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Classe numérique au Ceg Banikoara: Le monde à portée de main des élèves

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Classe numérique au Ceg Banikoara Classe numérique au Ceg Banikoara

Au Collège d’enseignement général de Banikoara, le projet du gouvernement sur les classes numériques financé par l’Union européenne et exécuté par l’Unicef et ses partenaires intègre les outils numériques dans l’éducation scolaire afin d’améliorer l'apprentissage des élèves. Le joyau érigé au sein de l’établissement est le symbole vivant des acquis. 

Par   Maryse ASSOGBADJO, le 26 févr. 2025 à 06h31 Durée 3 min.
#Classe numérique

Le brouillard épais consécutif à l’harmattan en cette fin de matinée du mardi 19 décembre n’émousse en rien la détermination des élèves du Ceg Banikoara à approfondir leur connaissance des outils informatiques et numériques. Nous sommes dans la classe numérique de l’établissement, un bâtiment neuf, légèrement retranché du tohu-bohu des salles de classe. Le regard alerte balaie en un tour de tête une quinzaine d’ordinateurs de bureau. En face de l’écran, des apprenants de la première C s’appliquent à dessiner des figures géométriques en se servant du logiciel ‘’Word’’.  Comme quoi, de la mathématique à l’informatique, il n’y a qu’un pas.

Dans cet établissement qui compte environ 2 500 élèves, l’accès et l’usage du numérique ont cessé d’être un luxe. Avec le dispositif de travail acquis, il leur est désormais loisible d’explorer le monde en maniant les appareils et les logiciels à leur guise. Le projet du gouvernement sur les classes numériques, soutenu par l’Unicef et l’Union européenne, leur simplifie la vie.

Les notions théoriques reçues en classe sont pratiquées sur les ordinateurs en présence d’un professeur qui s’assure de leur bonne assimilation. Chabi Maro Adamou, professeur de mathématiques au Ceg Banikoara, commis à cette tâche au profit des élèves de la première C suit en temps réel les progrès de ses élèves tout en essayant d’adapter sa méthode pédagogique en fonction des besoins identifiés sur place.

« Dans cette classe, nous amenons les apprenants à se familiariser avec l’outil informatique. Ces apprenants ne sont plus des novices en la matière. Le logiciel Word est l’outil le plus aisé pour eux. Ils l’utilisent beaucoup dans le cadre de leurs exposés et travaux de recherches », témoigne-t-il.

Les élèves de cet établissement font partie des privilégiés du département. « Nous sommes l’un des rares établissements de l’Alibori à bénéficier de ce joyau (Ndlr : classe numérique) en ce moment. Après l’inauguration de notre salle numérique et avec les sensibilisations tous azimuts, ainsi que la formation des enseignants sous la houlette de l’Unicef, nous avons commencé par initier les élèves. Notre établissement est plus avancé dans le département comparativement aux autres », s’exclame Abdou Ganiou Massihoudou, directeur du Ceg Banikoara. 

Meilleure préparation aux compétences futures

Le numérique fait partie intégrante du monde professionnel. Familiariser les élèves avec les technologies dès leur plus jeune âge les prépare à intégrer le marché du travail en constante évolution. Ils développent ainsi des compétences en recherche d'information, en analyse critique et en collaboration en ligne.

En prenant conscience, ceux du Ceg Banikoara pourront être en avance sur le temps. « L’ordinateur n’est plus un outil destiné à une classe donnée ou à des individus spécialisés dans le domaine. Son utilisation et la connaissance de l’informatique et du numérique sont utiles à tous aujourd’hui. En les amenant à s’habituer à ces outils, les apprenants pourront développer assez de compétences sur le plan du raisonnement scientifique et facilement trouver leur voie dans les études supérieures », assure Chabi Maro Adamou.

Si le numérique est perçu de nos jours comme un outil indispensable à la marche du monde, les élèves du Ceg Banikoara savent qu’ils ont tout à gagner en saisissant la chance que leur donnent l’Unicef et ses partenaires à travers le projet du gouvernement sur les classes numériques financé par l’union européenne. Ces acteurs servent de courroie de transmission pour leur donner le pli. Et les plus intelligents se donnent à fond pour ne pas rater le coche. « Grâce à Internet, nous avons accès à une quantité impressionnante de ressources pédagogiques ; nous apprenons le web en même temps qu’à dessiner les outils géométriques sur l’ordinateur », affirme Mireille Gounou Zimé, élève en classe de Première C au Ceg Banikoara.

