La Nation Bénin...

Les autorités mises en cause dans l’affaire dite des « Mardoff béninois », Icc-Services pour le commun, seront poursuivies devant la Haute cour de justice. Cet engagement pris d’un ton grave, lundi 11 février dernier, par le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), Gilbert Togbonon, relève d’une action de salubrité publique et surtout de prévention des crimes économiques. Toutes choses indispensables pour le développement tant voulu de notre pays.
La rocambolesque affaire Icc-Services dont les auteurs ont été jugés par la Criet prouve à satiété que la gestion de la chose publique, dans notre pays, a été dangereusement galvaudée. L’intérêt général qui doit être placé au premier plan dans la gestion des affaires de l’Etat ne l’a pas été. Du moins, jusqu’à un passé récent. A l’époque, et comme un rituel, conflits d’intérêts rimaient avec laxisme, convoitise et obstruction à la justice. Quelle nébuleuse ! Avec le procès Icc-Services, l’on s’est clairement rendu compte du degré élevé de l’immoralité et de l’abus de pouvoir dont certaines autorités ont eu à faire montre dans l’exercice de leurs fonctions. L’on s’est également rendu compte du tort causé à l’économie nationale, aux institutions et aux populations.
Redresser la barque et prévenir d’autres dérapages moraux et économiques afin d’attirer davantage les investisseurs étrangers dans notre pays, deviennent dès lors une mission sacrée. C’est en cela que l’œuvre de salubrité publique entamée par la Criet est à soutenir et à pérenniser. Car, comme le pense bien le chef de l’Etat, cet environnement peu vertueux qui lui a été malheureusement légué, promeut l’oligarchie. Qui plus est, il entrave le développement économique de notre pays au sens large du terme. Le défi pour lui et son gouvernement est donc de restaurer l’autorité de l’Etat, de replacer l’intérêt général au premier plan, de lutter contre les conflits d’intérêt et surtout de restaurer la confiance entre l’Etat et ses citoyens. Ne pas le faire, pour Patrice Talon, c’est rater sa chance de rentrer dans l’histoire… Qu’il vous souvienne ces phrases fortes et évocatrices de son premier discours tenu à Paris.
À la corruption, on oppose la rigueur, pour paraphraser l’auteur français, Jean
Dutourd. Autrement dit, ne pas poursuivre les autorités mises en cause dans l’affaire Icc-Services revient à cautionner le crime commis. C’est également encourager d’autres dérives peut-être bien plus graves. Il est donc nécessaire, voire obligatoire, d’ouvrir cette procédure de poursuites (malgré sa complexité) et surtout que les mis en cause soient punis à la hauteur des préjudices qu’ils auront causés. Ceci, afin que le cas Icc-Services serve à jamais de leçon pour les futurs dirigeants et les agents de l’administration publique.