La Nation Bénin...
Un panel consacré au financement du
développement de l’Afrique a marqué la première journée de la 7e édition du
Benin Investment Forum, ce jeudi 8 mai à Cotonou. Les échanges, ponctués par
l’intervention de Serge Soglo, directeur général de MTN Mobile Money Bénin, ont
mis en lumière l’urgence d’innover pour mieux financer les économies
africaines.
Le financement du développement en Afrique
doit s’intensifier. C’est la conviction partagée par les panélistes réunis ce
jeudi 8 mai à Cotonou autour du thème : « Financer l’avenir : vers une
architecture financière adaptée à l’Afrique». Au cœur des discussions,
l’inclusion financière, la mobilisation de l’épargne locale, le rôle
structurant des zones économiques spéciales, ainsi que la digitalisation et
l’innovation des produits financiers. À ce sujet, MTN joue un rôle de premier
plan. « Nous croyons fondamentalement que le Bénin doit être un pays où
l’éducation couvre l’apprentissage de l’épargne », a martelé Serge Soglo,
directeur général de MTN Mobile Money Bénin. Il insiste sur l’importance de
développer une culture de la prévoyance financière.
En partenariat avec certaines banques, MTN
Bénin a déployé une solution d’épargne accessible via téléphone mobile. Ainsi,
plusieurs centaines de milliers de Béninois y ont souscrit. Mais l’innovation
ne s’arrête pas là. MTN Mobile Money a lancé un produit de crédit mobile
baptisé Prêt
Xpress, qui a séduit plus d’un million de
clients en un an. « Nous avons décaissé neuf millions de crédits en douze mois.
C’est une révolution silencieuse», a souligné Serge Soglo. Ce produit permet à
tout Béninois, sans formalités lourdes, d’obtenir un prêt instantané, parfois
pour des besoins élémentaires comme se nourrir avant de se rendre au travail.
Sur le plan sécuritaire, il a insisté sur
la responsabilité partagée entre opérateurs et utilisateurs, en évoquant les
campagnes de sensibilisation contre la fraude, le recours à l’intelligence
artificielle pour détecter les tentatives suspectes, et la collaboration avec
les autorités. « Nous voulons faire beaucoup plus pour encore mieux protéger le
client, tout en continuant à le sensibiliser sur son rôle », a-t-il assuré.
Vers un écosystème élargi
« Il faut aller au-delà des banques, développer un environnement d’acteurs multiples capables de financer tous les maillons », estime Vincent Arthur Floreani, représentant pays de la Société financière internationale (IFC) au Bénin. Selon lui, la mobilisation de l’épargne locale passe par la construction d’une infrastructure de marché solide, des transactions démonstratives et une démocratisation de l’accès aux produits financiers. Il a annoncé la seconde phase du programme de développement des marchés de capitaux de l’IFC dans l’UEMOA pour début 2026.
Robert Masumbuko, responsable pays de la
Banque africaine de développement (BAD), a mis en évidence les flux déjà
mobilisés par le Bénin grâce à des instruments innovants. « Plus de 500
millions de dollars ont été injectés dans la zone industrielle de Glo-Djigbé
(GDIZ). En trois mois, 350 millions d’euros ont été mobilisés pour d’autres
investissements. Cela montre que notre système devient attractif », a-t-il
expliqué.
Letondji Béhéton, directeur général de la
Société d’investissement et de promotion de l’industrie (SIPI), a mis en
lumière le rôle structurant des zones économiques spéciales, à l’instar de la
GDIZ, comme levier d’organisation des projets industriels et d’attraction des
capitaux à long terme.
Enfin, Paulin Hazounmè, directeur
financier de la Caisse des dépôts et consignations du Bénin, a rappelé les
piliers d’un système financier résilient : des fonds propres solides, la
discipline du marché et une situation prudentielle saine. Il a ajouté un
facteur nouveau et déterminant: la digitalisation. « Le modèle économique des
caisses de dépôt doit intégrer cette capacité à innover pour répondre
efficacement aux défis du financement du développement», a-t-il insisté.
Ce panel du Benin Investment Forum 2025 a permis de tracer les contours d’une nouvelle architecture financière à la fois inclusive, innovante et résiliente pour l’Afrique.