Nabil Arouna, son camarade, renchérit : « Avec l’aide de mon professeur, j’apprends à manipuler l’outil informatique. Je reçois beaucoup de notions à chaque fois que je viens à la salle numérique. L’apprentissage est très aisé. Il faut savoir s’organiser et disposer des heures pour ça. Nous apprenons aussi à utiliser le téléphone portable de façon responsable, de même que les plateformes de l’Intelligence artificielle pour nos recherches ». 

De son côté, l’administration prend le risque de briser les protocoles en pratiquant la politique de la carotte et du bâton afin d’aider ses apprenants à tirer pleinement profit du numérique. Cet établissement situé dans la partie septentrionale du Bénin fait partie des rares du pays où l’utilisation du téléphone portable et les cours font bon ménage afin d’amener les apprenants à être en phase avec les réalités de leur époque. Mais attention, tout est encadré.

« Il est vrai que dans un passé récent, on réprimait systématiquement l’utilisation du téléphone portable. Avec la révolution numérique, vous avez beau saisir les téléphones chez les élèves, ils trouvent toujours le moyen de les ramener. Nous avons alors pensé à orienter leur utilisation », explique Abdou Ganiou Massihoudou, directeur du Ceg Banikoara. 

L’administration a fait alors cette option afin d’aider non seulement les élèves à renforcer leur connaissance du numérique, mais aussi à accéder aux meilleures informations lors des recherches.

« Nous nous sommes rendu compte qu’au lieu de saisir leurs téléphones portables et les détruire systématiquement comme nous le faisions, il fallait plutôt mettre l’accent sur l’éducation et la sensibilisation en leur indiquant même parfois les sites d’exploitation sur les notions de cours, les figures, les épreuves de composition… », poursuit-il.

Option bénéfique

Cette option qui semblait un peu risquée s’est révélée bénéfique pour les apprenants. « Je vous assure qu’ils sont très nombreux à ne pas connaître les sites d’apprentissage et de connaissances efficaces pour eux. Ensemble, nous travaillons sur l’accès à ces sites et les avantages pour eux de les explorer ; nous ne manquons pas de leur rappeler le règlement intérieur sur la répression de l’usage du téléphone portable à l’école. L’élève qui se fait prendre par un professeur avec son téléphone en train de sonner en classe ou qui dérangerait les cours subit la rigueur des textes», nuance le directeur. 

Mais il rassure que les élèves s’arrangent souvent pour ne pas sortir de cette trajectoire. «Le téléphone portable répond sur la base de ce que vous lui demandez. Lorsque vous en faites un outil d’apprentissage, il va vous répondre favorablement. Si vous en faites un outil contraire, vous aurez également des résultats contraires », clarifie Abdou Ganiou Massihoudou.

Les avantages des classes numériques vont au-delà de l’appréciation du profane. « Vous ne pouvez pas mesurer l’impact de ces classes au niveau de notre communauté scolaire. Elles favorisent le leadership féminin. L’effectif des filles a considérablement augmenté cette année. Par le passé, l’utilisation de l’outil informatique était un rêve. Il est inconcevable aujourd’hui de parler de la modernité dans l’enseignement sans l’évoquer», apprécie-t-il.

Les classes numériques qui utilisent des tablettes, des ordinateurs et des logiciels interactifs, offrent de nombreux avantages aux apprenants. Cette approche favorise une meilleure rétention des informations et rend l'apprentissage plus attractif. En même temps qu’elles permettent aux élèves d’approfondir leurs connaissances, elles aident également les filles à sortir de leur cocon. « Les questions qui, hier, étaient taboues, sont devenues ordinaires. Les apprenants, notamment les filles ont plus d’aisance à se confier. La réussite de ce projet du gouvernement a créé une augmentation du taux de scolarisation et du maintien des filles dans notre établissement », se réjouit Abdou Ganiou.

Occasion pour lui de décerner une fière chandelle à l’Unicef et ses partenaires. « Le bâtiment qui abritait notre salle numérique n’était pas celui des grandes villes. Nous devons sa rénovation à l’Unicef. En dehors de nos bureaux, c’est l’une de nos meilleures salles aujourd’hui », apprécie-t-il.

C’est en 2019 que les classes numériques ont véritablement pris corps au Bénin. L’initiative gouvernementale s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet de généralisation de l’usage du numérique par l’éducation et la formation. Aurélie Adam Soulé Zoumarou, ministre du Numérique et de la Digitalisation avait expliqué à l’époque que « Ce projet prévoit la mise à disposition de salle multimédia dans les écoles primaires et secondaires, la connexion des établissements primaires et secondaires à l’internet ». Cinq ans après, l’initiative poursuit son chemin pour le bonheur des apprenants.