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Adaptation des curricula de formation au marché du travail: Les grands chantiers et perspectives au Bénin

Société
Par   La Redaction, le 24 mars 2023 à 03h45
L’adéquation entre la formation et l’emploi est devenue l’un des défis urgents, auquel font face les Etats africains, pour assurer l’avenir d’une population majoritairement jeune. C’est à dessein que le journal La Nation s’est penché sur la problématique, au cours de sa conférence thématique de ce 23 mars. Prenant part aux discussions, Eléonore Yayi Ladékan, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a dressé un bref bilan de ce qui se fait au Bénin, pour répondre à ce rendez-vous africain de changement de cap en matière d’enseignement. A l’en croire, depuis 2010, le pays s’est engagé dans cette dynamique qui consiste à repenser les curricula de formation pour offrir de meilleures chances aux apprenants. Ce processus s’est davantage renforcé depuis 2018, a-t-elle indiqué. « En 2018, le gouvernement a pris la décision d’adopter une grande stratégie de l’enseignement, de la formation technique et professionnelle. A partir de ce moment, il y a eu une révision de tout ce que nous avons comme offre de formation, de sorte à réduire la dose théorique au profit de la dose pratique », fait-elle savoir. Les volets technique et professionnel ont été séparés du volet enseignement général habituellement déroulé. Des professionnels associés Au niveau des universités également, ajoute la ministre Ladékan, ce continuum est mis en place à travers de nouvelles initiatives notamment celles des instituts universitaires pour l’enseignement professionnel. « C’est une initiative qui prend son envol cette année avec une première promotion. Depuis 2010, avec le système Lmd, au niveau de toutes les universités, il y a eu une révision des offres de formation, en lien avec les besoins du marché », explique-t-elle. Urbain Amégbédji, directeur général de l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe), atteste que cette réorientation du système éducatif béninois part d’un certain nombre de constats. Il relève que le marché de l’emploi est dans une dynamique d’évolution telle qu’il donne l’impression que la formation va moins vite. « Le marché et les métiers se transforment, les besoins des entreprises évoluent tandis que les curricula et le système de formation changent à un rythme beaucoup plus lent. Les jeunes livrés sur ce marché par les universités et les centres de formation ne répondent pas toujours aux aptitudes et compétences demandées », a-t-il expliqué. Pour corriger un tant soit peu le tir, avec l’avènement du système Lmd, les offres de formation ont été revisitées. [caption id="attachment_94399" align="alignnone" width="450"] Eléonore Yayi Ladékan[/caption] [caption id="attachment_94401" align="alignnone" width="403"] Yao Ydo[/caption] « On ne peut pas dire que toute la révision est à 100 % mais la plupart des offres de formation ont été revues de sorte à les adapter aux besoins du marché qui deviennent de plus en plus accessibles », précise la ministre Ladékan. A l’en croire, cette dynamique est en bonne marche au niveau des quatre universités fonctionnelles avec une implication des professionnels dans l’élaboration des offres de formation. « Cela permet aux apprenants de pouvoir régler un tant soit peu leur problème de mise en stage et les problèmes de leur insertion professionnelle. Au niveau du Bénin donc, que ce soit l’enseignement secondaire, technique, professionnel, général, ou que ce soit au niveau des universités, il y a une bonne révision des curricula parce que nous ne pouvons plus continuer de former les apprenants et qu’il leur soit difficile de pouvoir s’insérer dans la société », a insisté Eléonore Yayi Ladékan.

Des organes mis en place

La ministre souligne également que dans cette vision de transformer l’éducation de sorte à la mettre au service du développement, certains organes ont été mis en place. Il s’agit, entres autres, de l’Agence de développement de l’enseignement technique qui est une agence qui révolutionne les pratiques et contribue à cette ambition de mettre plus de dose pratique dans les éventails de formation. Il y a aussi, au niveau de l’enseignement supérieur, le Conseil national de l’éducation qui régule et revisite les offres de formation. « Il a été suspendu la plupart des offres de formation nouvelles parce qu’il faut faire le point de l’existant, les revisiter, et les allier aux nouveaux besoins, afin de s’assurer de ce qui manque… », souligne la ministre. Dans cette perspective, le gouvernement a mis en place, la Délégation générale au contrôle et à l’éthique qui devra s’assurer que cette marche entamée en ce qui concerne la révision des curricula se poursuive avec une bonne dose d’engagement des différents acteurs. « Nous avons confiance et espoir que d’ici quelques années, nous allons inverser la tendance. Il y a déjà des entités qui forment en matière de formation professionnelle dans les universités, il y a des entités qui donnent des formations continues pour renforcer les acquis de connaissances pour de courte durée. Et l’expérience des instituts universitaires d’enseignement professionnel, qui constituent le continuum de la stratégie enseignement et formation techniques et professionnelles au niveau du supérieur, est une expérience révolutionnaire qui permettra aux apprenants de s’offrir un maximum de connaissances pour pouvoir s’insérer dans la vie», a conclu la ministre. Par Arnaud DOUMANHOUN & Ariel GBAGUIDI