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Avortements non sécurisés: Alerte, danger !

Société
Alerte, danger ! Alerte, danger !

Les jeunes filles n’ont plus peur de se faire avorter aujourd’hui. Elles s’y adonnent en toute connaissance de cause, bafouant la règlementation en la matière. 

Par   Astride LANTEFO (Stag.), le 13 sept. 2023 à 08h16 Durée 3 min.
#Avortements #Alerte, danger !
L’avortement non sécurisé est l’une des principales causes de décès maternel et de morbidité dans le monde. Plusieurs rapports de l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) l’attestent. Que l’on soit spécialiste de la santé ou pas, c’est une réalité connue de tous. 
« L’avortement est un problème de santé publique. En tant que tel, la question est à prendre avec délicatesse et sérieux », relève Bruno Montcho, sociologue. Encore faut-il cerner les contours de cette pratique. 
Bérenger Amadji, gynécologue, explique : « Un avortement est dit non sécurisé lorsque cela est fait dans des conditions qui ne respectent pas les règles minimales de la médecine. Par exemple, lorsqu’il est pratiqué par des personnes non qualifiées, dans un environnement non conforme aux normes médicales minimales ou les deux ». 
Selon lui, l’avortement en lui-même est un acte à bannir parce qu’il bafoue les valeurs morales et humaines. Mais des exceptions existent et c’est une pratique qui est désormais encadrée par la loi. « Certes, pour des raisons données, la loi autorise la femme à aller se faire avorter. Mais cela ne suffit pas pour promouvoir l’acte », nuance le gynécologue. 
Hélas, en dépit du cadre juridique favorable, certaines femmes continuent de se faire avorter clandestinement. Une pratique qui expose beaucoup plus les femmes aux menaces, avec notamment des risques de décès ou de survenue de nombreuses pathologies. 
«Malgré le fait que l’avortement soit reconnu et légalement autorisé, les médecins ne sont pas encore suffisamment emballés sur la question. C’est pourquoi, certaines femmes contournent la médecine pour se faire avorter»; c’est le point de vue du sociologue Bruno Montcho. 
Sur la question de la dangerosité des avortements clandestins et des complications possibles, le gynécologue se veut prolixe: « Ce sont essentiellement des complications au cours de l’avortement. Ça peut être des infections, des hémorragies pouvant conduire à la septicémie, la péritonite, des complications traumatiques qui regroupent les traumatismes du vagin, du col, de l’utérus lui-même et des organes intra abdominaux. Et lorsque l’avortement se complique, cela peut entrainer la mort de la patiente, ou son infertilité», avertit-il.

Renforcer la sensibilisation

Des jeunes filles s’y adonnent au péril de leur vie, parce qu’elles manquent d’informations suffisantes sur les dangers auxquels elles s’exposent.  « J’ai avorté mon premier enfant quand j’avais 16 ans, car je n’étais pas mentalement et financièrement prête à avoir un bébé à l’époque. Par peur de mes parents, des représailles et de la stigmatisation, je me suis tournée vers une femme qui disait savoir comment le faire. L’avortement m’a provoqué une infection », confie une jeune étudiante, la vingtaine. 
Bien que consciente du risque de l’opération et de l’équipement douteux, elle s’y est adonnée pour se débarrasser du fœtus. « Je savais que les outils dont s’était servie mon avorteuse n’étaient pas suffisamment stérilisés, mais je n’avais pas d’autres alternatives », confie-t-elle. 
Trois années après cet épisode, la jeune étudiante a mûri et peut maintenant prodiguer des conseils. « Il urge de trouver un moyen d’éviter les avortements non sécurisés afin de réduire le nombre de femmes qui souffrent de diverses pathologies liées à cet acte ».
Pour ce faire, Bérenger Amadji, gynécologue, mise sur la promotion des méthodes contraceptives dans le rang des jeunes filles et des femmes. « Je préconise aux femmes de se rendre dans les services de planification familiale afin d’avoir des informations utiles relatives aux méthodes de contraception qui leur sont adaptées, et de les appliquer ». Selon lui, cette démarche aidera à réduire considérablement les grossesses non désirées et leur corollaire : les avortements clandestins. Bruno Montcho pense que pour arrêter la saignée, il faut attaquer le mal autrement. Il exhorte notamment les mères à porter une attention particulière à l’éducation de leurs filles. Au demeurant, Dr Bérenger Amadji fait observer qu'il ne suffit pas de légaliser l’avortement pour que les femmes en abusent.