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Art culinaire: Une foire autour des semences naturelles et mets locaux

Société
Par   Josué F. MEHOUENOU, le 27 nov. 2018 à 06h10

Les habitants de la ville de Cotonou et environs sont invités du 25 au 27 novembre sur l’esplanade intérieure du stade de l’Amitié Mathieu Kérékou pour découvrir, le temps d’une foire, des semences du pays. Mais la plus grande attraction de cette foire, c’est bien les mets locaux dont certains déjà en voie de disparition.

A l’instar du ministre en charge de l’Agriculture, Gaston Dossouhoui, des invités, cadres et autres curieux qui ont effectué le déplacement du stade de l’Amitié Mathieu Kérékou pour le lancement de la « Foire semencière et de dégustation des mets locaux » sont repartis nostalgiques. La visite des stands des exposants leur a laissé une note de souvenir, relativement aux mets locaux qui ont marqué, pour certains, leur enfance et pour d’autres leur jeunesse. Les échanges au cours de cette visite des stands ont porté sur de petites anecdotes qui ont souvent pris fin par des éclats de rire. Mais à l’unanimité, tous ont reconnu que ces mets locaux, spécificités de certaines régions du pays font défaut à l’alimentation quotidienne aussi bien dans les villes que dans les campagnes et disparaissent progressivement de l’art culinaire du pays. L’initiative d’une foire pour les ramener dans le subconscient des populations et les faire découvrir à ceux qui ne les connaissaient pas est donc tout bénefique.
Pour le ministre, cela permet de montrer la différence sensible et significative qu’il y a dans le goût culinaire des mets assurés avec des ingrédients originels.
Plus de 300 caravaniers et des représentants d’organisations paysannes du Burkina Faso, de Madagascar, du Niger, du Togo, de la fédération agro-écologique du Bénin prennent part à cette foire dont la quintessence est aussi, selon le ministre Gaston Dossouhoui, la mise en valeur des semences végétales, animales et aquacoles. Il insiste sur la qualité de ces semences sans lesquelles, aucun bon score n’est envisageable dans le secteur agricole. Il vante ensuite tous les bienfaits des produits bio qui sécurisent la santé des populations et permettent d’avoir un champ homogène. « Je ne suis pas un pro des Organismes génétiquement modifiés (Ogm) », dira aussi le ministre pour rassurer les forains.
A la manœuvre de cette initiative, le réseau Jinukun, ardent défenseur des produits naturels et mets locaux dans le monde paysan. Son représentant à l’occasion, Pierre Bédiyé, est heureux de l’aboutissement de l’initiative. « Nous essayons de répondre à notre manière au combat contre les Ogm », souligne-t-il. Par cette foire, nous célébrons les semences, poursuit-il. Aussi, expliquera-t-il qu’aucune semence ne dure dans le temps s’il ne migre des champs vers la table. Fierté des générations d’hier, Pierre Bédiyé émet le vœu de voir le monde paysan se tourner à nouveau par les produits naturels et les mets locaux. Ils ont traversé des époques et ont nourri l’humanité pendant longtemps, apprécie-t-il. Une étude récente dans certains pays de la sous-région, indique-t-il, a révélé que 80% des producteurs utilisent des semences paysannes et seulement 20% viennent des semences dites améliorées. L’espoir est encore permis, assure-t-il aux forains qui, comme lui, font confiance à la nature et voudraient demeurer en symbiose avec elle pour préserver la santé et le bien-être des générations actuelles et futures.