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Champignonnières de Tchirimina: Un incubateur de culture de champignons

Région
Du champignon séché après la récolte dans la champignonnière Du champignon séché après la récolte dans la champignonnière

La culture de champignons est en expérimentation dans la ville de Natitingou, grâce à une technique développée par Tatanty Victor Gnagna qui s’y emploie depuis 2008. Son expérience fait école auprès de jeunes entrepreneurs. Mais par défaut de moyens, ils hésitent à s’engager dans le cercle restreint des producteurs de champignons très prisés pour leurs valeurs nutritives.

Par   Alexis METON A/R Atacora-Donga, le 09 avr. 2024 à 06h54 Durée 3 min.
#entreprenariat

La culture de champignons est en expérimentation à Natitingou, dans un centre situé au quartier Tchirimina. Un vrai incubateur de production de champignons cultivés dans les champignonnières, une case ronde réalisée en paille pour maintenir la température froide. Dans ce centre, l’on découvre en plus des champignonnières, la semencière, le laboratoire, l’atelier de travail… Tatanty Victor Gnagna tient son centre depuis 2008, pour non seulement y produire de la semence, mais aussi des champignons. Décrivant le processus, il informe qu’il y a une variété de semences produite en milieu de culture.

« La variété de semences que nous utilisons est produite en milieu de culture. On cultive une partie saine du champignon qui va en fait libérer son mycélium qu’on peut après inoculer sur du riz Paddy ou sur le sorgho stérilisé », indique Tatanty Victor Gnagna. Au bout de trois semaines, le cycle de production du champignon commence. Il souligne que si l’on veut faire la production en milieu de culture ou le piquer sur le riz Paddy ou le sorgho, il faut deux à trois mois pour avoir une semence de champignon. « Cette semence, un producteur peut l’utiliser et avoir des champignons », a rassuré Victor Gnagna. Il découvre sa passion dans la culture de la semence et des champignons et utilise comme substrat de fructification beaucoup plus la paille du riz qu’on retrouve en abondance autour de Natitingou notamment à Péporyakou.


Une champignonnière pour la culture des champignons 

Dispositifs adéquats

 

Comme toute production l’exige, la culture des champignons nécessite aussi des infrastructures. Il faut disposer d’une champignonnière qui est une case ronde en paille, d’une marmite numéro 40 pour y stériliser la paille du riz. Disposer d’un foyer, d’une table de lardage, d’une bâche, d’une fourche pour enlever la paille, d’un égouttoir pour égoutter la paille et en plus des sachets pour faire le lardage, c’est-à-dire y mettre les semences et les attacher, est important.

Victor Gnagna conseille un peu de scotch aussi pendant la période de production, parce qu’il peut arriver que le sachet soit percé, après plusieurs séances d’arrosage, selon ses explications. « Si vous avez du matériel, deux à trois semaines, les champignons commencent à pousser. Quand ça commence à pousser, vous pouvez faire la récolte pendant un à deux mois avant que le substrat ou la paille de riz utilisé ne soit usé et on peut renouveler le cycle », a-t-il détaillé.

Il a démarré cette aventure en 2008 tout timidement. À l’époque, il allait s’approvisionner en semences à l’Université d’Abomey-Calavi auprès du laboratoire de recherche du docteur Jean Claude Codjia. Quelques difficultés, entre-temps, l’ont obligé à avoir recours au Togo et au Ghana. Les difficultés ont persisté et il a décidé de se faire former dans la culture des semences en achetant le matériel adéquat pour pouvoir produire. Bien qu’archaïque, il parvient à produire la semence. « En période d’harmattan, c’est plus facile de produire les semences, parce que ça colonise bien et s’incube convenablement. Mais en période de chaleur, à partir de janvier jusqu’en juin, c’est difficile de produire les semences à cause de la température qui augmente », se désole-t-il.

L’utilisation d’une climatisation pour refroidir la semencière en période de forte chaleur revient très coûteux. Il est donc contraint d’arrêter momentanément, selon ses explications. L’autre difficulté qu’il évoque, c’est le peu de producteurs qui s’intéressent à l’activité. S’il y en a un grand nombre, estime-t-il, leurs commandes pourraient permettre, selon les quantités, de pouvoir atteindre le seuil de rentabilité pour continuer la production. « Voici les difficultés, mais nous avons foi en cette culture. Si vous avez sept champignonnières, vous pouvez faire des recettes jusqu’à 500 000 francs le mois. C’est une filière d’avenir, et elle ne nécessite pas grand travail à part les jours de production et vous avez deux mois de récolte », fait-il savoir.

 

Promouvoir la filière  

 

Des jeunes sont intéressés par l’activité et se font former. Après leur formation, ils éprouvent des difficultés à réaliser une champignonnière et acquérir le matériel. Il urge que les autorités voient comment accompagner les acteurs pour bien organiser la filière. « Je pense que si nous arrivons à les accompagner à réaliser les unités de production, cela va les aider à se lancer véritablement dans la culture de champignons. Il y a un avenir parce que le marché d’écoulement n’est pas un problème. Il y a les gros consommateurs comme les restaurants, les supermarchés qui achètent de grandes quantités de même que beaucoup de ménages habitués à consommer le champignon », détaille V. Gnagna. Un entrepreneur qui s’installe à proximité des grandes villes peut quotidiennement convoyer ses champignons pour les commercialiser, dit-il. L’on peut conserver le champignon en le séchant au soleil, selon lui.

Après ces années d’expériences, Victor G. note que le champignon est méconnu du grand public au point où les acteurs sont parfois écartés des appels à projets. Ce qui le motive davantage à faire connaître la filière pour y drainer beaucoup d’acteurs et produire assez de champignons.

« Nous faisons l’effort de former beaucoup de personnes dans la filière grâce à certaines Ong et des partenaires internationaux qui s’investissent pour la promotion de la culture. Si les bénéficiaires de nos formations se lancent dans l’activité, cela créera une chaîne de producteurs. Ce qui va permettre de faire grandir la filière. Mon souhait est que les autorités s’intéressent à ce que nous faisons, à la culture du champignon et décident un jour d’en faire une filière », a-t-il suggéré. Le travail de reconnaissance peut conduire à en faire une activité pour tous afin que toute la population prenne goût aux champignons qui constituent une solution aux problèmes de santé. La consommation du champignon permet de lutter contre la malnutrition chez les enfants. Le champignon est très riche en minéraux et sa consommation permet de combattre beaucoup de maladies telles que le diabète, la tension, le cancer, parce qu’il contient des antioxydants très puissants. Au regard de ces éléments, il appelle à soutenir et à accompagner les acteurs pour relever les défis de cette culture qui nécessite des moyens considérables.

Victor Gnagna informe que d’autres producteurs y travaillent dans la zone de Porto-Novo et à Abomey-Calavi. Mais tous sont confrontés aux mêmes difficultés: problèmes d’incubation des semences, d’approvisionnement en semences… Un producteur de champignons doit avoir une source d’approvisionnement en semences à proximité de lui. Pour la promotion de cette culture, beaucoup de chercheurs mènent des études au Bénin depuis les années 2000. Au nombre des pionniers, on peut citer le professeur Jean-Claude Codjia et bien d’autres chercheurs de l’Université de Parakou. Des Organisations non gouvernementales forment, par le biais de ces enseignants-chercheurs, des hommes et femmes et investissent pour promouvoir cette culture.