
informations lors des recherches.
« Nous nous sommes rendu compte qu’au lieu de saisir leurs téléphones portables et les détruire systématiquement comme nous le faisions, il fallait plutôt mettre l’accent sur l’éducation et la sensibilisation en leur indiquant même parfois les sites d’exploitation sur les notions de cours, les figures, les épreuves de composition… », poursuit-il.
Option bénéfique
Cette
option qui semblait un peu risquée s’est révélée bénéfique pour les apprenants.
« Je vous assure qu’ils sont très nombreux à ne pas connaître les sites
d’apprentissage et de connaissances efficaces pour eux. Ensemble, nous
travaillons sur l’accès à ces sites et les avantages pour eux de les explorer ;
nous ne manquons pas de leur rappeler le règlement intérieur sur la répression
de l’usage du téléphone portable à l’école. L’élève qui se fait prendre par un
professeur avec son téléphone en train de sonner en classe ou qui dérangerait
les cours subit la rigueur des textes», nuance le directeur.
Mais
il rassure que les élèves s’arrangent souvent pour ne pas sortir de cette
trajectoire. «Le téléphone portable répond sur la base de ce que vous lui
demandez. Lorsque vous en faites un outil d’apprentissage, il va vous répondre
favorablement. Si vous en faites un outil contraire, vous aurez également des
résultats contraires », clarifie Abdou Ganiou Massihoudou.
Les
avantages des classes numériques vont au-delà de l’appréciation du profane. «
Vous ne pouvez pas mesurer l’impact de ces classes au niveau de notre
communauté scolaire. Elles favorisent le leadership féminin. L’effectif des
filles a considérablement augmenté cette année. Par le passé, l’utilisation de
l’outil informatique était un rêve. Il est inconcevable aujourd’hui de parler
de la modernité dans l’enseignement sans l’évoquer», apprécie-t-il.
Les
classes numériques qui utilisent des tablettes, des ordinateurs et des
logiciels interactifs, offrent de nombreux avantages aux apprenants. Cette
approche favorise une meilleure rétention des informations et rend
l'apprentissage plus attractif. En même temps qu’elles permettent aux élèves
d’approfondir leurs connaissances, elles aident également les filles à sortir
de leur cocon. « Les questions qui, hier, étaient taboues, sont devenues
ordinaires. Les apprenants, notamment les filles ont plus d’aisance à se
confier. La réussite de ce projet du gouvernement a créé une augmentation du
taux de scolarisation et du maintien des filles dans notre établissement », se
réjouit Abdou Ganiou.
Occasion
pour lui de décerner une fière chandelle à l’Unicef et ses partenaires. « Le
bâtiment qui abritait notre salle numérique n’était pas celui des grandes
villes. Nous devons sa rénovation à l’Unicef. En dehors de nos bureaux, c’est
l’une de nos meilleures salles aujourd’hui », apprécie-t-il.
C’est en 2019 que les classes numériques ont véritablement pris corps au Bénin. L’initiative gouvernementale s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet de généralisation de l’usage du numérique par l’éducation et la formation. Aurélie Adam Soulé Zoumarou, ministre du Numérique et de la Digitalisation avait expliqué à l’époque que « Ce projet prévoit la mise à disposition de salle multimédia dans les écoles primaires et secondaires, la connexion des établissements primaires et secondaires à l’internet ». Cinq ans après, l’initiative poursuit son chemin pour le bonheur des apprenants.