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Plateforme «Educmaster»: La révolution numérique au service de l’Ecole

Numérique

Lancée en 2018, Educmaster, une plateforme innovante de gestion de la vie scolaire marque la révolution numérique au Bénin. Cette plateforme est devenue un outil incontournable du système éducatif béninois, avec des résultats probants.

Par   Isidore GOZO, le 24 déc. 2024 à 09h37 Durée 3 min.
#la plateforme Educmaster

Ce mercredi 18 décembre, à l'École primaire publique (Epp) de Gbégamey, dans le 11e arrondissement de Cotonou, la directrice du groupe B semble absorbée par son ordinateur. Consciente de l'importance de la tâche qui lui incombe, elle saisit avec rigueur les informations personnelles de certains de ses élèves du Cours d'initiation (CI) sur la plateforme "Educmaster". « Ce sont les renseignements des enfants du CI que je suis en train d’intégrer sur la plateforme, et cela me prend du temps, car la majorité de ces enfants n'ont pas d'acte de naissance. J'ai donc donné un délai à leurs parents afin qu'ils puissent me faire parvenir ce précieux sésame pour accélérer le processus», a expliqué Bénédicte Flore Aguiadaho, qui précise qu’elle n’en est qu'à 25 % du travail à accomplir. En dehors des enfants du Cours d'initiation, les informations des autres élèves de son école ainsi que celles du personnel d’encadrement ont déjà été renseignées dans la base de données de la plateforme "Educmaster". « Notre rôle est d’inscrire et d'enregistrer tous nos apprenants dans la base de données de la plateforme ainsi que le personnel encadrant. Cela nous permet de suivre leur parcours », a révélé Bénédicte Flore Aguiadaho.

Mise en place par le ministère des Enseignements secondaire, technique et de la Formation professionnelle, la plateforme "Educmaster" s’est imposée dans tous les collèges et lycées publics et privés du Bénin, qui doivent y renseigner toutes les données relatives à la vie scolaire : la gestion du personnel enseignant et non enseignant, quel que soit son statut, l’effectif des élèves par classe, les emplois du temps, les transferts d’un établissement à un autre, les nouvelles inscriptions, les absences, etc. En d’autres termes, cette plateforme est désormais le principal outil où les autorités départementales et nationales disposent de toutes les données sur le sous-secteur, établissement par établissement.

Six ans après sa mise en œuvre, la plateforme a relevé de nombreux défis liés au système éducatif. Interviewé, Yvonnick Victorin Aza-Gnandji, directeur des systèmes d’information du ministère des Enseignements secondaires, techniques et de la Formation professionnelle, affirme que cette plateforme a permis d'améliorer la gouvernance du système éducatif. « Dans un passé récent, nous avons connu des pratiques peu orthodoxes. L’une de ces pratiques concernait les passages frauduleux des enfants en classe supérieure. Aujourd'hui, la plateforme gère à la fois le cursus des élèves et le parcours des enseignants, y compris leurs emplois du temps. L'administration peut désormais accéder facilement à toutes les informations relatives au parcours des enseignants», a-t-il expliqué. Il précise : « Lorsqu’un élève passe d’un établissement privé à un établissement public ou viceversa, si son transfert n’est pas effectué via la plateforme, aucun établissement n’acceptera de l’accueillir. Les parents doivent veiller à ce que le transfert numérique de leurs enfants soit effectué ».

Yvonnick Victorin Aza-Gnandji souligne que l’avènement de cette plateforme a un impact considérable sur le système éducatif. Elle permet de gérer efficacement les Aspirants au métier d’enseignement (Ame), de suivre à distance la présence des enseignants, qu'ils soient agents de l'État ou non, et de remédier à la perte de temps. « Par le passé, certains enseignants pouvaient sécher les cours à leur guise sans que cela les inquiète. Il n’y avait même pas de mécanisme pour rattraper les heures perdues. Ce sont les élèves qui en pâtissaient. Aujourd’hui, ces pratiques appartiennent au passé, ce qui contribue à l'amélioration des résultats scolaires », a-t-il expliqué, ajoutant que cette plateforme permet également de suivre les activités pédagogiques à distance et de répondre à certaines demandes, même en dehors des jours ouvrables.

Nouvelle version

La plateforme est en constante évolution et les difficultés de son utilisation restent mineures. Bénédicte Flore Aguiadaho note que pour apporter des corrections à certains dossiers mal renseignés sur les apprenants ou les enseignants, cela est parfois difficile. « À chaque fois, nous devons remonter nos plaintes au point focal avant de trouver satisfaction », a-t-elle déclaré. Pour Yvonnick Victorin Aza-Gnandji, seules les personnes habilitées peuvent apporter des corrections sur la plateforme pour des raisons de sécurité.

Il profite de l’occasion pour informer qu’une nouvelle version de cette plateforme sera bientôt disponible. La technologie évoluant rapidement, il est important de mettre à jour la plateforme pour renforcer sa sécurité. « Un parent ayant plusieurs enfants peut créer un compte sur la plateforme et suivre l’évolution de chacun de ses enfants. Avant, nous chargions uniquement les moyennes de fin de semestre. Avec la nouvelle version de la plateforme, nous chargerons non seulement les moyennes de fin de semestre ou de trimestre, mais aussi les notes elles-mêmes, et la plateforme fera automatiquement les calculs», a-t-il expliqué. Le directeur des systèmes d’information du ministère des Enseignements secondaires, techniques et de la Formation professionnelle précise que d'autres innovations suivront, car les besoins ne cessent de croître et les données qui sont manipulées aujourd’hui évoluent à grande vitesse, ce qui génère de nouveaux besoins.

Cet article a été rédigé dans le cadre de la Bourse régional ede journalisme sur les Ipn organisée par la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest et Co-Develop.