La Nation Bénin...
Amnesty International Bénin a saisi l’occasion des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre pour donner une nouvelle ampleur à sa campagne nationale d’éducation au droit à la santé, initiée en septembre dernier. L’itinéraire Etoile Rouge- Ministère de la Santé publique a permis aux militants de cette cause de délivrer, ce mardi 26 novembre, leur plaidoyer au ministre Benjamin Hounkpatin.
Amnesty
International Bénin en collaboration avec une vingtaine d’organisations de la
société civile, cible particulièrement les violences subies par les femmes
enceintes dans les structures de santé et les carences en soins dans les
prisons béninoises.
La santé est un droit fondamental reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’Homme et la Constitution béninoise. ‘‘Pourtant, selon une étude menée en 2023 par Amnesty International Bénin, ce droit reste encore largement compromis dans les structures sanitaires et carcérales du pays’’, indique Eric-Orion Biao, coordonnateur de l’Education aux droits humains à Amnesty International Bénin.
Dans
les hôpitaux, les relations entre soignants et patients sont souvent tendues,
freinant le processus de guérison. Près de 71 % des usagers interrogés
dénoncent une absence d’information adéquate sur les soins qu’ils reçoivent,
tandis que des femmes enceintes signalent des violences verbales et physiques
lors des consultations prénatales et des accouchements.
Violences
: une réalité dans les hôpitaux
La
campagne d’Amnesty International cible particulièrement les violences
gynécologiques et obstétricales (Vgo). Ces pratiques incluent l’absence de
consentement éclairé lors des soins prodigués ; des abus physiques et verbaux
signalés par de nombreuses patientes ; un accueil déplorable dans les
structures hospitalières, où l’intimité des femmes est fréquemment exposée.
Eric-Orion
Biao affirme que ces réalités mettent en lumière l’urgence de sensibiliser les
professionnels de santé aux obligations légales et éthiques, tout en informant
les patientes de leurs droits.
Au-delà
des structures de santé, Amnesty International Bénin alerte également sur les
conditions sanitaires précaires des personnes en détention. Ces carences,
dénoncées à plusieurs reprises par les organisations de défense des droits
humains, affectent particulièrement les femmes enceintes et les enfants
incarcérés.
«
Les violences institutionnelles, qu’elles soient dans les hôpitaux ou les
prisons, sont une atteinte grave aux droits humains fondamentaux. Notre
campagne vise à interpeller les décideurs politiques pour un engagement concret
», a déclaré le coordonnateur de l’Education aux droits humains à Amnesty
International Bénin.
La
campagne, qui s’étendra sur plusieurs semaines, mobilise une vingtaine
d’Organisations de la société civile. Des activités d’éducation et de
sensibilisation, notamment des ateliers et des forums communautaires, sont
prévues à travers le pays.
Un appel lancé au gouvernement
Amnesty
International Bénin appelle le gouvernement à renforcer les mécanismes de
surveillance dans les structures sanitaires et les prisons. Des formations pour
les professionnels de santé et les agents pénitentiaires sont également
recommandées, ainsi qu’une meilleure allocation des ressources pour garantir un
environnement respectueux des droits humains. Cette campagne marque un pas
important vers une prise de conscience collective. Les semaines à venir
permettront de mesurer l’impact de ce plaidoyer, qui place la dignité humaine
au cœur des préoccupations. La campagne d’Amnesty International Bénin est bien
plus qu’un simple plaidoyer : elle représente un combat pour une société plus
juste et inclusive. En ciblant les femmes enceintes et les détenus, elle
rappelle que le droit à la santé est inaliénable et universel. Si les actions
entreprises aboutissent, elles pourront ouvrir la voie à des réformes
indispensables pour des milliers de Béninois■